Dans la plupart des pays, la réforme du système de l’éducation est devenue une priorité majeure. Mais dans beaucoup de cas, ni l’augmentation des budgets des ministères de l’Éducation (le Maroc dépense environ un quart de son budget national sur l’éducation nationale), ni les réformes entamées au cours de la dernière décennie ne se sont traduites par une nette amélioration de la qualité de l’enseignement. Ce phénomène est d’autant plus surprenant que le niveau des élèves diffère d’un pays à un autre et d’une région à l’autre au sein du même pays.
Ainsi dans les comparaisons internationales, les systèmes éducatifs du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord sont moins performants alors qu’ils dépensent beaucoup plus que le Singapour, l’un des pays les plus performants, qui consacre un budget inférieur par élève à celui des pays du Golfe ou de l’OCDE.
Il existe plusieurs approches pour améliorer un système éducatif. Partout dans le monde la complexité des réformes et l’incertitude des résultats attendus prêtent encore à controverse. Les points communs entre les systèmes éducatifs réussis sont comme suit. Primo, ils incitent les meilleurs élèves à devenir enseignants à l’avenir, secundo ils leur dispensent un enseignement de qualité, et enfin ils s’assurent que le système d’éducation fournisse à chaque enfant un enseignement de haut niveau.
L’étude de ces systèmes démontre que les meilleures pratiques pour atteindre ces objectifs peuvent être mises en œuvre au Maroc et dans n’importe quel environnement socioculturel. Mais il faut miser sur le corps enseignant, car la qualité d’un système éducatif ne peut excéder celle de son corps professoral. Il faut souligner également que seule l’amélioration de l’enseignement au sein des classes peut donner des résultats, et qu’un système scolaire performant se traduit par la réussite de chaque élève.
Intégration des technologies modernes de l’information au niveau des programmes pédagogiques
L’introduction des technologies modernes de l’information (TIC) peut contribuer à un enseignement de qualité et à changer les méthodes d’enseignement et les relations entre enseignants et élèves. L’usage des TIC peut aussi améliorer la qualité des contenus pédagogiques et des approches utilisées.
Il peut également réduire les inégalités au niveau de la qualité de l’enseignement et les inégalités entre les régions périphériques ou rurales et les villes.
Des enquêtes récentes menées sur l’usage des TIC à l'école et à l’université marocaine révèlent que les apprenants n'ont pas à leur disposition assez de matériel informatique, et la formation des enseignants dans ce domaine laisse à désirer. Par conséquent, ni les enseignants ni les apprenants n’utilisent souvent les technologies modernes en tant que support pédagogique à l’école.
Ainsi, il est nécessaire de mettre en place une approche intégrée de l'utilisation pédagogique des TIC dans les écoles, ce qui signifie non seulement qu'il faut investir dans les infrastructures, mais également qu'il faut consacrer davantage de ressources à la formation des enseignants, prévoir des bonus pour ceux qui utilisent les TIC dans leurs classes et créer des postes de coordinateurs des TIC.
Pour atteindre ces objectifs, il est impératif de réduire les écarts dans l'utilisation pédagogique des TIC entre les régions, établir des projets axés sur de nouvelles méthodes d'enseignement soutenus par les technologies numériques, aider à l'acquisition de ressources numériques d'apprentissage de qualité au profit des enseignants et contrôler régulièrement les progrès réalisés dans l'utilisation des technologies numériques et dans l'acquisition des compétences correspondantes.
La formation des enseignants aux TIC doit être obligatoire, car la plupart d'entre eux sont souvent obligés de se former en dehors de leurs heures de travail dans le cadre d'une démarche personnelle pour acquérir ces compétences.
Pareillement, il est essentiel que les élèves aient accès aux TIC à la fois chez eux et à l'école. Le manque d'équipements n'est pas dû à un manque d'intérêt, mais à un manque d’une politique éducative qui renforce l’usage des technologies de l’information aux écoles et aux universités marocaines.
Les élèves comme les professeurs sont favorables au numérique, mais le nombre d'ordinateurs reste limité dans la plupart des écoles qui manquent également de connexion internet.
La Fondation Bill et Melinda Gates fournit un accès à Internet et des ordinateurs dans les écoles et bibliothèques au Chili, au Mexique, au Botswana, en Lituanie, en Lettonie, en Roumanie, en Ukraine, en Pologne, en Bulgarie et au Vietnam. Son programme pour les bibliothèques aux États-Unis a représenté un investissement de 240 millions de dollars pour apporter une connexion à Internet à 99% des bibliothèques publiques du pays ainsi que des ordinateurs et des formations.
Notre système éducatif doit faire de l’Informatique et de l’internet une matière transversale au service de toutes les matières ; la formation aux technologies de l’information est un champ pédagogique que le Maroc doit investir et développer. Ce sont des milliers d’élèves qui aspirent à l’acquisition des connaissances en informatique. C’est pour cette raison que je trouve nécessaire que les enseignants et les élèves formés parviennent à démultiplier leur formation.
Renforcement de l’enseignement des langues vivantes
Ainsi, il est devenu nécessaire de diffuser plus largement la culture scientifique et technologique et améliorer l’information et la formation des enseignants et des élèves en permettant des échanges avec le monde de l’entreprise, en instituant dans le cadre de l’aide à l’orientation et de l’accompagnement personnalisé une participation active des entreprises.
En parallèle avec l’usage des TIC, le renforcement de l’enseignement des langues vivantes est plus que souhaitable. En plus de l’enseignement de la langue arabe et de la langue amazighe, langues officielles du pays, L’État doit envisager un plan de renforcement de la pratique des langues vivantes étrangères de l’école primaire à l’université. Plusieurs mesures doivent être prises pour renforcer l’efficacité de l’apprentissage des langues :
- sensibiliser tous les enseignants et tous les élèves à l’importance des langues vivantes étrangères dès le cours préparatoire ;
- généraliser les classes bilingues au secondaire dans lesquelles des matières scientifiques seront enseignées en français et en anglais. Grâce à ce type d’enseignement, les élèves apprennent des matières en même temps qu’ils mettent en pratique et améliorent leurs compétences linguistiques.
- multiplier les échanges de classes dans le cadre de partenariats internationaux : jumeler des écoles du primaire au supérieur avec des établissements étrangers.
- renforcer la pratique des langues vivantes étrangères grâce aux activités parascolaires et aux échanges avec des écoles européennes, Nord-américaines ou autres.
Pour communiquer dans une société mondialisée, l’enseignement de l’anglais est devenu une nécessité. Plusieurs recommandations ont été faites dans ce sens par les chercheurs et les formateurs, notamment la consolidation de l’apprentissage de l’anglais et la pratique de l'oral à tous les niveaux, l’introduction de l’enseignement de l’anglais, plus tôt, dès le primaire, surtout au niveau de l’oral, et l’organisation d’échanges interculturels au profit des enseignants aussi bien que des élèves afin de bénéficier de bains linguistiques dans des pays qui parlent la langue cible et enfin multiplier le volume horaire de l’anglais du collège comme à l’université pour faciliter une bonne maîtrise de cette langue internationale devenue la langue de la globalisation par excellence.
Pour conclure, l’intégration des TIC dans le curriculum et dans les approches et les méthodes d’enseignement est indispensable à l'épanouissement de la personnalité de l'élève marocain, car au-delà de l'accès au savoir, c'est toute une activité de production et donc de créativité qui est en jeu. Les chercheurs et pédagogues marocains sont appelés à informer les élèves, le public, les professionnels et les décideurs du réel état de l'enseignement au Maroc. Dans ce sens, les ministères de l'Éducation nationale et de l’enseignement supérieur sont vivement sollicités à réaliser des actions de sensibilisation de l'ensemble des acteurs et intervenants concernés sur l'importance de l’intégration des technologies modernes dans l’enseignement.
Enfin, je pense que l’enseignement des langues étrangères doit être évalué et amélioré, à condition d'opérer de réels réajustements ultérieurs, basés sur l'analyse et l’évaluation des acquis et des données disponibles, entre autres, dans le domaine de l'enseignement-apprentissage du français, de l’anglais, et l'intégration des technologies modernes de pointe.
