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Pourquoi choisissent-ils de quitter le Maroc ?

Les faits : Beaucoup de personnes quittent leur pays pour aller se réfugier dans un autre : on les appelle les migrants. Ces migrations ne sont pas un phénomène nouveau.

Pourquoi choisissent-ils de quitter  le Maroc ?

Parmi les Marocains restants dans le pays, 42% souhaiterait prendre le large selon une enquête réalisée par l’agence européenne ETF en collaboration avec l’Association marocaine d’études et de recherches sur la migration (AMERM).
Il semble que les motivations des nationaux à quitter le territoire soient très variées. La première raison est essentiellement économique : le migrant pèse les avantages et les inconvénients, les coûts et les bénéfices et va là où les salaires sont les plus élevés. Il choisit le pays qui lui offre les meilleures conditions et, éventuellement, il déménage ailleurs lorsqu’il apparaît qu’il a fait le mauvais choix.

Après la cause économique vient un autre facteur d’attraction : l'image de la réussite sociale que renvoie l'immigré de retour au pays pendant ses vacances annuelles et ses récits dosés de mythomanie.
Cette image conforte l’idée que certains se font de l’Occident, cet Eldorado (comme ils l’appellent), largement médiatisée par la télévision. La décision d’émigrer devient alors une véritable affaire de famille. Dans ce cas, ce n’est pas l’individu qui fait le choix de partir, mais sa famille, qui veut échapper à l’incertitude financière. «Mon père est parti travailler en Amérique et envoyait une bonne partie de son salaire pour que nous puissions vivre “à l’aise”, ma mère, mes sœurs et moi. C’était le temps d’avoir assez d’argent pour nous acheter une maison. Mais il est décédé là-bas avant de pouvoir réaliser son projet», se souvient douloureusement Badr.

Pour d’autres encore, les phénomènes de migration sont liés à l’action des pays industrialisés qui ont besoin de main-d’œuvre et qui vont la chercher là où elle est disponible. Ce qui est vrai de ces quelques métiers qui demandent de fortes compétences l’est aussi et surtout des métiers peu qualifiés. En effet, il y a des métiers que les habitants des pays développés ne veulent plus exercer et qui sont cependant nécessaires. «J’ai la passion du social. J’ai toujours voulu m’occuper des personnes âgées. Au Maroc, ce métier n’est pas très valorisé, voire peu répandu et surtout mal payé. En France, la demande est importante et on n’exige pas forcément d’avoir fait de grandes études. J’ai juste voulu faire le métier qui me passionne depuis toujours», affirme Alae.

D’autres émigrent pour une meilleure prise en charge sociale et une couverture médicale. «Dans la famille, nous portons tous des lunettes, ce qui représente déjà une lourde charge, car la mutuelle ne rembourse pas grand-chose. Mais l’élément déclencheur de notre départ a été l’entrée en dialyse de mon époux. Il nous fallait absolument une bonne couverture», témoigne Malika.
Enfin, il y a bien sûr les étudiants qui souhaitent valider leur cursus à l’étranger. «Mon père m’a envoyé chez un oncle en France. J’avais alors douze ans. Je ne parlais pas très bien français et l’adaptation n’a pas été facile… J’ai dû redoubler plusieurs fois. Mais aujourd’hui, j’ai un diplôme en poche !», raconte Mohamed.

Où se concentrent essentiellement les MRE ?

On sait maintenant quelles raisons poussent nos concitoyens à quitter le territoire, mais où vont-ils ? Selon le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, qui intervenait en mai dernier devant la Chambre des conseillers, 80% des MRE se répartissent entre la France, l'Espagne, l'Italie, la Belgique, les Pays-Bas et l'Allemagne.
En effet, historiquement, la France a toujours été la première terre d’accueil des Marocains. Selon le rapport du ministère des MRE sur l’année 2012, 1 146 652 Marocains y ont élu domicile. Vient ensuite l’Espagne, la terre des «nordistes», qui en compte 671 669, puis l’Italie (486 558), la Belgique (297 919), les Pays-Bas (264 909), l’Allemagne (125 954) et un peu plus en bas du classement, l’Angleterre (26 191).
Bien que les Marocains se concentrent essentiellement en Europe, on en retrouve aussi quelques-uns outre-Atlantique, comme aux États-Unis, où ils sont 33 047. Le Canada a lui aussi la cote et comptabilise pour sa part 53 707 Marocains. Mais pour certains, il n’est pas nécessaire de traverser la mer quand on peut se rendre chez le voisin. Ainsi, l’Algérie et la Tunisie totalisent respectivement 45 451 et 30 635 MRE.
Si ces destinations ne choquent personne, il en est d’autres qui peuvent surprendre. En effet, aujourd’hui les Marocains cherchent l’Eldorado ailleurs et s’orientent vers des destinations peu fréquentées auparavant, comme les pays d’Asie et d’Océanie, mais aussi l’Afrique du Sud.

De l’illusion à la désillusion

L’émigration est un projet économique coûteux. C’est pourquoi les candidats à l’émigration s’efforcent de mobiliser tous les moyens familiaux en vue de réaliser ce projet. Des prêts ou des hypothèques sont parfois souscrits par le candidat lui-même ou ses parents. D’autres vendent des bijoux de famille, du bétail ou s’endettent.
Mais de l’autre côté de l’Atlantique, ou de la Méditerranée, l’Eldorado ne reste qu’utopie. Ce qui explique en partie pourquoi certains d’entre eux acceptent d’occuper des travaux pénibles et socialement indésirables par les autochtones ; leur première préoccupation étant de rembourser les dettes accumulées.
Certains même sont amenés aujourd’hui à rentrer chez eux après dix ou vingt ans de résidence, voire plus. Pourquoi ? Tout simplement parce que les écarts de salaire entre leur pays d’accueil et leur terre natale ont diminué ou que le coût de la vie dépasse leurs moyens.

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