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Le prix du pétrole poursuit sa descente

Les cours du pétrole continuaient de descendre, hier lundi, en Asie après la publication des derniers chiffres du commerce extérieur chinois confirmant l'essoufflement de la deuxième économie mondiale. Le baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en janvier a perdu 81 cents par rapport à la clôture de vendredi dernier, à 65,03 dollars. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison à même échéance cédait 82 cents, à 68,25 dollars.

Le prix du pétrole  poursuit sa descente
L'OPEP avait décidé de maintenir telle qu’elle la production de l’or noir en dépit de la chute du prix du baril. Cette décision a impacté l’économie de plusieurs pays.

Les cours du prix du baril de pétrole sont plombés par l'absence de consensus au sein de l'Organisation des pays producteurs de pétrole (OPEP) en faveur d'une réduction de son offre qui permettrait de stabiliser les cours, alors que le volume de brut disponible sur le marché excède la demande, dans une conjoncture économique mondiale morose.

À ce titre, le ralentissement de la Chine, premier consommateur de ressources énergétiques, inquiète les investisseurs. Hier lundi, des chiffres officiels ont montré que la Chine avait enregistré en novembre un excédent commercial d'un niveau record, avec une chute-surprise de ses importations. L'excédent commercial du géant asiatique, numéro un des échanges de produits manufacturés dans le monde, s'est élevé le mois dernier à 54,47 milliards de dollars pour des importations en repli de 6,7%, à 157,19 milliards de dollars.

Ce déclin est probablement dû à un double facteur ayant «pesé sur la valeur des importations de matières premières», relève le cabinet de recherche Capital Economics dans une note : la contraction de la demande intérieure d'un côté, la baisse tendancielle des cours de l'autre, sont aussi minées par le renforcement du dollar qui bénéficie d'une embellie sur le marché du travail américain en novembre, avec le plus grand nombre d'emplois créés sur un mois depuis près de trois ans.

En effet, plus le billet vert est fort, plus il rend le baril coûteux pour les investisseurs munis d'autres devises. Vendredi dernier, le baril de «light sweet crude» avait perdu 97 cents pour s'établir à 65,84 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).
À Londres, le Brent avait fini à 69,07 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en baisse de 57 cents. L’Organisation des pays producteurs de pétrole (OPEP) avait décidé de maintenir telle qu’elle la production de l’or noir en dépit de la chute du prix du baril.

Cette décision a impacté l’économie de plusieurs pays.
«L'OPEP traverse une période difficile en raison de la chute des prix du pétrole», qui affecte de nombreux membres et non membres de l'organisation, a déclaré la présidente du cartel et ministre nigériane du Pétrole, Diezani Alison-Madueke. «C'est une période vraiment difficile, comme vous le savez, pour l'OPEP et pour les puits de pétrole mondiaux dans leur ensemble (...)
De nombreux pays, à la fois membres et non membres de l'OPEP, souffrent énormément», a-t-elle ajouté. Elle a également indiqué que le Venezuela, l'Angola, l'Algérie, l'Iran ainsi que son pays, le Nigéria, avaient soit pris de strictes mesures fiscales afin d'atténuer les effets de la chute des prix du pétrole, soit vu leurs budgets placés «sous la contrainte» de cette baisse.

Des économies différemment impactées

Leonid Fedun, vice-président de la compagnie russe Lukoil, a déclaré «En 2016, quand l'OPEC aura rempli sa mission de supprimer le marché marginal américain, les prix recommenceront à grimper (...) l'essor du gaz de schiste est à l'image du boom “dot.com”, les acteurs les plus forts résisteront, les faibles disparaitront», a-t-il déclaré en faisant référence à la bulle internet au début des années 2000. Si elle se poursuit, cette baisse pourrait affecter certains pays du Golfe. L'agence Standard and Poor's indique dans une note que «la baisse récente du prix des hydrocarbures, si elle se prolonge, pourrait avoir un impact significatif», en particulier à Bahreïn et Oman.
Plus largement, les pays émergents seraient également susceptibles d'être affectés, par exemple le Brésil, qui a investi dans le pétrole, surtout au large de Rio où des gisements ont été découverts. Par ailleurs, la Russie a fondé son budget sur un baril à 100 dollars, note un économiste d'HSBC, interrogé par l'AFP, qui nuance : «la forte dépréciation du rouble atténue l'impact budgétaire.»
Le recul du prix du baril a aussi des conséquences pour le secteur des hydrocarbures de schiste aux États-Unis, qui doit investir lourdement pour maintenir la production. Les analystes considèrent que ces investissements ne sont plus rentables si le pétrole reste à un prix évoluant autour de 65 à 70 dollars.

Effet favorable sur le pouvoir d'achat des ménages

À plus long terme, un certain nombre d'économistes prévoient un effet positif de ces faibles prix du pétrole sur le pouvoir d'achat des ménages, susceptibles d'acheter des produits moins cher tandis que les entreprises peuvent accroître leurs marges, surtout dans les pays les plus avancés économiquement (États-Unis, zone euro, Japon, Chine).

Patrick Artus, économiste chez Natixis, interrogé par l'AFP, estime que la zone euro peut «profiter de l'effet positif de la dépréciation de la monnaie unique sur ses exportations sans être pénalisée par la hausse des prix des importations», et espérer gagner 0,5 point de produit intérieur brut en deux ans.
De son côté, l'institut Coe-Recommence, estime que la facture énergétique française a déjà baissé «d'au moins 5 milliards d'euros en 2014». D'après lui, le secteur de l'industrie est le «principal bénéficiaire» et y gagnera deux milliards d'euros.

Ce qui représente plus que les «versements au titre du Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi». Toutefois, dans les pays déjà affectés par une faible inflation, soit les membres de l'Union européenne, un pétrole à bas coûts présenterait plutôt un risque. «La question est de savoir si les entreprises vont garder dans leurs marges cet effet bénéfique, ou en profiter pour baisser encore leurs prix», souligne Denis Ferrand, directeur général de Coe-Rexecode, selon des propos rapportés par l'AFP. 

Source : AFP

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