Aïn Diab est devenue une destination privilégiée grâce aux multiples projets qui y ont vu le jour, comme les nouveaux centres commerciaux ou la réfection de l’esplanade côtière.
Les Casablancais se rendent donc plus souvent dans cette partie de la métropole afin d’effectuer leurs achats ou tout simplement passer un moment avec leurs familles. Une autre construction, moins liée au volet touristique de Aïn Diab, a vu le jour il y a quelques mois. En effet, un pont facilitant l’accès à l’ilot de Sidi Abderrahmane a été mis en place. La structure a cependant suscité la polémique quant à son utilité et son impact sur la population locale.
Beaucoup de Casablancais ont été surpris de voir construire un pont reliant la rive au marabout Sidi Abderrahmane «Moul Lmajmar». Pour certains, l’îlot de Sidi Abderrahmane, perché sur un rocher au bord de l’océan ne pouvait être accessible, à marée haute, que par barque ou à la nage. Avec ce pont, les Casablancais, touristes et curieux, peuvent désormais se rendre sur les lieux à n’importe quel moment de la journée et à n’importe quelle saison. Ils y voient donc un avantage certain.
Mais ce n’est pas le cas de tout le monde. Il y a de cela quelques mois, les visiteurs s’y rendaient à l’aide de petites embarcations en échange d’une somme modique. Un travail qui faisait vivre plusieurs familles, avant la construction du pont. Le pont a mis donc en péril des activités économiques vitales pour les riverains. Les dizaines de personnes qui transportaient les visiteurs de la rive au rocher durant la marée haute n’ont désormais plus les moyens de faire vivre leurs familles. Aujourd’hui, ils ont déserté les lieux.
Dans un autre registre, les pêcheurs locaux souffrent aussi de l’impact de cette nouvelle infrastructure. Le déversement de grandes quantités de sable et d'autres matériaux dans la mer par les constructeurs a fait fuir les poissons. Les filets sont désormais moins remplis qu’auparavant à cause de cette pollution et les pêcheurs peinent à retirer une quantité suffisante de poissons qui pourrait leur garantir un bon revenu une fois vendu.
Toutefois, ces pêcheurs ne sont pas restés les bras croisés face à ces changements. Juste après les travaux, ils auraient créé une association pour pouvoir défendre leurs droits et exiger qu'une attention particulière soit accordée à la pêche traditionnelle de la part de la ville, ainsi qu’une aide qui pourrait leur permettre de continuer à exercer leur métier.
Les habitants, quant à eux, se plaignent des sans-abris qui logent désormais sous le pont durant la marée basse. Ils avancent que le rocher de Sidi Abderrahmane n’était auparavant accessible qu’aux visiteurs, alors qu’après la construction du pont n’importe qui peut y accéder. Et l’insécurité règne donc autour de l’îlot.
