Connexion
La pneumonie. Un vocable qui nous est presque tous familier. Le mot a d’ailleurs était rendu célèbre les années précédentes, avec l’apparition des nombreux cas de grippes occasionnés par les virus H5N1 et H1N1. Mais au fait, connaissons-nous ce que recouvre ce terme, ses manifestations et ses conséquences sur notre vie ? Pas sûr. Votre quotidien enfile occasionnellement une blouse blanche, et saisit le prétexte de la célébration de la cinquième journée mondiale de la pathologie pour vous diagnostiquer cette pathologie.
La pneumonie est définie comme une infection respiratoire aiguë qui affecte les poumons. Elle est généralement causée par les bactéries, les virus, et les champignons. Il existe deux grandes catégories : les pneumonies bactériennes et les pneumonies virales. Ces dernières peuvent s’aggraver si le patient ne bénéficie pas d’un traitement antibiotique.
La pneumonie, cette tueuse d’enfants
Les virus ou bactéries peuvent accéder à notre organisme à travers les voies nasales, la voie aérienne par le biais des gouttelettes le malade ou les éternuements émis par le malade, ou par voie sanguine. La pathologie touche principalement les couches vulnérables comme les enfants de moins de 5 ans, et les personnes âgées de plus de 60 ans. Bien évidemment, la maladie se manifeste via un certain nombre de symptômes qui diffèrent selon l’âge et la cause de l’infection. On observe ainsi chez le patient une respiration rapide ou des difficultés dans la respiration, la toux, des frissons, la fièvre, des douleurs au niveau du crâne, et une perte de l’appétit. La pathologie fait des ravages chez les enfants. À titre illustratif, elle cause chaque année 1,4 millions de décès dans cette catégorie. Selon l’Unicef, la pneumonie est à l’origine de 18% des 6,9 millions de décès par an chez les enfants de moins de 5 ans. «Un enfant meurt, suite d’une pneumonie toutes les 25 secondes, ce qui représente 3 400 décès par jour», constate l’organisme onusien. Au Maroc, 4 000 enfants de moins de 5 ans perdent la vie chaque année à cause de cette maladie, soit plus de 300 décès par mois.
Avis du spécialiste : Aïcha Abid Atlassi, Médecin-Pédiatre
«La pneumonie touche beaucoup plus les milieux défavorisés»
La pneumonie, de quoi s’agit-il ?
La pneumonie est une infection respiratoire qui touche les enfants quel que soit l’âge. Parmi les pneumonies, il y a la pneumonie à pneumocoque. Elle concerne les enfants de 2 à 5 ans. Elle est en rapport avec des virus et des bactéries particuliers qui surviennent plus spécialement pendant l’hiver. Le plus connu d’entre eux et le plus grave c’est le pneumocoque. La maladie peut être grave chez l’enfant. Ces microbes affectent directement les poumons et peuvent créer des complications surtout chez les enfants qui ont une immunité défectueuse, des enfants asthmatiques, des enfants qui sont nés prématurés, ou bien qui des retards de croissance, ou qui sont issus de milieux défavorisés. Si elle n’est pas diagnostiquée tôt, elle peut altérer les poumons, toucher le cerveau, et les oreilles, et entrainer surtout la méningite, les otites. Les symptômes sont surtout une fièvre très forte, la toux et une douleur au niveau du poumon. Parfois, l’enfant ne parvient pas à respirer. Ce sont des infections communautaires et contagieuses (crèche, écoles, etc.)
Une mère enceinte et atteinte de pneumonie peut-elle transmettre le virus à son fœtus ?
Non. La transmission se fait uniquement par voie aérienne à travers les crachats, la toux, les éternuements, etc.
Peut-on avoir une idée sur le pourcentage que représente les cas de pneumonies infantiles dans vos consultations ?
Il faut dire que la pneumonie touche beaucoup plus les milieux défavorisés, et nous en avons fait le constat quand j’étais à l’hôpital. Mais en clientèle privée, nous recevons des gens qui vivent souvent dans des conditions relativement saines, ce qui fait que cette maladie cible surtout les enfants exposés au froid et qui évoluent dans des milieux insalubres. Je peux voir une dizaine de cas de pneumonies sur 5 000 infections respiratoires de l’enfant traitées par an.
Au Maroc, on utilise depuis octobre 2010 un vaccin pour prévenir la maladie.
Est-il efficace selon vous ?
Certainement, le vaccin est efficace, mais il ne cible que la pneumonie causée par le pneumocoque qui est en fait la plus grave, et qui touche le plus les enfants en milieux défavorisés. L’OMS s’est mobilisée pour mettre en place ce vaccin pour lutter contre la pneumonie et ses complications (surtout méningite). Ce vaccin a donné de bons résultats à l’échelle mondiale. Par exemple en cabinet privé, on voit de moins en moins d’infections à pneumocoque, grâce au vaccin. On constate au Maroc que le nombre de pneumonies à pneumocoque a baissé depuis l’introduction du vaccin qui est généralisé dans tous les centres de santé du Royaume.
Qu’en est-il en général de la prise en charge des patients ?
Quand on est en cabinet privé, on peut facilement établir le diagnostic grâce à la radio-pulmonaire. Mais dans certaines structures éloignées des grandes villes, souvent où il n’y a pas de service de radiologie, on ne parvient pas à effectuer facilement le diagnostic.
Il faut savoir que 80% des infections respiratoires sont virales, ne nécessitant pas de traitement antibiotique. La pneumonie à pneumocoque est traitée par des antibiotiques qui donnent de bons résultats si elle est diagnostiquée tôt. La maladie est certainement sous-estimée, ce qui a poussé les autorités à généraliser le vaccin, compte tenu de la gravité possible de l’infection.
Quels conseils donnez-vous aux parents ?
Il faut des conditions de vie correctes, il faut que la maison soit aérée, éviter le refroidissement de l’enfant, et surtout vacciner les enfants. Les parents qui ont des enfants présentant certains terrains favorables aux infections (déficits humanitaires) doivent redoubler de vigilance.
Et ces enfants doivent être surveillés par leur médecin, surtout pendant l’hiver pour prévenir, traiter et éviter les complications de la pneumonie. Dès que l’enfant commence à avoir des signes de gravité comme une toux importante, beaucoup fièvre, la fatigue, des problèmes respiratoires, ou s’il a mal à la poitrine, les parents doivent rapidement consulter le médecin.
