La circoncision est le destin des mâles musulmans. Elle est enracinée dans les mœurs de tous les Marocains. Cette pratique, qui consiste en l’ablation totale ou partielle du prépuce, trouve son origine dans de nombreux Hadiths. «La circoncision pour les Marocains est avant tout une appartenance à l’Islam, à savoir la puissance intégrative du sacré “J’ai fait intégrer mon fils dans l’Islam, et c’est l’essentiel pour moi”, disent la plupart des parents. C’est aussi un changement de statut, ce qui nous a paru prépondérant dans les discours des familles à l'occasion de la fête de la circoncision. En effet, l’enfant, une fois circoncis, se transforme en géniteur et par la même devient maître des fonctions masculines : pour les Marocains, la circoncision permet à l’enfant de devenir un “homme”.
La circoncision en tant que rite de passage a pour but de promouvoir et symboliser la pleine acceptation des rôles sexuels socialement prescrits», indique Mohssine Benzakour, psychosociologue. Et de poursuivre : «La circoncision est également, pour les Marocains, une façon de respecter la tradition ce qui signifie l’obéissance aux valeurs sociales et morales de la société. Autrement dit, pour le garçon, cela signifie s’inscrire dans une filiation au niveau social. L’enfant est le médiateur qui prolongera la vie du groupe en tant que tel et on l’aide autant que faire se peut. Ainsi, pour la première fois, le garçon “voit” et “sent” ce qu'est la famille, il va devenir l’espoir du groupe qui porte sur lui l’assurance de son avenir. Enfin, célébrer la circoncision est aussi une occasion pour les Marocains de faire la fête». Si tous les garçons marocains passent par cette expérience, il est sûr et certain qu’ils ne la vivent pas tous de la même manière. Certains parents circoncisent toujours leurs enfants de façon traditionnelle chez «lhajjam», une sorte de barbier polyvalent qui pratique indifféremment l’arrachage de dents, les saignées et la circoncision.
Bien que cette méthode traditionnelle ait été efficace pour un grand nombre de garçons, elle peut souvent être dangereuse si les conditions d’hygiène ne sont pas respectées. «La circoncision est un acte chirurgical qui doit obéir aux mêmes règles de tout acte opératoire sans oublier qu'il s'agit généralement d'un enfant non malade et qu’aucun risque n'est permis. Chez le barbier, ce qui implique aussi les cabinets infirmiers et de médecine, beaucoup de normes sont non respectées, avec un risque accru d'infection, d’hémorragie, voire même des accidents graves allant jusqu'aux sections de verges. En milieu hospitalier, tous ces risques sont quasi nuls en raison de la prise en charge pluridisciplinaire. C’est, en effet, la meilleure sécurité pour l’enfant», explique Dr Sâad Bennis, urologue. «En clinique, l'acte opératoire ne dure que 15 minutes sous anesthésie générale légère. L’enfant est endormi puis réveillé instantanément.
Il pourra quitter la clinique, par sécurité, deux heures après l'acte sans pansement avec des soins locaux pendant une semaine. Par ailleurs, il est préconisé de ne pas pratiquer la circoncision avant cinq ou six mois sous anesthésie générale sauf pour des raisons forcées ou pour urgence médicale. En effet, la circoncision devient nécessaire et absolue sans délai uniquement lorsque surviennent des infections urinaires sévères et répétées mettant en péril l'appareil rénal ou lorsqu'il est impossible de décalotter le gland ce que l'on appelle un “phimosis”. Dans ce cas (quand l’enfant a moins de 5 mois), l’opération sera alors réalisée sous anesthésie locale. De toutes les façons, quand les conditions d'hygiène sont respectées, l'enfant s'en remet après 48 heures», ajoute Dr Bennis.
