Des chercheurs marocains ont lancé récemment un appel pour sauvegarder la carrière préhistorique d’Ahl Al Oughlam située au niveau de la commune urbaine de Sidi Moumen à la préfecture de Sidi Bernoussi. Selon Pr Zahour Ghalem au département de géologie à la Faculté des sciences Ben M’sik, les projets urbanistiques risquent de faire disparaître à jamais le patrimoine archéologique et paléontologique de ce site. En outre, ce riche gisement archéologique est dans un état d’abandon avancé. Au lieu de le préserver et de le sauvegarder, on y trouve des déchets ménagers et des eaux usées provenant des bidonvilles avoisinants. Ce qui affecte bien sûr les restes paléontologiques. Il est à noter que la carrière préhistorique d’Ahl Al Oughlam est d’une grande valeur scientifique et connue à l’échelle mondiale. Près de 80 espèces et 4 000 fossiles y ont été inventoriés. Il a livré des faunes pliocène-terminal de macro et microvertébrés. Ainsi, il est le plus grand gisement paléontologique de la fin du Pliocène (la dernière époque du Néogène entre 5,33 millions d'années et 1,81 million d'années), à l’échelle de l’Afrique nord-occidentale.
Malheureusement, le diagnostic actuel dudit site montre que ce patrimoine historique, méconnu à l’échelle locale, est menacé par des facteurs anthropiques et des activités humaines notamment l’urbanisation telle que les travaux de construction et l’habitat insalubre. La carrière est également exposée au pillage et à la perte d’un patrimoine préhistorique retraçant l’environnement animal de 2,5 millions d’années auparavant. La pollution menace aussi les carrières d’Ahl Al Oughlam et de Sidi Abderrahmane qui se transforment en décharges sauvages. Un témoignage du chercheur Pascal Plaza à ce sujet souligne que Casablanca dispose des plus belles et plus complètes stratigraphies du Quaternaire au monde... La Carrière d'Ahl Oughlam en fait partie, comme celles de Sidi Abderrhamane et bien d’autres... En gros, il s’agit de 2 millions d'années en «marches» stratigraphiques, du niveau de l'océan... jusqu'à plus à l'intérieur des terres comme à Tit Mellil.
Pour sa part, l’association Casa Environnement qui a diffusé ce «cri» de sauvegarde des carrières préhistoriques affirme que la situation actuelle ne pourra changer que lorsque les Casablancais connaîtront la valeur de leur patrimoine, l'apprécier et le défendre.
«Des projets de préservation et de valorisation de ce patrimoine, comme des parcs archéologiques, des musées naturels, des géoparcs…, coordonnés entre les autorités locales et régionales ainsi que les associations thématiques locales, sont aujourd’hui nécessaires pour la sauvegarde, la valorisation de cet héritage pour les générations futures et promouvoir en même temps l’écotourisme local et régional pour un meilleur développement durable», explique Pr Zahour Ghalem. Rappelons qu’outre la carrière d’Ahl Al Oughlam, plusieurs sites préhistoriques d’âge plio-quaternaire découverts à Casablanca ont un intérêt anthropologique, archéologique, paléontologique et géologique.
