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Élever un enfant nerveux, une tâche difficile

Il n’est pas rare d’entendre des parents se plaindre de la nervosité de leur enfant. Un comportement irritant qui les laisse souvent bouche bée.

Élever un enfant nerveux,  une tâche difficile
Parmi les principales causes de la nervosité de l’enfant figure les faiblesses des parents.

Avoir un enfant nerveux et facilement irritable dans la maison est difficile à supporter. De nombreux parents sont désemparés face aux multiples crises de colère que piquent leurs enfants. Pour certains, cette nervosité devient un frein au sommeil, pour d’autres, habiller leur bambin devient une lutte et relève d’un vrai parcours du combattant. Cette nervosité et l’incapacité à rester en place sont des comportements normaux.
Les petits âgés de deux à quatre ans sont fréquemment en colère. La frustration comme toute entrave à leur satisfaction immédiate sont un prétexte pour se mettre en colère.

Bien que cela soit désagréable, la colère est pour eux un moyen d'expression. Elle témoigne de la frustration ou de la peur ou bien encore de l'envie d'autonomie, de décider «tout seul». Ces crises peuvent donc être causées par le fait qu’il est en train de faire la découverte de son environnement, ou tester sa capacité pour savoir jusqu’où il peut aller. Cela peut aussi être un test pour juger et contester l’autorité de ses parents.
Généralement, l’enfant nerveux ne reste jamais en place et a toujours besoin de bouger. Pour le mettre au lit et pour l’habiller, on doit toujours faire face à son énervement, à ses cris et à ses pleurs. C’est le genre d’enfant capricieux qui se met rapidement en colère lorsqu’on ne répond pas favorablement à sa demande.
Aussi parmi les principales causes de la nervosité de l’enfant figure les faiblesses des parents. Les hésitations, les contradictions, les atermoiements, les accommodements, les indulgences excessives, les gâteries habituent l'enfant à voir s'évanouir devant lui les résistances et les difficultés. Il s'ensuit que ses énergies sont privées de leur stimulant naturel et que ses désirs s'exaspèrent au point de le rendre malheureux dès qu'un obstacle s'oppose à leur satisfaction.

Contrairement à ce qu'on pense généralement, la nervosité ne se traduit pas toujours par de l'agitation.
Devant une menace, par exemple, le colérique réagit par une attitude agressive et révoltée ; mais le peureux s'y soustrait par la fuite. Tous deux sont nerveux, mais chacun à sa façon. Aussi, lorsqu'on dit qu'un enfant est nerveux, on n'explique pas grand-chose, étant donné le nombre considérable des manifestations diverses de la nervosité, mais on souligne en tout cas un fait commun à tous les nerveux, c'est qu'ils sont tous affligés d'un manque de contrôle de leurs nerfs, de leurs sentiments et de leur affectivité. Pour les enfants colériques, il faut savoir qu’il ne sert à rien de lui faire entendre raison lors de la crise. Il faut lui accorder le temps de se calmer.

Pour les petites crises de nerfs, il faut éviter de céder à tous ses caprices afin de ne pas favoriser cette attitude. Expliquez-lui gentiment la raison de votre refus. Dans le cas d’une grosse crise de colère et de larmes, il est préférable de l’isoler dans sa chambre, pour qu’il puisse se calmer. Ensuite, rassurez-le en le prenant tendrement dans vos bras. Il est également important de lui consacrer chaque jour si possible une petite discussion à cœur ouvert le soir au coucher de préférence pendant 2 à 5 minutes. Être à son écoute, pour le calmer et le rassurer. L’enfant doit se sentir en sécurité dans sa famille et n’avoir aucun doute sur l’amour que lui portent ses parents. Il doit sentir que l’un et l’autre seront toujours justes à son égard, qu’il peut compter sur eux pour être guidé avec fermeté et compétence jusqu’à l’âge adulte, où il devra lui-même prendre ses responsabilités. Par ailleurs, il faut essayer de donner de l’attention à l’enfant lorsque ses comportements sont acceptables.

Par exemple, les parents peuvent récompenser leur bambin s'il fait quelque chose de bien (s'il n'a pas fait de crise pendant un certain temps, lui acheter un jouet en lui expliquant que c'est parce qu'il a été sage). On peut également lui dire que tant qu'il sera sage, il pourra avoir des cadeaux de temps en temps.


Témoignage

Morad 38 ans, père de Jad, 4 ans 

«Help ! mon fils est trop nerveux»

«Notre fils, qui a à peine quatre ans, est hypernerveux. Sa mère et moi ne savons plus comment il faut se comporter avec lui. Il a toujours été comme ça, depuis sa naissance. Quand il était bébé, il pleurait et criait tout le temps, parfois même jusqu'à ce qu'il s’évanouisse. On croyait que cela était passager et qu’en grandissant il va commencer à se calmer, mais ce n’est pas du tout le cas. Il pleure et crie toujours et sans aucune raison valable, le matin quand il se réveille à midi, le soir, lorsqu'il veut regarder les dessins animés, lorsqu’il fait une bêtise… Quand il pique une crise de colère, il commence à se rouler par terre et devient même parfois violent et nous frappe. Nous sommes à bout. Nous avons tout essayé : être gentils et compréhensifs, sévères, autoritaires, mais rien à faire. Son cas nous inquiète beaucoup».


Explications

Bernard Corbel,psychologue-thérapeute

«Si l'enfant est nerveux à la maison et à l'école, cela veut dire que le problème est particulièrement important»

Un enfant naît-il nerveux ou est-ce que c'est l'éducation qui joue un rôle dans son comportement agressif ?
Il est très difficile de déterminer si le problème de la nervosité est d'origine native ou d'origine acquise. Comme dans bien des cas les deux origines peuvent apparaître mêlées. Au-delà d'un acquis génétique toujours possible, l'enfant hérite des troubles psychologiques de ses parents c'est-à-dire de ce qu’eux-mêmes n'ont pas résolu. L'enfant s'imprègne de ce que sont ses parents plus que de ce qu'ils cherchent à lui enseigner. Bien souvent, à cause des facteurs génétiques et psychologiques hérités et à cause des comportements dans l'environnement familial, les enfants éprouvent une difficulté à vivre avec bonheur, ce qui fait songer à un état de dépression infantile. Cette dernière génère excitation et anxiété, dans ces conditions il peut réagir avec des colères importantes qui seront donc taxées d'agressives. L'étiquette d'enfant agressif est une façon d'enterrer l'ensemble des problèmes extérieurs à sa personne et de l'enfermer dans sa propre difficulté sans chercher à comprendre les problèmes posés au sein de la famille.

Quand le bébé est très nerveux, dès ses premiers mois de vie, est-ce que cela doit inquiéter les parents ?
Comme nous le disions, la nervosité du bébé est consécutive à la fois à son hérédité et aux problèmes psychiques non résolus des parents. Dans ces conditions, le comportement agressif du bébé est comme un signal d'alerte, il faut sécuriser le petit en lui apportant le maximum de soins de maternage, ce dont il a un besoin renforcé, et en alerter le pédiatre ou le pédopsychiatre. Les parents devraient, de leur côté, consulter un psychologue pour exposer le problème que leur pose cet enfant trop nerveux. Prendre en charge de façon familiale la problématique, les parents consultant tous les deux, permet d'améliorer la situation familiale et donc aussi celle du bébé dans des proportions remarquables.

Être un parent sévère est-il bénéfique ou nocif pour le développement de l'enfant et son éducation ?
Si on se réfère à l'expérience que procure le cabinet de consultation, il est extrêmement rare de trouver un effet bénéfique à la sévérité. Dans bien des cas il faudrait, du reste, se demander si le mot sévérité n'est pas utilisé à la place des mots dureté, froideur, insensibilité. Les parents pour être efficaces doivent être conscients qu'ils ont à mettre en place un cadre éducatif clair et perceptible pour leurs enfants, de sorte que les règles du jeu soient bien fixées. Mais les transgressions ne doivent pas être punies avec méchanceté, les punitions doivent avoir une vertu pédagogique. Il est encore courant d'entendre parler d'enfants frappés avec une ceinture quand ce n'est pas avec la boucle de la ceinture. De telles pratiques engendrent le refoulement de la colère et de la peine chez l'enfant et ses complications par la suite. Le sentiment d'avoir été victime d'une injustice peut également provoquer des troubles importants de la personnalité. Les parents qui punissent devraient toujours réfléchir pour savoir s'ils punissent avec une justice qui sera reconnue par leurs enfants c'est-à-dire si la punition est finalement parfaitement acceptable. La meilleure punition est symbolique, doit porter sur une privation modérée.

Quand l'enfant est très nerveux à la maison et à l'école, comment doivent réagir les parents ?
Si l'enfant est nerveux à la maison et à l'école, cela veut dire que le problème est particulièrement important et que cet enfant n'arrive pas à se sortir des émotions sur-intenses qui le traversent (souffrance psychique, anxiété, angoisse, etc.). Dans un tel cas, les parents doivent redoubler d'intelligence et d'attention et s'en ouvrir aux spécialistes de l'école, du milieu médical et psychologique. De même, il peut apparaître assez intéressant de confier l'enfant à un psychologue, car dans bien des cas, juste de se savoir pris en charge et de pouvoir s'exprimer, l'enfant en retire des bénéfices importants et devient un acteur de son propre changement. Les parents ne doivent pas se défaire, pour autant, de leurs propres responsabilités c'est-à-dire que de leur côté ils doivent exposer leurs propres problèmes à un spécialiste et rechercher les comportements les plus judicieux à adopter vis-à-vis de leur enfant et entre eux.

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