«La région de Tanger-Tétouan est une place cosmopolite de grande renommée. À la porte de l’Afrique, Tanger surplombe fièrement la Méditerranée, à la rencontre de la mer et de l’océan et à la croisée des chemins entre le Nord et le Sud». Cette présentation du Centre régional d’investissement de la région de Tanger-Tétouan sur les potentialités touristiques reflète plutôt fidèlement le paysage bleu-azur méditerranéen et le vert des montagnes du Rif. Mais cette carte postale s’arrête là où commence l’entassement des ordures qui fait des plages de Martil et de Fnideq de véritables dépotoirs. Ces immondices, qui côtoient parasols et transats des estivants, offrent un spectacle contrastant violemment avec les efforts effectués ces années pour aménager le littoral long de 275 kilomètres.
De Tétouan, à la fois citadine et montagneuse, jusqu’à Fnideq, la voisine de Sebta, défilent les éoliennes qui produisent une puissance totale de 140 mégawatts. Ce parc éolien, inauguré en 2010 a nécessité une enveloppe totale de 2,75 milliards de dirhams. Selon les données fournies par le CRI de Tanger-Tétouan, ce parc permet d’éviter l’émission de 470 000 tonnes de CO2 par an. Un atout qui ne pourra qu’attirer davantage de touristes nationaux et étrangers dans cette région qui dispose, selon le Centre régional d'investissement, d’une capacité hôtelière d’environ 13 000 lits déjà existants, avec un objectif de création de 32 000 lits hôteliers supplémentaires à l’horizon 2015. En plus de ces infrastructures hôtelières, à Martil comme à M'diq ou à Fnideq, des promenades sont aménagés au grand bonheur des familles qui y déambulent jusqu’à une heure tardive de la nuit. Cafés, restaurants, glaciers… jalonnent la route côtière large et éclairée par des lampadaires au design moderne. L’ensemble forme un environnement des plus agréables jusqu’aux abris-bus d’une blancheur immaculée et aux bandes de gazon tondu au millimètre près. D’ailleurs, il n’est pas rare d’apercevoir des ouvrières portant le chapeau typique des femmes du Nord s’occupant à entretenir les carrés fleuris le long de la route reliant Tétouan à Fnideq.
Des canettes et des carcasses de frigo flottantes
Ces promenades, où les tarifs pratiqués par les différents commerces ne sont pas excessivement élevés, sont en général séparées de la plage par un simple muret de quelques centimètres de haut. Une fois cet obstacle franchi, adieu fleurs et gazon, adieu route éclairée et blancheur d’écume. Alors que le touriste s’attend à voir une plage aussi propre que les villages et la route qui les relie, il met les pieds sur un tas de saletés, à Martil comme à Fnideq. Et il faut avoir le cœur bien accroché pour pouvoir résister à l’agression des yeux par les ordures qui semblent avoir pris tout leur temps pour bronzer. Même l’eau de baignade hérite des bouteilles, des canettes, des sacs en plastique et de tout un bric-à-brac abandonné tout le long de l’été par les estivants. L’auteur de ces lignes a même vu, début septembre à Fnideq, une carcasse de frigo qui flottait au gré des vaguelettes et comme les enfants sont toujours débordants d’imagination, ils s’en sont servis comme pédalo. Face à cette insalubrité qui s’étale sur des kilomètres de plage, une seule question s’impose : pourquoi investir tant d’argent, fournir tant d’efforts afin d’aménager routes et promenades et laisser à l’abandon l’élément pour lequel cet investissement a été réalisé, les plages ?
Et pourtant ! Nettoyer une plage ne demande aucun investissement. Comme c’est le cas pour la plage de M'diq prise en sandwich entre deux îlots de saletés. Là, des ouvriers passent une à deux fois par jour et ramassent tout ce que les touristes indélicats laissent comme ordures. Ce simple effort qui ne requiert aucun investissement fait de M'diq une plage propre tout simplement contrairement à Martil et Fnideq.
