«Pour la première fois de son histoire, l'OMC a vraiment tenu ses promesses», a lancé le directeur général de l'organisation, le Brésilien Roberto Azevedo, juste après l'approbation officielle du texte par les ministres des 159 États membres réunis sur l'île indonésienne de Bali. «Nous avons remis le mot “mondial”» dans l'Organisation mondiale du commerce», a-t-il ajouté, avant de marquer une longue pause pour retenir ses larmes. Le directeur a estimé que l'accord de Bali était un «pas important» vers la réalisation du vaste programme de libéralisation des échanges commerciaux lancé en 2001 dans la capitale du Qatar, Doha, mais resté jusqu'à présent lettre morte.
L'OMC a évalué à 1 000 milliards de dollars la richesse que «le paquet de Bali» permettra de créer, avec à la clef des millions d'emplois. «Bali marque une nouvelle aube pour l'OMC», a ajouté le ministre indonésien du Commerce, Gita Wirjawan, président de la réunion. «C'est une réussite historique, qui va représenter un véritable stimulus à un moment où croissance et emploi sont apathiques», a-t-il ajouté. «Aujourd'hui, nous avons sauvé l'OMC et le paquet de Bali», a pour sa part déclaré le commissaire européen au Commerce Karel De Gucht dans un communiqué publié à Bruxelles.
Pour le Premier ministre britannique, David Cameron, cet accord «historique» pourrait être une «planche de salut» pour les plus démunis de la planète. La France, par la voix de sa ministre du Commerce extérieur, Nicole Bricq, a salué samedi un accord «déterminant» qui, selon elle, «ouvre une nouvelle page du système commercial multilatéral».
Néanmoins, l'accord de Bali ne répond pas aux espoirs et ambitions de l'OMC d'une abolition globale des barrières douanières, exprimés tout au long des douze années de négociations infructueuses à Doha. L'accord conclu samedi représente moins de 10% du vaste programme de réformes lancé à Doha, mais de nombreux responsables avaient dit craindre pour l'avenir même de l'OMC, et du multilatéralisme en général, en cas d'échec à la ministérielle. L'accord de Bali a été atteint à l'arraché, après une série de retournements qui ont fait croire à plusieurs reprises que tout espoir d'entente était perdu. L'Inde a d'abord marqué son opposition, exigeant de pouvoir accroître ses subventions agricoles, avant d'accepter un compromis de dernière minute.
