Pour la septième année consécutive, l’Association théâtre Lixa a donné rendez-vous aux amateurs de théâtre à Larache. Durant près d’une semaine, les festivaliers ont pu se régaler d’une programmation diversifiée. Quelques-unes des plus belles pièces jouées au Maroc ont été proposées au public, on retiendra notamment «Larmes au Khôl» de la troupe Anfass, une pièce écrite par le dramaturge Issam El Yousfi qui retrace le parcours exceptionnel de quatre personnages au destin brisé. «Larmes au Khôl» s’intéresse à la question des relations humaines et privilégie la thématique de la femme dans la société marocaine en mettant en scène trois femmes blessées par la vie.
À travers l’histoire de ces trois femmes, Issam El Yousfi fait échos au vécu de milliers de Marocaines qui souffrent en silence d’un conditionnement socioculturel imposé par la société.
Toujours dans le même registre, le festival a proposé une représentation de la pièce «Hadda» de la troupe Dabathéâtre. La pièce, signée Jouad Essounani, fait passer le spectateur du rire aux larmes en racontant l’histoire de Hadda, une petite fille innocente devenue kamikaze. Violée et reniée par ses parents, Hadda sombre dans la prostitution avant de devenir la quatrième épouse d’un «fquih» qui se fera finalement prendre lors d’une arrestation de «barbus» post-11 septembre. Un parcours tragique qui remet en cause le statut de la femme dans la société marocaine et plus généralement, dans le monde arabe.
Alors que le divertissement dominait largement la scène artistique marocaine, l’art engagé, entrepris il y a quelques années, commence enfin à prendre de l’ampleur. Avant-gardistes et brillantes, les femmes ont saisi l’occasion pour s’emparer du théâtre et en faire, leur nouveau territoire d’expression.
«Hadda», «Larmes de Khôl», mais aussi «Dialy», l’adaptation marocaine des «Monologues du vagin» par la compagnie du théâtre Aquarium ou encore «À mon âge, je me cache encore pour fumer», mise en scène par Adil Madih, des pièces bouleversantes, inspirées d’une réalité, celle des femmes restées silencieuses pendant longtemps, trop longtemps. Victimes des hommes et de la culture machiste qui règne sur le monde arabe, victimes de la société et de la politique du «qu’en dira-t-on ?» les femmes osent monter sur scène pour réclamer la fin de cette séquestration morale.
