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« Nous négocions un contrat pour un nouveau site au Maroc de 23 millions d’euros »

Le groupe allemand Leoni négocie avec un constructeur automobile américain – Ford ou Chrysler – pour devenir son fournisseur de câbles à partir de Casablanca. S'il décroche ce marché, il devra monter une nouvelle usine. Leoni négocie également des marchés d’énergies renouvelables, son nouveau champ d’activité. Explications de Adel Ben-Khaled.

« Nous négocions un contrat pour un nouveau site au Maroc de 23 millions d’euros »
Selon Adel Ben-Khaled, les conditions pour intégrer les énergies renouvelables au Maroc sont favorables.

Le Matin : Quel est votre plus important projet en ce moment ?
Adel Ben-Khaled : Nous sommes sur plusieurs chantiers. Le plus récent est actuellement en négociations avec un constructeur automobile mondial pour devenir son fournisseur de câbles à partir du Maroc.
Les négociations sont dans une phase très avancée et devront aboutir vers un nouvel investissement.

Qui est ce constructeur ?
Au stade où nous sommes aujourd’hui, je ne peux pas dévoiler son nom. Tout ce que je peux vous dire, c’est que c'est un constructeur automobile mondial et qu'il n’est même pas dans le portefeuille clients de Leoni.

Quelle est sa nationalité ?
C’est un industriel américain. Et aux États-Unis, outre General Motors (GM), qui est notre client pour le nouveau site de Berrechid II, il y a Ford et Chrysler.

S’agit-il alors de Chrysler, puisque Ford est déjà client de Leoni ?
No comment.

Vous dites que les négociations sont à un stade très avancé. Que faut-il comprendre ?
En fait, Leoni était en train d’approcher ce constructeur pour entrer dans le panel de ses fournisseurs et lorsque notre groupe l'a invité à visiter un de nos sites, il a choisi le Maroc. Je viens de recevoir une importante délégation d’une dizaine de personnes. Cette délégation est repartie très satisfaite. Les négociations pour décrocher le contrat avancent très bien. Début 2014, nous aurons la confirmation.

Et cela doit donc aboutir à un nouvel investissement au Maroc ?
Nous envisageons de bâtir un nouveau site, une fois que nous aurons le contrat. Selon nos premières estimations, l’investissement nécessitera une enveloppe pouvant atteindre 23 millions d’euros. Près de 3 000 personnes seront recrutées, dont une part importante d’ingénieurs et de techniciens.

Pour le site de Berrechid II, où en êtes-vous ?
Il est en cours de construction. Établi sur 12 000 m², ce site sera notre cinquième au Maroc. Le Core-team ou l’équipe noyau existe déjà. Cette équipe de 50 collaborateurs est en train d’être formée à Leoni Bouskoura sur les prototypes destinés à une nouvelle voiture de notre client GM qui sortira vers novembre 2014. Berrechid II sera opérationnel en série en juin 2014. Nous aurons donc 5 mois pour roder toutes les équipes. Globalement, 1 600 nouveaux collaborateurs seront recrutés dont 400 ingénieurs et techniciens. L’investissement est estimé à 15 millions d’euros.

De quelle marque s'agit-il ?
C’est la nouvelle voiture Opel Corsa. Nous allons travailler pour équiper 1 000 unités par jour. Le fait que le Maroc soit très proche de l’Europe est un facteur clé pour assurer ce volume. En fait, cela nous permet de produire just in sequence (JIS) ou encore just in time (JIT). Les pièces arriveront ainsi sur le site précisément au moment où ils sont nécessaires.

Quelle est la durée de votre contrat avec GM ?
Notre contrat court jusqu’à 2018, mais il est évidemment renouvelable. Par ailleurs, il est prévu à terme de doubler notre production à Berrechid II. PSA et GM sont en effet sur un projet de joint-venture pour produire Opel Meriva et Citroën Xsara sur une même plateforme. Nous sommes en train de faire le Request For Quotation (le RFQ est un dossier demandé par une entreprise à plusieurs fournisseurs potentiels préalablement identifiés sur les estimations des coûts qui seront engendrés pour la réalisation d'un nouveau produit ou une prestation de service, ndlr) pour ces 2 voitures qui vont être produites en Espagne.

Leoni Maroc ambitionne d'intégrer l’industrie des énergies renouvelables. Quels sont les investissements prévus ?
Permettez-moi de rappeler tout d’abord que notre intérêt pour le secteur des énergies renouvelables s’inscrit en droite ligne avec la nouvelle stratégie du groupe Leoni. En 2008-2009, le secteur automobile a connu une importante crise et c’est l’année où Leoni a essuyé des pertes pour la première fois. Depuis, notre direction a commencé à réfléchir aux pistes envisageables pour ne pas être dépendant d’une seule industrie et donc répartir les risques. Les énergies renouvelables collent parfaitement à notre industrie et à nos compétences.
Leoni s’est vite lancé dans ce business. Le groupe a déjà contribué à la réalisation de plusieurs centrales solaires, notamment en Amérique, en Espagne, en Allemagne, en Suisse et en Chine. Au Maroc, nous avons entamé un travail de prospection pour convaincre les investisseurs. Nous sommes en négociation.

Avec qui ?
Nos partenaires prioritaires actuellement sont Masen (Agence pour l'énergie solaire, ndlr) et le consortium mené par Acwa Power qui est chargé de la première centrale d’Ouarzazate, Noor I. Masen compte bien assurer une intégration locale et nous voulons lui dire que sommes là, prêts à relever le défi avec des ingénieurs marocains compétents. Nous suivons de près l’évolution du marché pour approcher d’autres partenaires potentiels. Les conditions au Maroc sont aujourd’hui très favorables avec tous ces chantiers ouverts dans l’éolien et le solaire.

Vous étiez en contact avec les patrons de Masen et d'Acwa Power lors de la quatrième conférence annuelle de Dii organisée les 30 et 31 octobre à Skhirat...
Tous les deux ont compris le support que Leoni peut apporter en termes de local content – intégration locale –, mais aucune décision n'a encore été prise. Je reste très optimiste. Vous serez invité à l´inauguration si Leoni est retenu comme partenaire pour le développement du câblage. Nous pouvons couvrir tous les besoins des centrales marocaines en câbles de qualité sans que le Maroc ait recours à l’importation.
Comptez-vous développer vos activités énergies renouvelables sur un nouveau site ?
Pas nécessairement. Nous pouvons développer ces activités dans des sites qui travaillent aussi pour l’automobile. Nous pouvons, par exemple, y réserver un espace de 2 000 ou 3 000 m².

Quel site est le plus approprié ?
Probablement Bouskoura.

Avec tous ces projets, quelle croissance attendez-vous à court et moyen termes ?
Malgré une conjoncture difficile, nous continuons à progresser. Aujourd’hui, Leoni Maroc, c’est 6 500 collaborateurs et un chiffre d’affaires de 230 millions d’euros. Le fait que nous soyons des fournisseurs de grands constructeurs, dont Renault-Tanger pour les Lodgy et Dokker, nous permet de regarder l’avenir avec confiance. Les nouvelles activités vont, certes, avoir un impact important sur notre chiffre d’affaires, nos emplois et nos investissements. 

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