Menu
Search
Mercredi 24 Avril 2024
S'abonner
close
Mercredi 24 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Actions

Boulif face à la colère des conseillers

Les faits : La décision d’indexation des prix des produits pétroliers sur le cours mondial continue de susciter des remous au sein de l’institution législative. Après les députés, les conseillers ont épinglé le ministre des Affaires générales et de la gouvernance, vendredi dernier, au sein de la commission des finances, des infrastructures et de la planification.

Boulif face à la colère  des conseillers
En matière d'indexation, les conseillers critiquent l'approche technique adoptée par le gouvernement au dépens de l'approche sociale et politique.

La décision d’indexation des prix des produits pétroliers sur le cours mondial continue de faire des vagues au Parlement. À l’instar des députés, les parlementaires de la Chambre des conseillers ont épinglé le gouvernement pour cette prise de décision unilatérale. En effet, les interventions des différents groupes parlementaires, vendredi au sein de la commission des finances, des infrastructures et de la planification, ont été on ne peut plus musclées.

L’Istiqlal a saisi le ballon au bond pour décocher ses flèches au gouvernement. Le président du groupe de l’unité et de l’égalitarisme Mohamed Ansari a tenu à rappeler en premier lieu les mises en garde du parti de la balance lorsqu’il faisait encore partie de la majorité : «Notre mémorandum adressé au gouvernement comportait des alternatives qu’il fallait prendre en compte pour éviter toute hausse des prix. Mais, malheureusement, nous n’avons pas trouvé une oreille attentive auprès du gouvernement».
Dans une déclaration au «Matin», M. Ansari reproche au ministre des Affaires générales et de la gouvernance, Mohamed Najib Boulif, d’avoir opté pour une approche plutôt technique, alors que le gouvernement de Abdelilah Benkirane devait ériger l’approche sociale en priorité. Même son de cloche chez bon nombre de conseillers qui ont estimé que le responsable gouvernemental s’est contenté d’un exposé technique et rigide, reposant sur des chiffres qui ne reflètent pas la réalité, alors que les attentes sont plutôt politiques et sociales.

En dépit des arguments brandis par Najib Boulif pour rassurer les parlementaires, ces derniers ont affiché leur scepticisme. C’était le cas de Lhou  Marbouh qui se dit «perplexe» face aux déclarations rassurantes du responsable gouvernemental tandis que «l’arithmétique est implacable et l’impact sur le citoyen est certain.»
Tout comme les représentants, les conseillers ont reproché au gouvernement sa prise de décision unilatérale alors que la Constitution a consacré le principe de la concertation entre le gouvernement et les différents partenaires tant économiques que sociaux. «Hélas, jusque-là, ce principe est délaissé», estime le conseiller de la FDT Larbi Habchi qui a tenu à souligner que le gouvernement aurait dû, avant de prendre une décision d’une telle ampleur, discuter avec le Parlement des tenants et des aboutissants.
Les mesures d’accompagnement s’avèrent insuffisantes aux yeux des parlementaires. «Et même celles ayant trait au secteur du transport urbain ne sont pas encore effectives», ont-ils relevé. Les conseillers ont, ainsi, tiré la sonnette d’alarme, signalant que les prix ont déjà commencé à augmenter. Ils ont tancé le gouvernement pour son optimisme, alors que les chiffres publiés par le Haut Commissariat au Plan sont inquiétants et sans équivoque.

Le ministre des Affaires générales s’en défend en remettant en cause la crédibilité des approches scientifiques basées sur des hypothèses. Il a, en effet, mis en doute les résultats ainsi que le timing de publication (le 17 septembre) de l’étude réalisée par le HCP relative à la simulation d’impact de l’indexation des prix de certains produits pétroliers. Ce point de vue a été très contesté par les parlementaires qui ont indiqué que cette attitude consistant à mettre en doute des données d’un organisme officiel donne un mauvais signal aux investisseurs étrangers.

Mais quoi qu'il en soit, le gouvernement entend poursuivre sa politique en matière de gestion des subventions des produits pétroliers. La mesure de l’indexation partielle des prix des carburants rentre dans le cadre de la réforme globale de la Caisse de compensation qui tarde à voir le jour depuis des années. Le Maroc s’achemine progressivement vers l’application de la vérité des prix, selon le ministre des Affaires générales et de la gouvernance Mohamed Najib Boulif. Les charges de la compensation pèsent, dit-il, de plus en plus sur le budget de l’État, atteignant, en 2012, 6,2% du PIB. «C’est presque le même niveau consacré par certains pays pétroliers, notamment l’Algérie, dont le taux de la subvention est de 5,8% du PIB», relève-t-il. n             

Lisez nos e-Papers