Le Matin : Quel est le montant de l'investissement ?
Khalid Chami : Le lancement de la banque privée a nécessité globalement un investissement d’une vingtaine de millions de dirhams.
Les huit agences pour les clients patrimoniaux sont-elles toutes opérationnelles ?
Non pas encore. Deux sont entièrement finalisées. À la fin de l’année, six autres seront mises en services : 3 à Casablanca et les autres à Fès, Rabat et Marrakech. Les agences d’Agadir et de Tanger-Tétouan seront fin prêtes début 2014.
À part ces régions, prévoyez-vous d'en couvrir d’autres à court terme ?
Il est fort possible que le dispositif évolue en fonction des besoins qui seront exprimés et du potentiel que nous détecterons dans d’autres
villes du pays.
Vous exercez les métiers de la banque privée, que vous institutionnalisez aujourd’hui, depuis déjà une dizaine d’années. Quels sont en général les caractéristiques de ce marché et les besoins les plus exprimés ?
Vous avez raison de noter que la Société Générale est présente sur ce marché depuis le début des années 2000. Elle a ensuite dédié un dispositif à la fois humain et physique en créant des espaces de gestion de patrimoine au milieu des années 2000. Selon les enquêtes et les questionnaires que nous menons auprès de nos clients, le premier besoin qui est très souvent exprimé porte sur la banque au quotidien et des opérations de placements ou de crédits. Cela nécessite une relation personnalisée avec le banquier qui doit être disponible et attentif à ces besoins quand ils sont exprimés. Au-delà de ces opérations, il y a des besoins plus élaborés : conseil en investissement, ingénierie patrimoniale, gestion sous mandat… Il faut que la banque se montre innovante pour pouvoir proposer des solutions très adaptées à cette clientèle très prisée par les banques du fait de l’importante de ses ressources, le nerf de la guerre du secteur.
Quelles compétences humaines mobilisez-vous alors ?
Le dispositif humain mis en place a pour objectif de couvrir actuellement environ 2 000 clients. Dans ce dispositif, nous déployons une équipe commerciale de 22 banquiers privés. C’est donc 90 clients par banquier privé. Ce portefeuille réduit permet à chaque collaborateur d’être très disponible pour son client et donc d’investir pleinement dans la relation. Ces banquiers privés sont pilotés par toute une équipe de direction, en tête Salima Benhima. En tout, environ 35 personnes sont mobilisées pour cette banque privée.
Quels sont vos objectifs à moyen terme ?
Sur l’ensemble des agrégats qui nous intéressent -les dépôts, les crédits, l’épargne, le nombre de clients-nous avons comme objectif de faire progresser notre banque privée de 5 à 10% l'an.
Que représente ce marché au Maroc en général ?
Nous n’avons pas de chiffres exacts sur ce marché. Parce que la définition de client de la banque privée est une définition interne. Il y a des banques qui ont pris comme niveau de base 1,5 million de DH, d’autres 2 ou 5 millions.
Cependant, si vous regardez la répartition de la richesse au Maroc, entre classes riche, moyenne et pauvre, vous trouvez certainement la même répartition dans les banques. Les agences de la banque privée vont nous donner plus de visibilité sur le marché global. En attendant, nous allons, entre autres, analyser le portefeuille de Société Générale Maroc qui compte 720 000 clients particuliers pour étudier qui d'entre eux vont devenir fortunés dans 2 ou 5 ans.
Comment évoluent cette année les activités globales de la banque ?
La SGMA continue de se développer à un rythme régulier. Nous ouvrons une vingtaine d’agences cette année et autant l’année prochaine. Toutefois, il faut dire que nous avons un environnement macroéconomique difficile qui se traduit dans les résultats de la banque. Nous arrivons quand même à générer en 2013 le même chiffre d’affaires que l’année dernière, voire une légère progression : notre PNB, c’est 3,8 milliards de DH. Nous arrivons aussi à maintenir les frais généraux là où ils sont. Par contre, la dimension qui change fondamentalement c’est le risque. Nous avons observé en 2013 un coût du risque en très forte progression et qui a quasiment doublé par rapport à l’année dernière. Cela pénalise nos performances. En point de base, ce coût est d’environ 1,8% alors que dans les meilleures années de la SGMA, il était à 0,5%. En 2012, le coût du risque s'élevait à 1,3%. C’est essentiellement un coût du risque Entreprises, qui ont souffert de la conjoncture notamment dans la sidérurgie, le tourisme ou l’immobilier. Nous avons un provisionnement rigoureux des risques et nous espérons qu’en 2014, ce coût baissera d’une manière significative.