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Comment aider ses enfants à devenir des adultes ?

Quand l’enfant devient adulte et quitte le cocon familial, il se doit d’être autonome. Il n’y a plus papa-maman pour les aider, passer derrière eux ou payer les factures. Cette transition est parfois mal vécue par les enfants. En cause : des mamans poules et des stéréotypes bien ancrés.

Comment aider ses enfants  à devenir des adultes ?
Les femmes aujourd’hui ne sont plus toutes des femmes au foyer et ont pour beaucoup un emploi leur laissant moins de temps pour s’occuper de la maison.

Les enfants apprennent par eux-mêmes, bien souvent avant que les parents n'abordent le sujet : ils observent les situations, enregistrent les réactions des adultes aux évènements et vont les copier. Ce sont les neurones miroirs qui sont les vecteurs les plus puissants des apprentissages. Toutefois, il suffit d'un contre-exemple dans la famille pour tout faire capoter, car celui qui s'autorise à ne pas faire comme les autres semble détenir un pouvoir. Si vous n'êtes pas positif vis-à-vis de ces sujets, vous aurez du mal à faire passer votre enseignement. Si vous êtes positif, il faut penser en termes d'éveil, d'initiation, de découverte et de responsabilisation progressive. Enseigner avec le sourire autant que possible, montrez l'exemple. Donnez de véritables explications, de vraies raisons. Exprimez votre satisfaction devant les bonnes actions, encouragez...

L’argent

Entre deux et quatre ans, les enfants ne savent pas encore compter et ne peuvent pas comprendre la notion d’argent. Cependant, vous pouvez d'ores et déjà leur apprendre l’importance de ne pas tout obtenir immédiatement. Essayez de ne pas satisfaire sur-le-champ tous les désirs de votre enfant. Par exemple, s’il réclame un bonbon, dites-lui que s’il attend 10 minutes, vous lui en donnerez deux. Quand l’enfant est scolarisé, vers 5-6 ans, il commence à apprendre à compter. L’occasion de commencer à lui donner de l’argent de poche. Une petite somme au début, afin qu’il puisse gérer ses dépenses et apprendre ce en quoi consiste l’épargne, les économies. De plus, les enfants sont la cible privilégiée des publicitaires. Nouveaux jeux, jouets, friandises, vêtements sont autant de sources d’attractions pour vos enfants. Sans cesse soumis à des pressions sociales les incitant au conformisme, ils feront tout pour inciter leurs parents à les leur offrir. Il convient donc de leur expliquer que les pubs sont une technique d’intimidation pour pousser les consommateurs à acheter et se renflouer les poches en vidant les vôtres…
Au début de l’adolescence, les jeunes commencent à faire plus de sorties avec leurs amis. Pour les responsabiliser, encouragez-les à travailler à temps partiel. Cela leur permettra de constater que le coût de la consommation se mesure selon le nombre d’heures consacrées au travail. De cette façon, votre adolescent comprendra mieux la valeur du travail et de l’argent et apprendra à être raisonnable dans ses achats.

Les tâches ménagères

Ranger sa chambre, faire le ménage, la vaisselle, la cuisine… Autant de tâches imputées aux femmes. Et certaines familles ont des stéréotypes bien ancrés. Maman fait tout pour son fils et n’éprouve pas le besoin de le faire participer aux tâches ménagères «dont s’occupera sa femme quand il sera marié de toute façon». Seulement voilà, les femmes aujourd’hui ne sont plus toutes des femmes au foyer et ont pour beaucoup un emploi leur laissant moins de temps pour s’occuper de la maison. Selon les statistiques, les femmes qui travaillent assument encore 80% des tâches ménagères contre 20% pour leur conjoint. Ainsi, un homme qui ne fait rien est source de tension dans le foyer. Pour éviter cela, il est important de placer les deux sexes sur un même pied d’égalité, et ce, depuis leur plus jeune âge. Un enfant qui joue enchaîne les activités sans se soucier du bazar qu'il peut laisser derrière lui. Lorsqu'il range spontanément ses affaires, c'est souvent parce qu’il vous a vu le faire et qu'il vous imite. À partir de 3-4 ans, arrêtez de ranger à sa place, mais accompagnez-le plutôt dans cette tâche. Expliquez à votre enfant que les pièces de vie commune doivent rester agréables pour tous ceux qui y séjournent. Donc pas question qu’il laisse traîner ses jouets ni ses vêtements sales partout. Il faut d'abord que votre enfant comprenne que le rangement est une question de respect pour ceux qui vivent avec lui, mais aussi d’organisation qui peut lui faciliter la vie.
Par exemple, s'il range toujours son jeu favori dans la caisse rouge, il est sûr de le retrouver à chaque fois qu'il en a envie idem pour ses livres d’école. Enfin, sachez que la tâche la plus facile à inculquer à ses enfants est très certainement la cuisine. En effet, quel enfant refuserait de vous aider à réaliser un gâteau au chocolat ? En attendant que le cake cuise, on pourra lui demander de nettoyer les ustensiles histoire de l’initier à la vaisselle, cela dit votre bambin aura très certainement léché le plat et les cuillères qui seront comme neuf… 


Explications

Bernard Corbel,psychologue psychothérapeute à Casablanca

«Tout commence dès deux ans et demi»

Quel est l’âge idéal pour initier ses enfants aux tâches ménagères ou leur apprendre la valeur de l’argent ?
À partir de deux ans et demi, un enfant commence à apprendre beaucoup de choses. On peut lui expliquer – dans son langage – avec un niveau de complexité adapté tous les sujets de la vie pratique.
Par contre, il n'est pas recommandé de crier, de menacer, de frapper et cela d'autant plus que l'enfant est jeune. Tout en vous écoutant, l'enfant doit gérer tous les côtés de sa petite personne et les efforts qu'on lui demande peuvent heurter d'autres besoins actualisés en lui, mais à votre insu (par exemple ses besoins de compréhension et d'affirmation personnelle). Il paraît vous résister, mais vous devez accepter sa résistance, sans plus. Vous essayez de comprendre ses besoins et remettre la leçon de vie à un meilleur moment sans vous arcbouter, sans bloquer sa personne.

Est-ce la même chose pour les deux sexes ?
Ça devrait être la même chose pour les deux sexes, mais les stéréotypes de genres ont encore quelques dizaines d'années devant eux, au moins pour certaines sociocultures, car il y a des milieux et des tranches d'âge qui conçoivent des différences importantes sur ce sujet et les transmettent à leurs enfants. Maintenant, il est temps d'égaliser les deux sexes devant les quatre sujets abordés !

Être maman poule est-il un défaut ?
En dépit d'une image de courage et de sécurisation, la maman poule risque d'être celle qui retient ses poussins sous ses ailes, chose qu'elle croit bénéfique pour ses petits. Les enfants ont deux besoins essentiels : la sécurité et la découverte. La sécurité c'est d'accueillir quand quelque chose est difficile, de rassurer, d'ouvrir ses bras (ses ailes pour la poule), et la découverte c'est de permettre la prise de risque.
Observez comment une chatte initie ses chatons à l'autonomie en leur montrant le chemin puis on les laissant faire tout seuls, quitte à ce qu'ils dégringolent d'une branche. C'est vrai dans l'ensemble de la nature. Notre pouvoir d'expliquer ne doit pas être utilisé pour empêcher le développement, mais pour l'encadrer. Notre capacité à sécuriser ne doit pas se refermer comme un piège qui garde l'enfant dans son système au lieu de lui donner l'autonomie.

Quelles répercussions sur la vie adulte quand on est toujours derrière eux ?
Quand on est toujours derrière les enfants, on est aussi toujours devant eux pour bien leur barrer la route de l'expérience et de l'autonomie. Invariablement, le jeune sera plus tard ainsi exposé à des accidents dus à sa méconnaissance, à sa maladresse. Ne connaissant pas la méchanceté et la cruauté de certains, il en deviendra la victime de prédilection. Il ne restera que le mariage pour tenter une fuite vers l'autonomie, mais cela aboutira en principe à une erreur regrettable de choix.
D'autres seront en inhibition face à la société de leurs semblables, c'est à dire avec d'importantes carences de confiance en soi, beaucoup d'anxiété. Il en résulte parfois des problèmes psychologiques, dont des troubles de l'humeur parfois importants.

Comment faciliter la transition ?
Pour faciliter la transition, dans l'idéal il faudrait une mentalité orientée par le devenir de la vie. Celle-ci s'oriente justement en direction de l'avenir et des jeunes qui ont l'avenir en héritage.
Si les parents pensent que les valeurs et le sens de la vie sont figés dans un passé mythique, que tout est déjà écrit, alors il y a peu de choses à faire pour le jeune sinon de continuer à le retenir au sein de la famille en l'étouffant ou en le cassant psychologiquement (à ce sujet rien de tel que l'injustice et l'humiliation). Mais si on est bien d'accord pour s'ouvrir à la vie, alors on continuera d'offrir la sécurité par l'accueil inconditionnel du jeune – qu'il soit fille ou garçon – vers sa famille et donc en lui permettant le retour quand c'est nécessaire, avec bonté et écoute, tout en lui ouvrant la porte du monde pour qu'il le conquière à sa manière, en l'encourageant et en l'assistant s'il en exprime le besoin...

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