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Une influence souvent négative sur les jeunes

Les faits : Une étude canadienne a montré que les troubles du comportement ont augmenté de 300% entre 1985 et 2000 chez des enfants de l’école primaire, âgés de 5 à 11 ans, sous l’influence des médias. Le Maroc n’est pas épargné.

Une influence souvent  négative sur les jeunes
La surveillance des enfants reste l'un des défis les plus stressants pour les parents.

Tous les sondages et toutes les études montrent que les médias ont une influence considérable sur les jeunes et en particulier sur leur développement psychosocial. Cette influence se développe, en outre, à une vitesse vertigineuse et tous les jeunes, sans exception, y sont exposés au point qu’un grand nombre d’entre eux développe une véritable dépendance. «La plupart des jeunes passent plusieurs heures, tous les jours, devant l’écran de télévision, leur ordinateur, leur console de jeux ou leur Smartphone», affirme le Dr Kamal Raddaoui, vice-président du Conseil mondial de psychothérapie. Avant de cracher dans la soupe, soulignons d’abord l’aspect positif des médias, quand ils sont utilisés à bon escient, de manière pertinente et contrôlée dans une perspective pédagogique. En effet, selon le spécialiste «les médias permettent de développer les apprentissages et mettent à disposition une véritable bibliothèque, des documentaires et de nombreuses références pour développer le savoir des jeunes. Les jeux vidéo permettent de développer les cognitions et la rapidité de réaction et de décision, notamment les jeux de stratégie. Enfin, les réseaux sociaux donnent la possibilité aux jeunes d'échanger les points de vue parfois très enrichissants», souligne celui-ci. Toutefois, «la télévision doit être interdite de 0 à 2 ans et très contrôlée après cet âge tant en temps d’exposition qu’en qualité de programmes», précise la même source.

Mais les travers sont hélas, beaucoup plus nombreux et parfois quasi inévitables. Une étude canadienne a d’ailleurs montré que les troubles du comportement ont augmenté de 300% entre 1985 et 2000 chez des enfants de l’école primaire, âgés de 5 à 11 ans, sous l’influence des médias. En effet, la violence télévisuelle a un impact négatif sur l’apprentissage scolaire et la concentration en classe, le comportement volontiers violent, l’alimentation obéissant aux stéréotypes et la mode du fast-food (conduisant inévitablement à des troubles du comportement alimentaire, notamment l’obésité), des choix vestimentaires inappropriés, la banalisation de la sexualité déplacée, de l’alcool et du tabac. À ce sujet, le Maroc n’est pas en reste. Les derniers chiffres du ministère de la Santé sont clairs : «15,5% des élèves des écoles marocaines fument régulièrement, et sont âgés de 13 à 15 ans seulement. Quant aux consommateurs d’alcools, ils sont 8% pour les garçons et 3,5% pour les filles ; ils sont également 3% à prendre des produits stupéfiants au sein même de leurs établissements scolaires», rapportait Madame Najat Gharbi. Mais le plus grand risque, selon lui, reste la violence en milieu scolaire qui a pris «des proportions plus qu’inquiétantes avec ses corollaires de troubles du comportement et du langage obscène». Les derniers chiffres du ministère de l’Éducation nationale viennent d’ailleurs appuyer les propos de notre spécialiste. En effet, rappelons que 68 cas de violences corporelles (coups) et 51 blessés ont été recensés. Plus préoccupant encore, 35 viols (plus de 3 par mois), 31 cas de harcèlement sexuel, 16 enlèvements, 11 meurtres (environ 1 par mois) et 7 suicides ont été enregistrés entre le 1er septembre 2012 et le 30 juillet 2013. «Les jeunes s’identifient à leurs héros dans les films ou les clips et s’autorisent tout ce qu’ils voient dans la réalité dans laquelle ils transposent les scènes virtuelles ou imaginaires du cinéma ou des clips vidéo. Les agressions se sont multipliées et les comportements sexuels inappropriés, notamment ceux dégradants pour la femme sont la règle», se désole le Dr Raddaoui.

Faut-il censurer ?

Avec le câble, aujourd’hui, les jeunes ont accès à une multitude de programmes. Certains ont tendance à juger ces émissions étrangères trop vulgaires, ou obscènes, d’ailleurs nos chaînes marocaines n’hésitent pas à couper certaines scènes jugées inappropriées. Qu’en pense notre spécialiste ? Selon lui, «il est important que les jeunes puissent avoir la liberté de voir ce qui se passe dans le monde». Impossible, de toute façon, de les en empêcher avec Internet et les réseaux sociaux. «L’isolement et la censure dans l’histoire de l’humanité sous prétexte de soustraire une population à une influence étrangère jugée dangereuse n’ont jamais eu les résultats escomptés. La peur d’une mauvaise perception d’images venues d’ailleurs et de leur possible influence négative ne peut justifier la censure, mais le tri intelligent et l’éducation des jeunes sont les meilleurs garants d’un impact positif des chaines étrangères», ajoute celui-ci avant de poursuivre : «les normes d’interdiction des films avec des critères d’âge devraient être universels et des comités d’experts devraient y veiller dans tous les pays du monde tant l’enjeu est important. La censure reste le moyen le plus utilisé au Maroc pour éviter des scènes “choquantes” volontiers coupées au risque de dénaturer le film et les séquences voulues par le réalisateur». Le tabou de la sexualité est à l'œuvre, le moindre baiser est coupé avec l'ensemble de la scène. «Pourtant les scènes de violence sont gardées alors qu'elles sont éminemment dangereuses, car engendrant les comportements violents chez les jeunes. À mon avis, seules les scènes montrant une sexualité “propre” doivent être montrées alors que les scènes montrant une sexualité inégalitaire et dégradant la femme ou mettant en avant des comportements pervers doivent être coupées, car les jeunes ont tendance à s'identifier aux personnages et à reproduire de tels comportements sexuels inadaptés (sadisme, viol...)», conclut-il finalement. 

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