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Mon enfant a peur de tout !

Les faits : Le sentiment de la peur est normal chez l’enfant. Le fait de surmonter toutes ses craintes l’aide à grandir, à développer son identité et à maîtriser son univers. Toutefois, quand ces peurs commencent à perturber l’enfant et qu’il n'arrive pas à s'en sortir malgré l'aide apportée, il faut prendre son cas au sérieux, car une peur importante pourrait se généraliser et nuire au développement de l'enfant.

Mon enfant a peur de tout !
Les phobies dépassent les peurs normales et surmontables.

La peur est une émotion nécessaire pour tout être humain. C’est notre système d’alarme interne qui nous aide à nous protéger du danger. Idem pour les enfants. Le sentiment de peur est non seulement normal chez les petits, mais il est aussi d’une grande importance pour leur développement. Il va leur permettre de gagner en autonomie. En effet, en surmontant ses peurs, l’enfant va prendre confiance en lui et grandir.

À chaque âge sa peur

Par exemple, avant un an le nouveau-né a peur du bruit et des mouvements soudains… Puis petit à petit, il commence à se montrer sensible à la différence des visages connus et inconnus. C’est à cet âge qu’apparaissent les débuts de l’angoisse de séparation. Vers 8 mois, la peur de l’étranger peut être très forte. Bébé redoute tous les lieux et toutes les personnes qu'il ne connaît pas. Ces premières frayeurs se traduisent par une sensibilité accrue à la présence d'étrangers, et ce à plusieurs périodes de la première année. Entre 2 et 3 ans, l’enfant a peur des bruits comme
l’aspirateur, le mixeur ou la sonnerie du téléphone… C’est à peu près à ce moment qu’il se met debout, commence à marcher dans la maison. Les bruits forts et les changements soudains provoquent en lui une conscience aiguë de son agitation intérieure et de son incapacité à la dominer. Pleurer est alors une manière d'obtenir le soutien de ses parents… Ensuite, entre 3 et 6 ans, les enfants ont peur du noir, des personnages fantastiques (sorcières, ogres, fantômes…), des petits animaux comme les souris, les insectes… et aussi des gros comme les chiens, les loups, les chats, les serpents… Les enfants à cet âge craignent également le vide, certains personnages comme les médecins ou les dentistes et les éléments naturels tels que les orages. La peur de la mort ou des blessures apparaissent aussi à cette époque bien que les enfants n’en aient pas la même idée que les adultes.

Peurs envahissantes

Même si la peur est un sentiment naturel et important pour l’enfant, les parents doivent toujours surveiller l’impact des craintes sur l'enfant, l'influence scolaire et familiale et la durée. Car même les peurs les plus «banales» telles que la peur du noir doivent être prises au sérieux si elles deviennent handicapantes pour l'enfant. Il ne faut pas banaliser certaines peurs sous prétexte qu'elles sont courantes à certains âges, ou plus ou moins logiques que d'autres. D’après les spécialistes, quand la peur devient trop envahissante, qu’elle se focalise sur un objet ou une situation précise que l’enfant fait tout pour l'éviter, c’est qu’elle est devenue une phobie. On peut facilement la reconnaître, car une phobie dure dans le temps et ne répond pas à un danger réel. Elle peut être source de difficultés d’adaptation pour l’enfant.
Dans ce cas, il faut consulter un médecin rapidement, car les phobies dépassent les peurs normales et surmontables. Elles empêchent l’enfant de poursuivre sa routine quotidienne normalement et commencent à gouverner sa vie.
Les tout petits peuvent en développer s’ils ont vécu un événement traumatique ou bien si les parents ont des antécédents familiaux de phobie.


Explications : Dr Houda Hjiej, pédopsychiatre

«L’intensité de la peur varie d’un enfant à l'autre»

Que cache la peur des enfants ?
La peur fait partie du développement normal de l’enfant. C’est ce qu’on appelle les «peurs développementales». Cependant, il existe des peurs dites pathologiques en fonction de leurs intensités, de leur date d’apparition, de leur persistance et de la façon dont elles impactent la vie de l’enfant et de sa famille. D’un point de vue psychopathologique, la peur est un symptôme révélateur de conflits psychiques non résolus chez l’enfant reflétant souvent une interaction entre une fragilité personnelle de l’enfant et un environnement favorisant l’émergence de l’angoisse et l’installation de la peur.

Pourquoi certains enfants ont-ils peur plus que d'autres ?
L’intensité de la peur varie effectivement d’un enfant à un autre et ceci en fonction de plusieurs facteurs. La nature de la relation parent-enfant, la qualité de l’environnement de vie de l’enfant sont les deux facteurs déterminants dans l’évolution de la peur chez celui-ci. L’enfant à travers les différentes interactions avec son environnement et selon les réponses adaptées ou pas que celui-ci va émettre, développera des liens d’attachement qui selon leurs natures impactent la réponse de l’enfant à ses peurs.
L’existence d’un environnement insécure (violence, pertes précoces, milieu familial instable…) est un facteur fragilisant chez l’enfant qui augmente sa vulnérabilité et rend plus difficile la gestion de la peur. Paradoxalement des attitudes éducatives hyper protectrices et critiques des parents sont aussi des éléments déterminants dans l’issu de la peur chez l’enfant.

Comment aider son enfant à dépasser sa peur et avoir plus de confiance en lui ?
La peur n’est pas toujours signe d’absence de confiance en soi, cependant des liens de cause à effet peuvent exister. Une fois qu’une peur se fixe et commence à avoir un impact sur la vie de l’enfant, la reconnaissance de la souffrance de l’enfant par les parents, une attitude compréhensive, mais en même temps ferme et sécurisante de ceux-ci peut aider l’enfant à surmonter sa peur.
En cas de facteurs menaçants de l’environnement, il est important de sécuriser l’enfant et de le protéger. Mais une attitude anxiogène des parents eux-mêmes en réponse à la peur de l’enfant peut augmenter son sentiment d’insécurité et de menace.

Comment les parents doivent-ils agir devant des «crises» de peur ?
Quand la peur se manifeste par une «crise», ceci peut être témoin de la sévérité de la peur, mais aussi de l’importance du facteur relationnel et du rôle de l’autre auquel sont adressées ces crises.
L’accompagnement par le langage de l’enfant, le fait de l’aider à mettre des mots sur ses ressentis peut faire baisser l’intensité des crises.

Est-ce qu'un enfant qui a trop peur peut développer certains complexes à l'âge adulte ?
Il existe un continuum dans l’évolution de la peur. Les peurs de l’enfance peuvent si elles ne sont pas prises en charge se chroniciser à l’âge adulte. Ceci ne développe pas des complexes, mais le fait de ne pas dépasser ses peurs peut impacter le développement de la personnalité à l’âge adulte.

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