Le scénario de Veolia à Rabat et Tecmed à Tétouan n’est pas près de se reproduire pour Pizzorno à Casablanca. C'est ce que laisse croire Gérard Prenant, directeur Maroc de Segedema, filiale du groupe français Pizzorno Environnement dont le contrat de concession avec Casablanca expire en février prochain.
«La situation s'est nettement améliorée depuis que nous avons fixé avec les communes le montant et les échéances des impayés que nous avons étalées sur une période de deux à quatre ans», a-t-il déclaré lors d'une réunion restreinte avec la presse. Est-ce une manière de dire que l'entreprise maintient ses ambitions sur ce marché pour le moins juteux ?
Implantée au Maroc depuis 1997, Segedema est le premier opérateur marocain dans le secteur du traitement des déchets dans les décharges contrôlées, avec quatre centres d'enfouissement technique (CET) et le deuxième opérateur dans la collecte des déchets ménagers avec douze exploitations de collecte, avec un périmètre totalisant 3 millions d’habitants. Présente sur plusieurs villes (Casablanca, Rabat, Marrakech, Meknès, Kénitra, El-Jadida, Sidi Bennour, Azemmour et Témara), la société gère quelque 700 000 tonnes de déchets par an et emploie 3 000 salariés, dont 800 agents communaux. «Depuis notre implantation au Maroc, nous avons misé près de 500 millions de DH, mais l’année dernière, cette année et l’année prochaine, nous avons décidé de ne pas investir».
La priorité pour Segedema est de faire rentrer l'argent qu'elle a dehors. Rappelons que le gestionnaire délégué a rencontré ces dernières années d'importants problèmes d’impayés avec la commune de Casablanca. Ce qui lui aurait coûté quelque 12 millions de DH chaque année, selon Gérard Prenant.
Par ailleurs, la filiale de Pizzorno Environnement dit aussi avoir été exposée à un «danger» fiscal.
«Nous avons eu un redressement fiscal très important en 2012 uniquement parce que nous avons exécuté à la lettre des conventions signées par l’État marocain, par les communes et par les percepteurs.
Des conventions qui définissent clairement, dans les bordereaux des prix, que la masse salariale des communaux est enlevée des factures des prestations avant l’application de la TVA. Ce qui n’est pas appliqué par le Fisc qui nous oblige à payer la TVA sur la masse salariale communale. Cette décision nous a coûté 35 millions de DH en 2012», se désole le DG de Segedema.
Pour rappel, Pizzorno a réalisé en 2012 un chiffre d’affaires de 320 millions de DH/HT. «Toutes nos activités au Maroc représentent un peu moins de 15% du chiffre d’affaires du groupe», souligne Prenant. Mais si la gestion déléguée a souvent fait preuve de défaillances dans le Royaume, certaines villes arrivent à tirer leur épingle du jeu.
«Le contrat qui nous lie depuis sept ans avec la ville de Marrakech est un parfait exemple à souligner. Très bonne satisfaction de nos clients, climat social très calme, mais surtout une flotte très bien entretenue et en très bon état».
