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Le parti au pouvoir affaibli

Les faits : Au plus fort de la crise économique, un scandale de corruption, qui risque de mettre en difficulté le parti conservateur au pouvoir en Espagne, a rebondi cette semaine avec des accusations d'un ancien trésorier aujourd'hui en prison et qui dit avoir remis de l'argent liquide au numéro deux du Parti populaire au pouvoir. La mise en cause, Maria Dolores, a nié ces faits qui avaient poussé les Espagnoles, en début de cette année, à demander la démission du Premier ministre, Mariano Rajoy.

Le parti au pouvoir affaibli
Le Premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, risque de payer le prix politique de cette affaire de corruption.

Luis Barcenas, le trésorier du Parti populaire, a réaffirmé vendredi dernier, lors d'une déposition diffusée partiellement par la télévision, avoir remis en espèces des milliers d'euros non déclarés à des dirigeants du Parti populaire. L'occasion lui en a été offerte par un procès en diffamation que lui a intenté le numéro deux de la formation, Maria Dolores de Cospedal. Des observateurs avaient averti qu'une telle contre-attaque risquait de faire plus de mal que de bien en remettant le scandale à la une des journaux.
Cette affaire de fonds secrets et de corruption avait mis en colère de nombreux Espagnols et suscité des appels à la démission du Premier ministre Mariano Rajoy au moment où il cherche à faire sortir son pays, quatrième économie européenne, d'une profonde crise économique.

«De l'argent remis en main propre»

«J'ai de ma main remis des fonds à Mme Cospedal» dans son bureau en 2008, a affirmé Luis Barcenas lors d'une déposition par lien vidéo depuis la prison madrilène où il est détenu pour une autre affaire de détournement de fonds.
Le scandale avait éclaté en janvier dernier, quand un journal avait publié des notes manuscrites de Barcenas, supposées illustrer des versements provenant d'un fonds secret.
Lors d'une déposition en juillet, l'ex-trésorier avait cité M. Rajoy et Mme Cospedal, secrétaire générale du Parti populaire, parmi les destinataires de cet argent. Le Premier ministre a démenti que lui-même ou d'autres responsables du parti aient reçu des versements illégaux et repoussé les appels à la démission.
Un juge a interrogé Mme Cospedal, mais n'a pas estimé nécessaire d'entendre M. Rajoy.
L'affaire avait disparu des médias ces dernières semaines avant de redémarrer avec le procès de Mme Cospedal contre M. Barcenas. La dirigeante conservatrice est en colère d'être éclaboussée par ce scandale alors qu'elle avait piloté des réformes visant à plus de transparence dans son parti, a relevé Fernando Vallespin, chercheur en sciences politiques à l'Université autonome de Madrid.
Le principal quotidien espagnol de centre gauche, «El Pais», a rapporté que les responsables du Parti populaire étaient «ahuris» par la décision de Mme Cospedal de poursuivre Barcenas, décision qui a débouché sur un spectacle «dévastateur pour l'image du parti».
Sa démarche est «en rupture complète avec la stratégie du PP et du Premier ministre consistant à ne rien dire de l'affaire Barcenas et de chercher à la faire oublier», estime le quotidien.

Démenti de Maria Dolores

Déposant vendredi, Mme Cospedal a démenti les affirmations de Barcenas selon lesquelles elle aurait reçu de lui deux enveloppes contenant 7 500 euros chacune en 2008. De son côté, le journal conservateur «El Mundo» a relevé qu'elle n'avait pas dit clairement si d'autres membres du parti avaient pu ou non accepter de tels versements, ce qui «intensifie les soupçons et relance le scandale» au sein du PP.
Barcenas a été arrêté en juin dernier. Il est soupçonné d'avoir détenu 47 millions d'euros sur des comptes bancaires secrets en Suisse. Une autre enquête judiciaire porte sur des irrégularités financières au sein du Parti populaire, s'étendant sur une vingtaine d'années. «Cela ne se terminera jamais tant qu'on n'aura pas une décision judiciaire ferme», a dit M. Vallespin. «Je ne pense pas qu'il puisse y avoir d'autres condamnations à part celle de Barcenas. Le parti survivra aux poursuites judiciaires», mais M. Rajoy peut payer un prix politique, si le tribunal confirme des irrégularités financières au sein du Parti populaire et si sa décision arrive en période électorale, pense l'analyste. Les prochaines législatives sont attendues seulement en 2015, mais en Espagne, les affaires judiciaires complexes durent parfois plusieurs années.

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