L’identité marocaine est plurielle. Nul ne soutiendra le contraire. Le Marocain est un parfait citoyen du monde. Il est à la fois arabe, musulman, juif, berbère, rifain, africain, maghrébin, méditerranéen… Ces ressources identitaires diverses font la richesse du pays. Autrement dit : la pluralité dans l’unité comme essence. Pour conforter cette image, ni figée, ni imposée, l’engagement des jeunes et moins jeune demeure crucial notamment par le biais du travail associatif. Se dégage de ce lot, le président de l’association Marocains pluriels, Ahmed Ghayat. Ce militant avait 18 ans quand il a participé à «La Marche des Beurs» contre le racisme en 1983 de Marseille à Paris. Aujourd’hui, il poursuit cet engagement dans son pays d’origine le Maroc depuis quelques années.
Du réseau Maillage à Marocains pluriels, Ahmed Ghayat dédie toute sa vie au tissu associatif et incite les jeunes à s’y inscrire. Il les aide à s’engager pour la défense des valeurs de tolérance, de pluralité, et la lutte contre toutes les formes du racisme et d’exclusion sociale et culturelle. Son parcours et son expérience dans le domaine associatif sont très riches. Un patrimoine que Ahmed Ghayat a choisi de partager avec les jeunes pour leur rappeler les valeurs de l’engagement. Dans cet esprit, il décide de publier aux Éditions la Croisée des chemins, «De l’autre côté du soleil», un ouvrage à l’allure d’un abécédaire qui célèbre ces valeurs et les met en lumière. Le choix de ce titre, qui sonne comme un message, trouve son explication chez l’auteur dans ce désir de rendre hommage à la jeunesse de ces quartiers populaires communément appelés ainsi. «Ce titre, je ne l’ai pas inventé. C’est le terme qu’emploient nombre de jeunes de quartiers populaires, de quartiers que l’on pourrait baptiser «quartiers d’exclusion» pour désigner le lieu où ils vivent «moura chems». Je l’ai écrit en pensant à eux et également aux jeunes Marocains de France de certaines «banlieues» qui signifie «Lieux mis au ban», ne l’oublions pas.
Ce n’est pas pour passer un message misérabiliste ou défaitiste, mais au contraire, en me fiant à ce que je vis et ai vécu, il s’agit de célébrer tous ces jeunes qui s’engagent pour changer les choses. En fait, on peut être nés ou avoir vécu «de l’autre côté du soleil» et atteindre la lumière par la volonté, la rage de vaincre, la force d’y croire», explique Ahmed Ghayat. Cet ouvrage tend aussi à mettre en avant les différentes potentialités du pays dans le domaine associatif. Et à travers son témoignage de militant avéré, Ahmed Ghayat donne en filigrane des conseils pratiques d’un «Grand-Frère» qui, en somme, encouragent les jeunes à prendre part de ce grand mouvement. «Il est facile de dénoncer, de critiquer, de protester. Cela est sans doute nécessaire, mais il faut aussi faire «passer du souffle», susciter de l’enthousiasme et positiver», ajoute-t-il.
«De l’autre côté du soleil» vient donc à point nommé poser un jalon de plus dans la démarche de ce militant, fervent défenseur des identités plurielles, un thème cher à Amine Maalouf.
«C’est avant tout une expérience à partager, c’est un exercice sur soi-même et pour l’Autre. C’est aussi une sorte de bilan d’étape avant de passer à la suite, il faut de temps en temps «se poser», faire le point, se remettre en cause, évaluer son action dans la vie militante comme dans la vie personnelle… Et puis il faut «laisser des traces» pour se souvenir d’où l’on vient, pour marquer les avancées…», avance Ahmed Ghayat pour qui le parti pris ce n’est pas de prétendre au Prix Goncourt, mais de «témoigner» et de «susciter». Pari très réussi ! De l’autre côté du Soleil est avant tout un opus qui donne de l’espoir, l’envie de bouger, de s’engager et de capitaliser l’image d’un Maroc pluriel. En plein mouvement et en pleine mutation.
