Début février, en réponse à une question orale à la Chambre des représentants sur «l'augmentation inquiétante des agressions contre les citoyens», le ministre de l'Intérieur, Mohamed Hassad, a annoncé une baisse de 2% du nombre des agressions contre les personnes en 2013. Le ministre a précisé que le nombre des victimes d'homicide volontaire (600 morts) a baissé de 2%, au même titre que les vols avec violence (-1,3%) et les vols (-2%).
À noter que, à Casablanca, 72 personnes ont été tuées avec préméditation en 2013, contre 37 à Fès, 22 à Tanger et 8 à Marrakech. Par ailleurs, les vols avec violence ont reculé de 15% à Casablanca, de 14% à Marrakech, de 13% à Fès et de 16% à Tanger, contrairement à Rabat qui a connu une augmentation de 18%. De plus et dans le cadre de la lutte contre la criminalité, le ministre avait révélé la mise en place de plusieurs mesures. À commencer par la création de postes de policiers. Sur les 4 000 emplois créés par le ministère en 2014, quelque 1 600 sont réservés à la police.
Pour sa part, la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) a indiqué que les interventions opérées par les différents services de sécurité sur l'ensemble du territoire national au cours du premier trimestre de 2014 ont permis l'interpellation de 103 000 personnes, quelque 714 suspects ont été soumis à la procédure de la garde à vue. La Direction a précisé, dans un communiqué, que 75 750 personnes ont été prises en train de commettre différents délits et crimes, alors que 27 964 autres étaient recherchées pour leur implication présumée dans différentes affaires criminelles.
L'intensification des interventions sécuritaires dans l'ensemble des villes du Royaume et le renforcement de la présence des patrouilles de police à pied et montée sur la voie publique ont permis d'enregistrer une augmentation de 14% du nombre d’interpellations de personnes suspectes par rapport au premier trimestre de 2013 au cours duquel le nombre de personnes interpelées en flagrant délit a atteint 68 644 individus, dont 22 030 étaient recherchées...
Rien qu'à Casablanca, plus de 600 personnes ont été interpellées, vendredi et samedi derniers. Il s'agit plus exactement de 554 suspects pris en flagrant délit d'agressions, de trafic de drogue, de port d'armes blanches... Il a aussi été question de l'interpellation de 137 personnes faisant l'objet de mandats de recherches à l'échelle nationale.
Mais, il n'est pas toujours aisé pour ces hommes en uniforme d'élucider les crimes :
le taux de résolution oscille entre 65 et 75%. Ainsi, sur les quelque 4 000 vols sous la menace d'arme blanche commis en 2010, quelque 1 600 personnes sont encore recherchées.
«Tcharmil», un phénomène préfabriqué
Bien que ces arrestations soient réelles, il semblerait que les images publiées sur les réseaux sociaux ne soient «que des mises en scène», selon la police qui souligne cependant que «le fait de semer la zizanie et de provoquer un sentiment d'insécurité parmi la population locale est un délit».
La source policière a ajouté que l'identification du suspect, initiateur de ce mouvement, avait été possible en collaboration avec le superviseur des espaces de réseautage social.
Après des arrêts répétitifs sur toutes les images publiées, et grâce à l'étude minutieuse de tous leurs détails, les limiers ont pu déterminer l'identité de l'un des membres en focalisant sur une montre de marque que portait un individu sur la photo, ce qui a conduit à découvrir son identité. «Ce chef de bande dispose d'ores et déjà d'un casier judiciaire assez étoffé, et fait l'objet désormais d'un mandat de recherche national, indique la police. Pour rappel, selon le règlement de «Tcharmil», on ne peut revendiquer son statut de «M'charmel» que si on a déjà fait ses preuves dans tous les types de crime (vol à main armée, viol, saccage…). Sans oublier un séjour obligatoire en prison !
Beaucoup constatent que se balader dans la rue en journée ou en pleine nuit est devenu synonyme de mésaventure. Et encore plus dans les rues de Casablanca qui conserve sa place de leader en termes de criminalité, avec 72 personnes tuées avec préméditation en 2013, contre 8 à Marrakech, 37 à Fès et 22 à Tanger. La situation semble prendre de l'ampleur à tel point que la population s'en mêle : marche de protestations, colère, publications sur Facebook, les citoyens ne se sentent plus en sécurité.
Les exemples ne manquent pas… Il suffit de consulter la presse écrite ou l'actualité sur le web, pour constater l'ampleur d'un tel phénomène. Comme cette femme de 96 ans violée par un groupe de jeunes à Sidi Slimane le 21 mars dernier, l'agression des supporters du Wydad de Casablanca, celui des femmes agressées dans un salon de coiffure ou encore la tentative d'agression d'un automobiliste par queue de poisson. On ne parlera pas de vols à l'arraché, d'agressions et autres qui sont presque devenus des faits divers banals.
À tel point qu'on arrive à en blâmer la victime. «Tu sais très bien que ce n'est pas sûr, pourquoi as-tu pris ce chemin ? On te l'avait dit», répètent des donneurs de morale à la victime en état de choc. Faut-il alors de nos jours rester chez soi pour être en sécurité ? Mouna, elle, en est convaincue. «Je ne laisse jamais mes enfants sortir seuls, encore moins s'il s'agit d'une fille. Avec tout ce qu'on entend. Même moi, je cours, ne serait-ce que pour aller chercher du pain et je prie toujours Allah de revenir saine et sauve à chacun de mes déplacements», confie cette résidente des quartiers populaires.
