Menu
Search
Mardi 23 Décembre 2025
S'abonner
close
Mardi 23 Décembre 2025
Menu
Search

La pollution sonore irrite les citadins

Les Faits : Le bruit est une des nuisances majeures de la vie quotidienne. Les nuisances sonores sont omniprésentes, et tout particulièrement dans les agglomérations.

La pollution sonore  irrite les citadins
Outre les différentes sources de bruits, les Marocains commencent à pointer du doigt diverses cérémonies.

Zouheir vient d’acquérir un appartement près de la gare de l’Oasis. La proximité des transports (train, bus, tramway) a été l’élément déclencheur de cet achat. Mais derrière ce cadre idyllique se cache de nombreuses contraintes. «Dans la journée, les voitures klaxonnent et les mobylettes pétaradent. De plus, un café vient d’ouvrir en bas de chez moi. Autant dire que les jours de match, mieux vaut être loin, malgré le double vitrage. Et quand vient la nuit, des bruits, inaudibles durant la journée, viennent perturber ma quiétude. La voix de l'annonce sonore des destinations aux voyageurs et le “stop tramway” du passage piéton…», explique Zouheir sur le ton de la plaisanterie.

Mais si celui-ci semble le prendre plutôt bien, ce n’est pas le cas de tout le monde. Malika par exemple, n’a pas hésité à payer plus cher son loyer pour éviter ce genre de soucis. Pourtant, elle non plus n’est pas épargnée. «J’ai pris un appartement dans les beaux quartiers et paye un loyer de 7 500 DH. Pourtant cela m’empêche d’être tranquille», se lamente-t-elle avant de poursuivre : «mes voisins me dérangent la nuit. J’habite au deuxième, ils sont juste au-dessus. Et autant dire qu’on entend tout… Je ne sais pas ce que ces gens font dans la vie, mais c’est toujours la même rengaine. Ils rentrent à 4 h du matin, l’un d'eux prend une douche, l’autre se pavane en talons dans l’appartement, la musique à fond». Pour remédier à cela, Malika pensait pouvoir recourir à la manière douce. «Je leur ai mis un petit mot sous la porte, en leur demandant gentiment de faire moins de bruit, car je ne les vois pas durant la journée : nous n’avons pas les mêmes horaires de travail», raconte-t-elle. Ceci dit, la situation n’a pas évolué. Elle souhaite aujourd’hui faire valoir ces droits, mais elle ne sait pas ce qui se fait en termes de législation marocaine.

Outre ces différentes sources de bruits, les Marocains commencent également à pointer du doigt diverses cérémonies : fiançailles, mariages, décès. «Ma résidence forme un carré au milieu une cour. Autant dire que cela raisonne très bien. J’entends les gens discuter à l’interphone comme si c’était chez moi. Je ne parle même pas des enfants qui jouent et hurlent à tout va. La nouvelle tendance depuis quelques années : les mariages dans la cour, pour faire profiter tout le voisinage. Tous les mois, il y en a un, à croire que ces gens-là se marient dix fois. Si encore ils nous invitaient…», se plaint Kader.

«Mon voisin du dessous a fait mieux, il a fait son mariage sur le toit de l’immeuble entre les cordes à linge. Du coup, j’ai dû subir le va-et-vient des invités entre la terrasse et leur appartement. Ils m’ont bousillé ma sonnette par la même occasion en transportant tables et chaises. Personne ne s’est excusé, évidemment…», s’emporte Houssein. Et puis, il suffit qu’un voisin le fasse pour que tout le monde suive. Personne ne proteste. Personne ne cherche à faire valoir ses droits. La personne a peur où n’ose pas se plaindre, et quand elle le fait, elle passe pour «l’emmerdeuse» du siècle. Parlons à présent des travaux, une des premières sources de pollution sonore et de conflits.

Mina est une femme très douce et apparemment sans problèmes. Mais elle n’en peut plus : ses nouveaux voisins viennent d’emménager et ne respectent rien ni personne. «Ils font des travaux de rénovation, ce que je peux comprendre. Le problème c’est qu’ils les font essentiellement le weekend (les seuls jours où ils peuvent le faire, puisqu’ils travaillent durant la semaine). Cela dure depuis un mois maintenant. Physiquement, c’est épuisant», déclare la trentenaire. «Chez moi aussi, les travaux sont sans interruption ! Du lundi au dimanche. Enfin, sans interruption, si, puisqu’ils tapent dans les murs à 8 h du matin, arrêtent à 10 h et reprennent le soir de 21 h jusqu’à minuit parfois.

Qu’est-ce qu’ils font entre temps ? Mystère. Mais je soupçonne qu’ils cherchent à éviter le “moukataa”. Ils sont en train de construire la terrasse…», dénonce Brahim. Toutes ces formes de pollution sonore peuvent dans certains cas affecter la santé et la qualité de vie des riverains. Rachida, par exemple, raconte qu’elle est devenue insomniaque et dépressive à cause de ces voisins. «Je suis actuellement sous traitement. Je n’en peux plus, cela perturbe mon rendement au travail et mon employeur menace de me licencier. Je dois déménager !» confie-t-elle larmoyante. Elle a d’ailleurs multiplié les courriers à la préfecture, aux médias et autres responsables. Mais rien n’y fait. Bien que des lois existent, elles sont rarement respectées où appliquées. «Un jour, une personne s’est déplacée, mais quand on sait qu’un simple bakchich suffit à les faire partir, comment nous faire respecter, nous, victimes ?» conclut-elle finalement.

Lisez nos e-Papers