Avec 12 ministres, en comptant M. Benkirane, le Parti justice et développement (PJD) garde la supériorité numérique avec un nombre de portefeuilles inchangé.
Par contre, son quota de ministres femmes a augmenté avec l'intégration d'une autre femme, Soumiya Benkhaldoun, ministre déléguée auprès du ministre de l'Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la formation des cadres, qui siègera désormais aux côtés de sa collègue du même parti, Mme Bassima El Hakkaoui, sans changement de portefeuille, jusqu'alors seule représentante de la gent féminine au gouvernement.
Autre composante de la majorité gouvernementale, le Mouvement populaire (MP), représenté par six ministres, dispose désormais de deux ministères de plus par rapport au gouvernement sortant, deux nouveaux venus, dont une femme, Hakima El Hiti, ministre délégué auprès du ministre de l'Énergie, des mines, de l'eau et de l'environnement, chargée de l'Environnement. Quant à son secrétaire général, Mohand Laenser, il cède son portefeuille de l'Intérieur au profit d'un technocrate aguerri, Mohamed Hassad, pour se consacrer désormais au ministère de l'Urbanisme et de l'aménagement du territoire.
Le Parti du progrès et du socialisme (PPS) a désormais cinq ministres au lieu de 4, avec l'entrée au gouvernement remanié d'une autre femme, en la personne de Charafat Afilal, au poste de ministre déléguée auprès du ministre de l'Énergie et des mines, de l'eau et de l'environnement, chargée de l'Eau. Un nouveau venu du même parti, Abdeslam Saddiki, remplace son camarade Abdelouahed Souhail au ministère de l'Emploi et des affaires sociales. Quant au secrétaire général du parti, Mohamed Nabil Benabdellah, il reste au même poste de ministre de l'Habitat et de la politique de la ville, mais amputé de l'urbanisme, attribué en même temps que l'aménagement du territoire à M. Laenser.
Enfin, dernier parti à rallier la majorité gouvernementale, le Rassemblement national des indépendants (RNI) se place en deuxième force politique la mieux représentée après le PJD avec 8 ministres, dont deux femmes, Fatema Marouane, ministre de l'Artisanat, de l'économie sociale et solidaire et Mbarka Bouaida, ministre déléguée auprès du ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Salaheddine Mezouar, lui-même.
À l'exception de Salaheddine Mezouar, de Mohamed Boussaid, au ministère de l'Économie et des finances, et d'Anis Birou, ministre délégué chargé des Marocains résidant à l'étranger et des affaires de la migration, le RNI n'a présenté que des ministres vierges de toute expérience gouvernementale. M. Mezouar a ainsi montré qu'il a imposé son leadership à la tête du parti depuis son élection en 2010 et pu résister aux pressions des caciques et notables du RNI qui voulaient être ministrables.
M. Mezouar a créé également la surprise en intégrant à son attelage gouvernemental une figure de proue du monde de l'économie et des affaires, Moulay Hafid El Alamy, ancien patron des patrons marocains et président du groupe prospère Siham de Casablanca, chargé du portefeuille de l'Industrie, du commerce, de l'investissement et de l'économie numérique. Le nouveau gouvernement compte désormais 15 nouveaux ministres, toutes tendances confondues, dont 11 qui étrennent une carrière de ministre pour la première fois.
À part les cinq ministres du Parti de l'Istiqlal sur six qui ont quitté le gouvernement, Mohamed El Ouafa ayant été gardé au poste de ministre délégué auprès du Chef du gouvernement chargé des Affaires générales et de la gouvernance, au lieu de ministre de l'Éducation nationale sous l'étiquette PI, deux autres ministres ont quitté le gouvernement : Saad-Eddine El Othmani du PJD, aux Affaires étrangères et à la coopération, et Abdelouahed Souhail, ministre de l'Emploi et de la formation professionnelle.
Les changements d'affectation sont au nombre de cinq : Outre Mohand Laenser et Mohamed El Ouafa, Abdelkader Amara passe du Commerce et de l'industrie au ministère de l'Énergie, des mines, de l'eau et de l'environnement, Mohamed Najib Boulif a cédé son portefeuille de ministre délégué chargé des Affaires générales et de la gouvernance à M. El Oufa pour aller seconder son collègue de parti, Aziz Rabbah, en tant que ministre délégué auprès du ministre de l'Équipement, du transport et de logistique, chargé du Transport et Abdelaâdim Guerrouj, qui passe de la Fonction publique au ministère délégué auprès du ministre de l'Éducation et de la formation professionnelle.
La radioscopie du gouvernement remanié fait apparaître également un retour en force des technocrates, avec le retour au gouvernement ou l'arrivée de Mohammed Hassad au ministère de l'Intérieur, en lieu et place d'un politique, le secrétaire général du MP, Mohand Laenser. Ingénieur de formation, M. Hassad a accumulé une longue expérience qui lui a permis de maîtriser les arcanes de l'administration territoriale en tant que wali à Marrakech et à Tanger et une maîtrise de la conduite de grands chantiers de développement, notamment au niveau de Tanger Med, dont il assumait la présidence de l'agence TMSA jusqu'à sa nomination ministérielle. Un profil qui servira la vocation du ministère de l'Intérieur à gérer aussi les chantiers de développement économique et social et le développement humain et constitue un gage d'impartialité vis-à-vis des politiques dans la perspective des échéances électorales à venir.
Autre figure de technocrate aguerri, celle de M. Belmokhtar à l'Éducation nationale, désormais augmentée de la formation professionnelle pour être en phase avec l'injonction royale de laisser les questions de l'éducation à l'abri de la surenchère politicienne.
Outre la formation professionnelle, rattachée à l’Éducation nationale, d'autres ministères ont changé d'intitulé ou vu leurs compétences élargies en signe d'intégration des nouvelles priorités, notamment l'intégration de l'investissement au Commerce et à l'industrie, le retour à l'économie numérique, la mention de l'économie solidaire, l'adjonction de la logistique au ministère de l'Équipement et du transport, avec affectation d'un ministre délégué, ou encore la prise en compte d'un pan souterrain, mais important de l'économie, avec un ministre délégué chargé des Petites entreprises et de l'intégration du secteur informel. Cette nouvelle configuration de la majorité gouvernementale augure d'une recomposition de la majorité parlementaire, avec l'entrée du RNI.
