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Quand le harcèlement vire au cauchemar

Lundi dernier, Dar America à Casablanca accueillait la première du film «Les Marocains brisent le silence à propos du harcèlement sexuel», conçu et réalisé par de jeunes Marocains membres de l’ONG Global Girl Media. Réalisé avec le soutien du consulat général des États-Unis, ce documentaire expose le problème du harcèlement sexuel au Maroc et donne la parole à celles qui le vivent au quotidien.

Quand le harcèlement vire au cauchemar
Le documentaire démarre, une à une des jeunes filles défilent devant la caméra et racontent leur quotidien.

Quoi de mieux qu’une petite introduction musicale pour démarrer la soirée ? C’est tout en délicatesse que Fatima Ezzohra Boutayeb s’est emparé du micro, quelques minutes avant la projection. Guitare à la main, la jeune femme a ébloui le public de sa voix suave et profonde. À l’honneur dans ses chansons, la femme, si majestueuse et pourtant si malheureuse. Un malheur venu tout droit du sexe opposé, cet individu fait de chair et d’os qui maltraite son semblable féminin et le traite comme s’il n’était rien.

Après la musique viennent les mots, ceux de Brian Shukan, consul général des États unis à Casablanca : «Le harcèlement sexuel est un sujet qui me touche particulièrement. Je suis persuadé qu’un pays ne pourra atteindre le progrès tant que la moitié de sa population sera menacé de mauvais traitement. Des milliers de jeunes filles à travers le monde font face à ce harcèlement et c’est notre devoir, à tous, de se mobiliser pour changer les choses», a confié le diplomate.

Le documentaire démarre, une à une des jeunes filles défilent devant la caméra et racontent leur quotidien. Elles racontent comment à huit ans, à douze, à dix-sept ou à vingt ans, elles ont été interpellées dans la rue par des hommes ou des prépubères. Dans les quartiers populaires, sur les lieux de travail, à l’école… il n’y a pas de lieu propice tout comme il n’y a pas de tenue provocante. Les hommes sont nombreux à se défendre en affirmant réagir sous la pulsion de leur virilité, celle d’un mâle affuté et détourné de ses saines pensées à la vue du sexe opposé légèrement vêtu. Il n’en est rien. Trop vêtue ou dévêtue, mariée ou célibataire, jeune ou moins jeune, la femme marocaine n’échappe pas aux dictats de la rue.

La rue, espace public, vous croyez ? «La société marocaine, encore très marquée par le machisme, vit dans une conception selon laquelle les femmes appartiennent à l’espace privé (la maison) pendant que les hommes, eux, détiennent les clés de l’espace public. Ainsi, lorsqu’une femme descend dans la rue, elle investit le territoire de l’homme donnant à ce dernier tous les droits», explique Nouzha Skalli, ancienne ministre du Développement social, de la famille et de la solidarité.

En attendant que les mentalités changent, les femmes continuent de subir et depuis quelques années, elles parlent ! «J’ai l’impression d’aller à la guerre quand je vais dans la rue», «Quand un garçon me harcèle, je me sens salle», «Je n’ose plus sortir dans la rue, je n’ose plus parler aux hommes»…, les témoignages se suivent et se ressemblent, tous dépeignent des hommes irrespectueux, grossiers, bourreaux de la gent féminine. Comment éradiquer le problème ? Où trouve-t-il sa source ? Probablement au sein de la famille et de l’école, là où les esprits se façonnent et s’enrichissent. Et peut-être aussi dans la rue, dénouée de lois pour protéger les femmes. 

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