La visite de M. Ban, quelques jours après celle, vendredi dernier, du secrétaire d'État américain John Kerry, intervient alors que l'ONU et Washington ont mis en garde contre un risque de «génocide» et de «famine» dans le pays. Les combats s'y poursuivent malgré un cessez-le-feu signé le 23 janvier à Addis Abeba et malgré des menaces de sanctions américaines. Des pourparlers de paix dans la capitale éthiopienne semblent au point mort.
Le dernier massacré qu’a connu ce jeune remonte aux 15 et 16 avril, journées durant lesquelles plusieurs centaines de personnes ont été tuées à Bentiu lors de la prise de cette ville par les rebelles pro-Riek Machar, l'ex-vice-président entré en rébellion après avoir échappé aux hommes du Président Salva Kiir, qui étaient venus pour le tuer, le 15 décembre 2013.
Le chef de mission de Médecins sans frontières au Soudan du Sud, Raphaël Gorgeu, a qualifié ces actes «d'affront fait à l'humanité» selon l’AFP. «Depuis le début de la crise actuelle, le secrétaire général a appelé de façon répétée les dirigeants (des deux camps) à trouver une solution politique et à mettre fin immédiatement à la violence qui a provoqué les souffrances de tant de civils innocents», a indiqué la Mission de l'ONU au Soudan du Sud (Minuss) dans un communiqué annonçant son arrivée relayé par l’AFP. Selon la Minuss, M. Ban rencontrera le Président sud-soudanais Salva Kiir. Il devrait aussi visiter une des huit bases de l'ONU, dans lesquelles près de 80.000 Sud-Soudanais terrifiés ont trouvé refuge. Le Sud-Soudan a été créé le 9 juillet 2011 à la suite d’un référendum.
Pétrole et conflits interethniques
D'intenses combats se poursuivaient hier mardi autour de Bentiu, capitale de l'État pétrolifère d'Unité (Nord-Est) que l'armée, fidèle au Président Kiir, tente depuis dimanche de reprendre aux troupes loyales à l'ancien vice-président Riek Machar, qui a pris la tête d'une rébellion mi-décembre. Le pétrole est vital pour le Soudan du Sud où il représente 98% des revenus.
Dans ces circonstances marquées par les violences, l’arrêt prolongé de la production menace d’effondrement des structures étatiques déjà fragiles. Mais il n’y a pas que l’or noir. Au fil des affrontements meurtriers, les combats s'accompagnent de massacres et d'exactions contre les civils sur des critères ethniques, attribuables aux deux camps. Le Président Salva Kiir appartient à l’ethnie Dinka aux trois quarts chrétiens. Le chef de la rébellion Riek Machar est un Nuer, groupe ethnique formé en totalité de chrétiens. L’animosité entre ces deux ethnies remonte à la guerre avec le Soudan du Nord durant laquelle de nombreuses milices Nuer avaient combattu aux côtés des nordistes. Au cours de sa visite à la capitale Juba de vendredi dernier, M. Kerry avait menacé MM. Kiir et Machar de sanctions s'ils ne mettaient pas fin aux combats et aux attaques contre les civils. Il avait obtenu un accord de principe des deux dirigeants pour des pourparlers face à face dans la capitale éthiopienne, mais aucune date n'a été fixée.
Lundi, M. Kerry a de nouveau menacé les belligérants de «graves conséquences» s'ils ne respectaient pas leurs promesses.