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Quand l'ado a de mauvaises fréquentations

Le début de l'adolescence et les risques que comportent les mauvaises fréquentations et les mauvaises influences à cet âge inquiètent souvent les parents. Pour protéger leur enfant et éviter de mauvaises surprises, ces derniers essayent de contrôler toutes ses relations.

Quand l'ado a de mauvaises fréquentations
Si on n'y prend garde, les adolescents peuvent très vite mal tourner, souvent pour s'affirmer.

Durant la petite enfance et les premières années de l'école, l'enfant est surtout influencé par ses parents, malgré la présence de nombreux personnages dans sa vie. Aux yeux de l’enfant, les parents sont des superhéros, le modèle à suivre… À l'adolescence, ce n’est plus la même chose. Les jeunes changent rapidement sur les plans physique, cognitif, affectif, et sur le plan de leurs intérêts aussi. Du coup, ils commencent à s’éloigner petit à petit de leurs parents et remettent ceux-ci en question, pour prendre plus d'autonomie et prouver qu'ils sont différents.
Souvent à cet âge, les parents sont surpris de voir leur enfant contester leur autorité, en se montrant impoli avec eux ou en ne se confiant plus à eux parce qu'ils sont devenus, à ses yeux, trop «dépassés» pour comprendre les problèmes de la nouvelle génération. Face à cette situation, les parents se sentent généralement marginalisés et ont l'impression d'avoir perdu le contrôle sur leur ado, surtout lorsque ce dernier commence à fréquenter trop souvent ses amis.

Il est important de comprendre que les relations que l’adolescent établit avec ses pairs peuvent avoir un impact important sur la confiance en soi et son estime personnelle. En effet, d’après les spécialistes, ce sentiment d’appartenance à un groupe est important à un moment donné de la vie du jeune ado en pleine construction psychologique au niveau de son identité. L’adolescent va se définir, durant cette période, comme membre de ce groupe qui adopte un langage commun, partage les mêmes idéaux, les mêmes comportements… Sur le plan psychologique, l’adolescent va retirer de la fierté de cette appartenance. Il pourra ainsi exprimer ses désirs et s’affirmer au travers du groupe. Cette appartenance lui donnera une certaine confiance en lui. Au sein de ce groupe, l’adolescent va pouvoir vivre et résoudre ses problèmes, gérer ses conflits intérieurs et développer des qualités relationnelles et sociales déterminantes pour sa vie de futur adulte.

Mais même si l’appartenance à un groupe est importante pour le développement psychologique de l’enfant, le choix de ses amis doit également être pris au sérieux. Les parents ont toujours du mal à cacher leur inquiétude lorsqu’ils voient leur enfant fréquenter des adolescents qui ne leur plaisent pas beaucoup : des jeunes ayant un look vestimentaire bizarre, qui parlent d’une façon non respectueuse, des délinquants... brefs, des amis qui représentent tout ce que les parents désapprouvent ! Ils essayent alors de les surveiller de plus près pour les éloigner de ces mauvaises fréquentations. D’après les spécialistes, quand on repère très tôt les «mauvais amis», il est possible de prévenir. Il faut surtout rester vigilant et surveiller les «libertés accordées» en posant toujours des questions sur les amis et en restant en contact avec leurs parents aussi.
Pour aider son enfant à se remettre d’une mauvaise fréquentation, il faut avant tout savoir l’écouter et ne surtout pas lui dire directement du mal de son ami. On va plutôt souligner son comportement et mettre subtilement ses fréquentations à l’écart. Subtilement aussi, il faut lui apprendre à dire non et faire en sorte qu’il démystifie cette relation. Il faut lui faire prendre conscience que ces personnes s’avèrent souvent être dangereuses, ce qui demande du temps.

Il faudra attendre que ces personnes le déçoivent. Les parents peuvent également faire appel à un adulte ou à un adolescent plus âgé qui pourrait établir une relation de confiance avec l’enfant. Il peut s'agir d'un membre de la famille élargie, les parents peuvent demander à cette personne de rester en contact avec le jeune ado et d'essayer de l'orienter dans la bonne voie, dans la mesure du possible. Il est préférable qu'il s'agisse d'un adulte ou d'un adolescent plus âgé qui a un bon jugement. La plupart des adolescents se confient seulement à leurs pairs. 


Explications

Imane Haddouche, coach

«C'est le besoin d’appartenance et de reconnaissance qui peut inciter l'adolescent à faire de mauvais choix»

À partir de quel âge peut-on craindre que son enfant ait de mauvaises fréquentations ?
Il n’y a pas d’âge pour craindre les mauvaises fréquentations. Les relations et amitiés de nos enfants doivent être une éternelle préoccupation. Autant dire que cela commence très tôt, et les bonnes habitudes doivent être apprises le plus tôt possible. Toujours est-il que jusqu’à treize ou quatorze ans, l’enfant reste sous le contrôle permanent, soit des éducateurs à l’école, soit des parents ou des nounous à la maison, et à un moment donné, quand l’adolescence point, il devient de plus en plus difficile de les garder cantonnés à la maison.
C’est à ce moment-là qu’il faut redoubler de vigilance puisque les parents ne sont plus au courant de ce qui se passe quand leur adolescent est dehors. C’est aussi à ce moment-là que les enfants deviennent de jeunes adultes en demande d’affirmation et d’individualisation, mais aussi en manque d’acceptation et de reconnaissance par un groupe.

Quels sont les signes qui doivent alerter les parents face à d'éventuelles mauvaises fréquentations de leur ado ?
Les signes à observer sont au final peu nombreux : la chute de ses notes et de son niveau scolaire de manière brusque et très significative, des réclamations fréquentes de son école ou de tierces personnes concernant son comportement, l’utilisation de substances nuisibles (cigarette, drogue, alcool…), de la violence dans le comportement ou l’implication dans des actes délictuels, une dépression ou un profond sentiment d’insécurité et une peur incompréhensible (dans le cas d’appartenance à un groupe de petits caïds juste par peur et pour éviter d’être malmené).

Y a-t-il une différence entre une fille et un garçon dans le fait de s'entourer de mauvaises fréquentations ?
Dans notre société patriarcale, hélas, on observe que les garçons sont plus enclins à avoir de mauvaises fréquentations. C’est que le cliché véhiculé veut que le garçon «soit un homme» et que viril veut dire «être un dur à cuire»… un tas de préjugés que la société transmet au garçon, et malheureusement, les parents y contribuent très souvent, sans faire attention.

Comment sortir son enfant d'une relation toxique pour lui sans qu’il se sente espionné ou contrôlé ?
Tout d’abord, il est évident que lui interdire de fréquenter ses amis n’est pas la bonne stratégie, puisqu’il est dans une phase d’opposition, et il fera tout le contraire de ce que vous lui recommandez. Ne critiquez jamais ses amis de manière directe et ouverte, cela ne fera que vous éloigner de lui, puisque pour lui : «ces amis le comprennent de toute façon mieux que vous». Mais dites-lui ouvertement ce que vous reprochez à ses amis, tout en restant dans le factuel. Au lieu de dire par exemple : «ces amis sont des mal élevés et des bons à rien, et en plus, ils fument !», dites-lui : «je suis certain que tes amis sont très sympas avec toi, mais je n’aime pas qu’ils fument et je ne veux pas que tu apprennes de mauvaises habitudes».
Critiquer les amis de votre adolescent a chez lui une deuxième lecture : vous n’êtes pas en train de le protéger ou d’essayer de lui éviter des soucis, mais vous êtes en train de remettre en question «son aptitude au jugement», de vous opposer à son «indépendance», et d’essayer de le «contrôler» et d'exercer votre autorité de parent.

Quels sont les conseils que vous pouvez donner aux parents pour protéger leur ado ?
Vous ne pouvez contrôler ses choix, contrôlez alors son temps libre et intéressez-le à des activités culturelles ou sportivesn, assouvissez son besoin de reconnaissance et d’appartenance à un groupe, en l’inscrivant dans une activité d’équipe, assouvissez son besoin d’être intégré et accepté en l’aidant à construire son estime de lui-même, rappelez-lui qu’il est unique et qu’il doit être aimé pour ce qu’il est, et non pour ce qu’il fait pour les autres, établissez des limites et des règles dès le départ, guidez-le, donnez l’exemple, transmettez vos valeurs et votre vision de ce qui est bon ou mauvais dans la vie, posez des limites très claires par rapport aux vraies valeurs, et fermez les yeux sur les petits détails.

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