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Une TVA à 7% pour réorienter le secteur vers le marché local ?

Les faits : Les textiliens proposent une réduction de la TVA sur les produits finis vendus localement pour lutter contre l’informel.

Une TVA à 7% pour réorienter  le secteur vers le marché local ?
Les textiliens veulent en finir avec la «sur-focalisation» de leur activité sur la sous-traitance.

«J’ai promis aux professionnels de défendre cette proposition auprès du ministère des Finances». Abdelkader Amara, qui était encore ministre de l’Industrie, du commerce et des nouvelles technologies à l'heure où nous mettions sous presse, est – pour une fois – du même avis que les textiliens. Il nous a, en effet, déclaré qu’il était d’accord avec la proposition de l’Association marocaine des industries du textile-habillement (Amith) de procéder à une révision du taux de la TVA. La profession suggère ainsi une TVA de 20% sur les importations des matières premières des entreprises textiles et une TVA de 7 à 10% pour le produit fini vendu sur le marché local. Une proposition que le ministère semble bien décidé à soutenir. Pour l'Amith comme pour la tutelle, l'objectif est de lutter contre l’informel. «Ce différentiel de TVA contraindrait l’informel à migrer vers le formel ou de carrément disparaître», soutient Amara. Si le ministère obtient le feu vert du chef du gouvernement, cette révision sera inscrite comme mesure de soutien dans la loi de Finances 2014, actuellement en cours d’élaboration.

La révision de la TVA pour le textile fait aussi office de carotte pour amener la profession à se tourner davantage vers le marché local. Le ministre de l’Industrie le confirme d’ailleurs ouvertement. «Je trouve aberrant que nous cherchions à exporter alors que notre marché local, de 45 milliards de DH et qui connait une croissance annuelle de 6 à 7%, reste sous exploité», argue le ministre. Ce dernier estime que l’objectif aujourd’hui est d’inscrire le secteur dans une nouvelle vision avec à la clé une réorientation vers de nouvelles filières à grande valeur ajoutée. Selon lui, il est des secteurs qui n’arrivent pas encore à prouver leur compétitivité d’une manière assez claire, comme le textile-cuir, une activité où le Maroc «n’a pas opéré une grande métamorphose». Il faut dire que ces dernières années, le textile-habillement rime avec stagnation. C’est aussi un secteur fortement concurrentiel à l’international et où les centres de gravité migrent de plus en plus vers l’Asie.

Le gouvernement Benkirane semble en tout cas en rupture avec la politique adoptée jusqu’alors vis-à-vis des textiliens : mettre le secteur sous perfusion à coup d’incitations. Ce qui expliquerait que la tutelle prenne tout son temps pour signer le contrat programme (CP) que les professionnels souhaitaient finaliser avant ramadan (certainement une promesse de campagne mise en avant en juin dernier lors des élections à la tête de l’Amith). Ce CP est censé opérationnaliser la Vision 2025 pour le secteur du textile-habillement. «La nouvelle vision va nous permettre de localiser de nouvelles niches, renforcer le positionnement sur le marché local et installer quelques industries de l’amont notamment la teinturerie et le tissage», indique le ministère.
Dans le détail, l’objectif de la Vision 2025 est d’opérer une rupture avec les stratégies précédentes pour «saisir les opportunités et favoriser l’émergence d’une offre locale de substitution», lit-on dans un document de l’Amith. Ceci passera par le renforcement des filières habillement et textile de maison et la création d’un pôle textile à usage technique (TUT). Les produits de ce dernier segment sont demandés notamment par l'industrie automobile, le secteur médical, les travaux de bâtiment, de génie civil et l’agriculture. Le positionnement du Maroc est en effet encore timide sur les TUT et le textile de maison. Les professionnels ambitionnent aussi d’en finir avec la «sur-focalisation» de l’industrie marocaine sur le modèle de sous-traitance,qui demeure de faible valeur ajoutée à l’export. 

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