La Cour constitutionnelle russe a validé mercredi à l'unanimité le traité rattachant la Crimée à la Russie. «La Cour constitutionnelle a confirmé que le traité est conforme à la Constitution russe», a déclaré le président de la Cour, Valeri Zorkine. «La décision a été prise à l'unanimité», a-t-il ajouté. Pendant ce temps, à Simféropol, un militaire ukrainien a été tué dans une tentative d'assaut contre son unité militaire, priée comme les autres unités ukrainiennes de Crimée de se rallier à la nouvelle tutelle russe ou de partir. Cet événement a poussé Kiev à autoriser officiellement ses soldats encore dans la péninsule à prendre les armes pour se défendre. Le Président ukrainien par intérim Olexandre Tourtchinov a accusé Vladimir Poutine de suivre l'exemple de l'Allemagne nazie, qui avait annexé des territoires avant même le début de la Deuxième Guerre mondiale, et le ministre de la Justice Pavlo Petrenko a dit que l'Ukraine se réservait le droit de saisir les biens de la Russie si celle-ci approuvait la «nationalisation» des propriétés de l'État ukrainien en Crimée.
«Phase militaire»
Le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk a estimé que le conflit en Crimée passait «de la phase politique à une phase militaire». Côté américain, le Président Barack Obama a invité les dirigeants du G7 et de l'Union européenne à se réunir la semaine prochaine à La Haye pour débattre de la situation en Ukraine et le secrétaire d'État John Kerry a prévenu qu'une éventuelle incursion de la Russie dans l'est de l'Ukraine représenterait un acte «scandaleux». «L'annexion de la Crimée est illégale et illégitime et les (pays) alliés (au sein) de l'Otan ne la reconnaîtront pas», s'est emporté le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, cependant que le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, a annoncé la suspension de toute coopération militaire avec Moscou, estimant hautement probable que la Russie soit exclue du G8.
La chancelière allemande Angela Merkel a, pour sa part, évoqué un accord allant «contre le droit international», mais a jugé que le dialogue avec la Russie devait se poursuivre, le Président français François Hollande appelant parallèlement à «une réponse européenne forte et coordonnée» au sommet européen de jeudi et vendredi. Le Premier ministre japonais Shinzo Abe a lui aussi annoncé que son pays allait «examiner de nouvelles mesures envers la Russie tout en coopérant avec les pays du G7 et d'autres nations». Le rattachement de la Crimée est «contre le droit international», a averti le président en exercice de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), Didier Burkhalter. M. Poutine a affirmé que Moscou ne voulait «pas la scission de l'Ukraine». «Nous n'en avons pas besoin», a-t-il ajouté. La Crimée, qui appartenait à la Russie au sein de l'URSS, avait été offerte en 1954 à l'Ukraine par Nikita Khrouchtchev. Le Chef de l'État russe s'est aussi livré à une dénonciation en règle des Occidentaux qui ont décrété des sanctions contre Moscou, estimant qu'ils avaient «franchi la ligne rouge» et s'étaient comportés de «manière irresponsable» dans la crise ukrainienne.
Plutôt symboliques, les sanctions annoncées lundi concernent un nombre limité de hauts responsables russes et ukrainiens pro-russes. Dans le même temps, les ministres européens des Affaires étrangères ont pris des sanctions – restrictions de visas et gels d'avoirs – contre 21 responsables ukrainiens et russes.
Sanctions «inacceptables»
De telles sanctions sont inédites dans l'histoire des relations UE-Russie depuis l'effondrement de l'Union soviétique en 1991. Les sanctions sont «inacceptables» et auront des conséquences, a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. L'option militaire exclue, les Occidentaux comptent sur l'impact d'un isolement international croissant de la Russie. Les États-Unis et l'UE, qui figurent parmi les principaux partenaires de Moscou, se réservent la possibilité d'imposer des sanctions économiques et commerciales. Parallèlement, Bruxelles devait dévoiler mercredi les détails de son plan d'aide d'un milliard d'euros à Kiev.
