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«La nuit du destin», une nuit pas comme les autres

Les faits  Célébrée le 26 ramadan, «Laylat Al Qadr» a toujours été un évènement de grande importance dans la société marocaine. Nombreuses sont les personnes qui profitent de cette nuit sacrée pour prier jusqu’à l’aube et se faire pardonner. Hommes, femmes, adolescents et même des enfants, tout le monde s’y met.

«Laylat Al Qadr» (la nuit du destin ou du mérite), synonyme de piété et de recueillement, est une nuit sacrée pour les Marocains et les musulmans du monde entier. Si pendant le mois de ramadan, des centaines de milliers de citoyens affluent aux mosquées chaque soir pour accomplir la prière des «Tarawih», «Laylat Al Qadr» bat tous les records de fréquentation des mosquées. Les prieurs ont pris l’habitude, depuis toujours, de passer une bonne partie de la nuit à la mosquée. «Je passe la nuit de “Laylat Al Qadr” à la mosquée chaque ramadan, depuis plus de trois ans. Je m’y rends avec mes amis. Nous ne sommes pas très pieux à l’origine et comme tous les jeunes de notre âge, nous commettons beaucoup d’erreurs. Nous essayons donc de ne pas trop nous égarer du droit chemin. Cette nuit est l’occasion rêvée de se faire pardonner et en même temps de se rapprocher d’Allah», lance Hakim, 25 ans.

Contrairement aux apparences, on remarque que c’est une population assez jeune qui fréquente les mosquées durant le ramadan. Il suffit de se rendre à une mosquée pour le constater. «J’attends “Laylat Al Qadr” avec impatience, chaque année. Avec le reste de ma famille, nous nous organisons pour passer cette nuit sacrée à prier à la mosquée. Nous avons pris cette habitude depuis quelques années. Avant, mon père était le seul à le faire, mais depuis nous nous sommes tous joints à lui, “hamdolillah”. Rien ne pouvait nous arriver de mieux», confie Houda, 19 ans. Les enfants sont également présents en grand nombre dans les mosquées durant ce mois. «J’accompagne mon père tous les soirs à la mosquée depuis deux ans et pendant “Laylat Al Qadr”, j’arrive à faire la moitié de la nuit, avant de me sentir fatigué et être obligé de rentrer. J’espère que cette année, je vais pouvoir rester jusqu’à l’aube. En tout cas, je vais faire de mon mieux pour y arriver», lance Ayoub, 12 ans.

Par ailleurs, certaines personnes décident de passer les dix dernières nuits de ramadan à la mosquée. C’est ce qu’on appelle «Al Iêtikaf» ou «la retraite pieuse». «Cela fait des années que je prends mon congé pendant les dix derniers jours pour pouvoir faire “Al Iêtikaf”. Je ne veux pas rater la “Vraie” nuit du destin. Dire que la nuit du vingt-septième jour du mois de ramadan est “Laylat Al Qadr” n’est pas très précis.
Nous devons faire preuve de vigilance pendant les dix dernières nuits, dans l'espoir de se faire pardonner», indique Mohammed, 40 ans. Malheureusement, «Laylat Al Qadr» a également une face cachée. C’est une occasion pour beaucoup de femmes qui s'adonnet à des rituels maléfiques. En effet, cette nuit constitue, avec «Achoura», les moments les plus rentables pour les voyantes et les charlatans. Il est presque de coutume d’aller chez une «chouafa» pendant cette nuit pour demander différentes prestations. La plus fréquente d’entre elles reste la fidélisation des maris.

Cependant, plusieurs services sont aussi demandés, comme «al koboul» (l’acceptation), «ldoun» (l’étain), «tfoussikha» (pratiquée pour chasser le mauvais œil)… Beaucoup de femmes pensent à tort que ce genre de pratiques est totalement innocent tant qu’elles s’abstiennent de faire de la sorcellerie qui peut détruire la vie de quelqu’un, sans prendre en considération la religion qui interdit ces pratiques, ni la sacralité de «Laylat Al Qadr». «La “fidélisation” est le meilleur moyen pour garder son mari et le retenir. Je ne vois pas où est le mal. Après tout, je ne fais que préserver mon mariage, sans nuire à personne. Ce n’est pas comme si je pratiquais “tkaf” par exemple», raconte Fatima, femme au foyer, la trentaine dépassée.

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