Pour toute l’année 2014, Holcim sera considérée comme un concurrent de Lafarge au Maroc. C’est ce qu’affirme Saâd Sebbar, administrateur-directeur général de Lafarge Maroc, interpellé sur la fusion prévue à l’échelle mondiale entre les deux groupes cimentiers Holcim et Lafarge. Ces derniers semblent déterminés à mener leur projet de fusion rapidement, qui ne sera réalisable qu’au 1er semestre 2015 dans le meilleur des cas, estime Sebbar. Pour une question de taille, la priorité a été donnée aux filiales européennes et nord-américaines. «Dans le reste du monde, il y a quelques pays où les deux groupes ont une présence importante, dont le Maroc, mais aussi le Brésil, la Malaisie, l’Inde et la Chine. À un moment donné, les deux parties auront à étudier les cas spécifiques de ces pays. Il nous sera ainsi demandé de mener ces travaux pour voir à quoi ressemblera une fusion entre les deux filiales marocaines», a déclaré au journal Le Matin le DG de Lafarge. Saâd Sebbar s’exprimait le 13 mai à Casablanca en marge de la présentation des résultats 2013 de la filiale et du lancement de sa nouvelle offre pour le logement économique.
Premier cimentier du pays, Lafarge Maroc dispose d'une capacité de production supérieure à 6,5 millions de tonnes et revendique environ 35% du marché à fin 2013. La filiale du groupe Lafarge et de la SNI a réalisé un chiffre d’affaires consolidé stable (+0,1%) à 5,05 milliards de DH, mais un résultat net en hausse de 10,6% à 1,4 milliard de DH, après une chute de 24% en 2012. «Nous nous inscrivons en droite ligne avec la nouvelle stratégie du groupe pour poursuivre la transformation de Lafarge Maroc afin de devenir non seulement un fabricant de matériaux mais essentiellement un fournisseur de solutions innovantes pour la construction. Et c'est l'esprit de la nouvelle signature lancée en 2013 : construire des villes meilleures», indique Saâd Sebbar. Ce dernier affirme que son objectif est de maintenir la part de marché à 35%, voire l’améliorer d'un point cette année, avec comme leviers de croissance la différenciation à travers l'innovation. Sur ce volet, Lafarge Maroc devra lancer avant fin 2014 son 1er laboratoire de développement de systèmes constructifs à Bouskoura, en région casablancaise.
L'objectif est de développer ses systèmes constructifs les plus adaptés au marché local en collaboration avec les architectes et des universités. Parallèlement à cette stratégie, l'entreprise compte poursuivre ses investissements sur l'ensemble de ses métiers, ainsi que la maîtrise des coûts et l'excellence opérationnelle.
«Nous avons investi 8 milliards de DH durant les 10 dernières années. Pour les 5 prochaines, nous avons déjà annoncé un investissement de 3 milliards de DH pour une nouvelle cimenterie dans la région de Souss-Massa-Drâa. Mais nous allons continuer à investir entre 250 et 350 millions de DH par an pour le développement de nos activités et le maintien de nos sites», révèle au journal Le Matin Saâd Sebbar.
En effet, l'investissement phare reste cette nouvelle cimenterie dans la région de Souss-Massa-Drâa. En 2011, Lafarge Ciments avait, pour rappel, signé une convention d’investissement avec le gouvernement pour la construction de cette unité. L'usine doit entrer en service en 2017, selon Saâd Sebbar, augmentant la capacité de production de Lafarge Maroc de 1,7 million de tonnes. L’entreprise va également investir 120 millions de DH à Rabat dans un projet pilote de valorisation de déchets ménagers pour la production d'énergie.
Rappelons que Lafarge Maroc est très active dans le développement durable. En 2013, ses usines de Tétouan et Bouskoura ont assuré 80% de leurs besoins en énergie à partir de l’éolien. Par ailleurs, l’entreprise a présenté hier en avant-première une nouvelle offre pour le logement économique. Ces solutions constructives seront officiellement lancées le 28 mai à Casablanca et promues dans les principales villes du Royaume à partir de septembre.
