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«Lodgy n’est certainement pas un faux pas parce qu’il est dans la logique de Dacia»

Après une incompréhension de ses propos concernant un éventuel arrêt de la production du Dacia Lodgy à l’usine de Renault à Tanger,  Arnaud Debœuf, directeur du Programme Entry au sein du Groupe Renault, que nous avions rencontré récemment au Mondial de Paris, revient sur ce malentendu qui a fait couler beaucoup d’encre au Maroc, et aussi sur le bilan, les difficultés, les perspectives et les clés du succès de la marque Dacia.

«Lodgy n’est certainement pas un faux pas parce qu’il est dans la logique de Dacia»

Le Matin Auto : Nous allons commencer par une question qui intéresse beaucoup les Marocains. Pourriez-vous nous détailler la situation actuelle et l’avenir du modèle Lodgy ?
Arnaud Debœuf : Effectivement, il y a eu récemment une incompréhension de ce que j’ai dit à propos de Lodgy. Et vous me donnez l’occasion de clarifier ce malentendu. J’affirme que nous n’avons pas du tout l’intention d’arrêter Lodgy, ni Dokker. Ce sont des véhicules qui font leur travail et dont les clients sont très satisfaits. À titre d’exemple, Dokker est le MPV qui marche le plus en Espagne. De son côté, Lodgy continue de conquérir de nouvelles parts de marché et est très dynamique en Turquie. Au Maroc, nous avons un projet de Lodgy taxis.
En parallèle, nous allons également démarrer la production de ce véhicule dans d’autres pays, notamment en Inde. Ce marché sera approvisionné en pièces de rechange à partir du Maroc.
Par ailleurs, comme vous le savez, nous présentons cette année au Mondial de Paris deux dérivés Stepway du Dokker et du Lodgy. Tout cela montre que nous avons beaucoup d’ambitions pour ces deux modèles.
Par ailleurs, si nous additionnons les ventes du Lodgy, du Dokker et de la Logan MCV, nous constaterons que nous avons presque doublé nos ventes par rapport à la situation d’avant où nous n’avions que l’ancienne Logan MCV. Nous sommes donc satisfaits des résultats de ces véhicules qui restent rentables et il n’y a absolument aucune raison pour que Dacia décide d’arrêter leur production.
En revanche, et c’est ce que j’avais dit et qui a été mal interprété, nous pouvons être déçus par le niveau de ventes du Lodgy, mais pas par ses parts de marché. Mais c’est connu, le segment du MPV a énormément baissé. Il faut également souligner que nous avons remplacé une voiture (ancienne Logan MCV) par trois voitures (nouvelle Logan MCV, Lodgy et Dokker). La baisse peut donc s’avérer normale. Je précise donc qu’au moment du renouvellement de ces véhicules, c’est-à-dire dans une dizaine d’années peut-être, on se posera la question s’il faut garder les trois modèles ou pas et on prendra les décisions qui s’imposent. Je rassure donc tout le monde. Lodgy et Dokker ont de l’avenir.

Dacia étant une marque habituée au grand succès commercial de ses modèles, est-ce qu’on peut dire que Lodgy, dont les ventes ne sont pas en phase avec les objectifs, est le premier faux pas de la marque ?
Je pense que non. De mon point de vue, ce qui serait un faux pas de la marque c’est le fait de s’éloigner de son ADN et de ses promesses. Dans chaque segment important, la promesse de Dacia consiste, rappelons-le, à offrir un produit en rupture de coût avec ses concurrents. Une grande voiture, spacieuse, fiable avec un niveau d’équipements satisfaisant, le tout à un prix très contenu.
Quand je regarde Lodgy, nous sommes exactement dans cette logique.

Mais son design ne plait pas…
C’est vrai. Le design est moins inspiré que celui d’un SUV, par exemple. Ceci dit, la première Logan n’avait pas un design très inspiré non plus. Lodgy n’est certainement pas un faux pas parce qu’il est dans la logique de Dacia. C’est vrai, les ventes ne sont pas très satisfaisantes parce que le segment des monospaces a baissé. Ce n’est pas un faux pas non plus parce que c’est un véhicule rentable. Comme nous l’avions conçu sur la plateforme M0, en parallèle avec Dokker, nous avons les effets volumes qu’on voulait et nous avons les niveaux de prix qu’on voulait. Donc, ce n’est pas une erreur stratégique. Toutefois, nous nous remettrons en question au moment des renouvellements. D’ici là, on aura le temps pour y réfléchir.

Qu’en est-il des autres modèles Dacia ?
Les autres modèles se portent toujours très bien. Duster caracole à la tête des ventes de Renault. De son côté, Sandero, entre la version de masse et la version Stepway, enregistre de superbes performances : c’est le modèle le plus vendu en Espagne et en France. Dacia occupe également la première marche du podium au Maroc.
Par ailleurs, c’est la marque qui croit le plus en ce moment. C’est très important pour nous parce que nous venons de renouveler nos modèles. C’est donc une confirmation.

Justement, quelles sont les clés du succès de la marque Dacia ?
La cohérence. Quand nous fabriquons une voiture Dacia, nous cherchons à respecter notre ADN : du volume, de l’équipement au juste nécessaire (il ne faut pas qu’on soit en dessous, ni en dessus de la demande de nos clients), en plus d’un design qui progresse. Tous ces éléments sont traités avec cohérence dès la conception du produit en passant par le design, l’ingénierie, la production, la distribution, la logistique, le marketing. Tous ces éléments sont cohérents pour arriver au meilleur prix.

Pourquoi le futur petit véhicule de Dacia est-il destiné au marché indien en premier lieu ?
Si vous vous souvenez de Logan, vous allez vous rappeler que nous avions commencé en disant qu’elle est destinée à la Roumanie et aux pays émergents de l’Europe de l’Est. Mais tout de suite après son lancement, elle arriva à Casablanca. Pour ce nouveau petit véhicule, c’est un peu pareil. Nous commençons par bien nous concentrer sur le premier objectif qui est un lancement en Inde. Mais ce n’est pas une voiture pour l’Inde uniquement. C’est une voiture pour le monde. Nous commencerons par l’Inde et après on verra. Déjà, il y a le Brésil juste après l’Inde. D’autres marchés suivront.

Quels sont les autres axes de développement de la marque à moyen et long termes ?
C’est surtout rester dans notre logique et ne pas en sortir. Ne pas chercher à monter en gamme ou en prix. C’est sûr, nos clients sont de plus en plus exigeants, et vous l’avez constaté, la nouvelle Logan est un cran au-dessus de la première, mais elle est au même prix. Il faut chercher à se renouveler, à offrir plus tout en écoutant ce que nous demande notre marché pour progresser. 

Propos recueillis en marge du Mondial de l’automobile de Paris par Mohamed Akisra

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