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La perte d’un enfant ne s’oublie pas avec le temps

Les faits : Le 15 octobre célèbre la Journée mondiale du deuil périnatal. Le Maroc compte 12 000 cas de décès infantiles par an soit moitié moins qu’il y a 20 ans. Malgré ces résultats encourageants, des milliers d’enfants meurent encore chaque année.

La perte d’un enfant  ne s’oublie pas avec le temps
Pour montrer son soutien, ou qu'on a perdu un enfant, un symbole a été créé : le ruban rose et bleu, que l'on porte sur ses vêtements à l'occassion de la journée mondiale, le 15 octobre.

Le deuil périnatal constitue, pour les parents qui en sont victimes, un traumatisme important encore assez peu pris en compte par les pouvoirs publics et les personnels de santé. La Journée mondiale de sensibilisation au deuil périnatal, célébrée le 15 octobre, permet de lancer une réflexion sur le cas très particulier des nourrissons morts in utero (fausse couche), mort-nés, décédés quelques heures après l’accouchement ou entre 0 et 5 ans.
Latifa, 31 ans, raconte son expérience particulièrement douloureuse. «J'ai vécu deux fausses couches et j’ai eu un enfant mort-né. Je suis toujours horrifiée de voir la manière dont on traite les femmes vivant cette douleur», confie-t-elle. «Quand j’ai annoncé ma troisième grossesse, on m’a bien évidemment félicitée. On m’a traitée comme un objet fragile. Mais lorsque mon enfant est mort-né, ceux qui disaient être là pour moi ne me soutenaient plus. Ma souffrance dérangeait. “Ne t’inquiète pas, tu en auras d’autres, apprête-toi de nouveau pour ton mari”.

Dès lors, on ne me ménageait plus, j’étais à nouveau relégué au rang de poule pondeuse», poursuit la jeune femme. «On n’a pas le droit d’être triste, enfin pas “trop longtemps”.
On est obligé de sourire pour accueillir la belle-famille qui en a marre de nous voir “faire la tête” et qui commence à douter de notre fécondité : “ressaisis-toi ma fille, si cela continue ainsi, ton homme ira chercher une nouvelle épouse”. Quel réconfort !» s’indigne Latifa. Si faire une fausse couche ou avoir un enfant mort-né est déjà une épreuve difficile, elle l’est d’autant plus lorsque l’enfant décède avant 5 ans.
Les parents ont eu davantage de temps pour s’habituer à lui.
Il fait désormais partie intégrante de leur quotidien et de celui de leurs proches, c’est pourquoi gérer sa perte est une épreuve d’autant plus compliquée.

Ghita raconte l’histoire de son neveu décédé à un an. «J’étais partie rendre visite à ma sœur à l’heure du déjeuner. Mon neveu était assis dans sa chaise, je lui donnais le repas. Je suis partie en cuisine quelques secondes pour aller chercher un couvert. En revenant, je le trouve la tête sur sa tablette, semblant dormir paisiblement.

C’était presque l’heure de la sieste. J’ai trouvé cela mignon et j’ai appelé ma sœur qui l’a pris dans ses bras pour le mettre au lit. Mais son petit corps ne réagissait plus. Le médecin nous a expliqué qu’il s’agissait de la mort subite du nourrisson. C’était un choc».
Alors finalement, comment faire le deuil de ce qui n'a pas existé ? Comment se dire «parent» d'un enfant sans nom ? Comment refaire de la vie après avoir «donné» la mort ?
Selon ces femmes, il n’y a pas de recette miracle, il faut juste donner le temps au temps.
Mais là encore impossible pour ces «mères» de tirer définitivement un trait sur «leur chair». «On a toujours une petite pensée envers cet enfant qui n’est plus. Pour ma part lorsque je regarde mes deux filles, je me dis qu’une troisième devrait être en train de jouer avec elles… Une femme n’oublie jamais...», conclut finalement Souad.

Enfin, pour montrer son soutien aux parents, ou pour montrer qu'on a perdu son nourrisson, un symbole a été créé : le ruban rose et bleu. On le retrouve fréquemment sur les réseaux sociaux, mais aussi de manière moins virtuelle à l'occasion de certaines manifestations. 

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