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Diabète : un million et demi de marocains touchés

Les faits : À l’occasion de la Journée mondiale du diabète, célébrée le 14 novembre de chaque année, le Dr Khadija Moussayer déclare «l’état d’urgence», notamment pour les enfants.

Diabète : un million et demi de marocains touchés
Le contrôle du diabète s’effectue à l’aide d’un glucomètre ou d’une simple bandelette trempée dans les urines.

Huit heures du matin, 5g/l de sucre dans le sang à jeun, Rachida 57 ans est en hyperglycémie : elle ne prendra pas son petit déjeuner. Midi, nouveau test qu’elle fait à l’aide de son glucomètre. Une piqûre au bout de l’index, une goutte de sang sur la bandelette, une minute plus tard le verdict tombe : 0,8 g/l, elle est en hypoglycémie. Elle se sent étourdie, sa vision se brouille. Il lui faut du sucre. Cela tombe bien, il lui reste quelques carrés de chocolat dans le placard qu’elle prend immédiatement. Elle s’assoie sur une chaise, attend que la crise lui passe, puis reprend tranquillement le cours de sa journée. Tel est le quotidien de cette mère de famille atteinte du diabète de type 1 depuis plus de 20 ans. «Contrairement à celui de type 2, dit gras ou de la maturité, le diabète de type 1 n’est pas dû au mode de vie (et à l’obésité), mais à la destruction de cellules du pancréas produisant l’insuline. Les globules blancs de notre système immunitaire (normalement chargés de traquer et d’éliminer les corps étrangers : virus, bactéries, parasites…) en sont les responsables, s’attaquant à notre propre organisme de façon autodestructrice ! D’où le terme de maladie auto-immune qui lui est donnée», explique le Dr Khadija Moussayer, présidente de l’Association marocaine des maladies auto-immunes (AMMAIS). «Ses premières manifestations souvent brutales (soif excessive, mictions très fréquentes, fatigue, perte de poids, nausées) sont le signe d’une forte hyperglycémie dans le sang aux effets potentiellement graves, allant jusqu’au coma», poursuit-elle.

Le contrôle du diabète s’effectue à l’aide d’un glucomètre ou d’une simple bandelette urinaire trempée dans les urines. Ainsi le patient pourra déterminer son taux de sucre dans le sang. Ce taux dans l’organisme est normalement d’environ 1 gramme par litre, soit 5 grammes au total (l’équivalent d’un morceau de sucre). Mais dans la journée, ce n’est pas l’équivalent d’un morceau de sucre que vous mangez, mais de plusieurs dizaines ! Heureusement, l’insuline, hormone hypoglycémiante, se charge de faire rentrer le sucre dans les cellules pour faire baisser la quantité de sucre dans le sang. Selon les spécialistes, on commence à parler de diabète lorsque le taux de sucre dans le sang dépasse 1,26 g/l à jeun. Au-delà de ce taux, nous sommes en hyperglycémie ; en dessous, en hypoglycémie. «Il n'y a alors qu'une solution : les injections d'insuline qui devront se poursuivre toute la vie. Cette hormone a pour fonctions d’assurer l’utilisation du glucose par les cellules de l’organisme pour ses dépenses en énergie et de réguler la quantité de sucre dans le sang», affirme notre spécialiste en médecine interne.

Son évolution se traduit de façon quasi inéluctable au bout de 15 à 20 ans. En effet, le diabète est une maladie silencieuse qui peut se révéler des années plus tard lors de graves complications qui touchent d’abord les petits vaisseaux sanguins, puis la rétine (la rétinopathie diabétique est la première cause de cécité chez les moins de 60 ans), les nerfs (suppression des réflexes, diminution de la perception des sensations au toucher), ou encore les reins (albumine dans les urines). «Ce que l’on sait moins, c’est que ce diabète juvénile concerne plus de 10% des diabétiques, qu’il progresse de près de 4% chaque année dans le monde et frappe de plus en plus les enfants en bas âge (entre 0 et 4 ans). Le Maroc n’est pas épargné puisque quelque 100 000 enfants seraient déjà touchés», se désole le Dr Khadija Moussayer.

Ce phénomène s’explique par une prédisposition génétique d’une part. «On observe plus fréquemment que la normale une transmission parents-enfants ou grands-parents-enfants», a-t-elle ajouté. D’autre part, les facteurs environnementaux comme la pollution peuvent en être la cause. En effet, selon la même source, il y aurait plus de 100 000 produits chimiques présents dans l’alimentation, l’eau, l’air, le sol ou à l’intérieur de nos maisons (pesticides, nitrates, métaux lourds, particules fines et dioxyde d’azote dégagés par les automobiles…) Ensuite, des bactéries ou des virus exerceraient une toxicité à l’encontre des cellules productrices d’insuline. Un apport insuffisant en vitamine D augmenterait également ce risque.

Enfin, l’excès d’hygiène est de plus en plus incriminé. La propreté a permis de mieux nous protéger des infections et de mettre fin à la forte mortalité infantile des siècles précédents. Son excès empêche maintenant le système immunitaire d’apprendre à reconnaître ses vrais ennemis. Désorienté, il s’attaque par erreur à notre corps. «La solution serait de permettre aux bébés et aux jeunes enfants de se “salir un peu” pour éduquer les défenses de leur organisme», confie la spécialiste. Des études récentes viennent conforter indirectement cette thèse en montrant que le risque de diabète de type 1 est accru chez les bébés nés par césarienne : elle les empêche en effet d’avoir un contact initial avec la flore bactérienne des muqueuses maternelles, alors que celle-ci est bénéfique ensuite à la constitution d’une flore intestinale variée pour les nouveau-nés. 

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