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Accueil next Conférence Internationale Du Sucre

Edito

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Certes, la majorité des analyses géopolitiques abordent, conventionnellement, les relations entre les États. Néanmoins, si l’on en croit la définition donnée par Yves Lacoste, chef de file de l’école française de géopolitique, cette discipline représente l’analyse de «toute rivalité de pouvoir sur un territoire». On en retient donc que le raisonnement géographique est un préalable indispensable au raisonnement géopolitique. Il s’agit de la diatopique, une analyse qui reconnait des échelles de différentes dimensions de l’espace, des échelles qui peuvent aller d’une sous-région continentale à un quartier en passant par les collectivités locales. La notion de localité apparaît, selon Philippe Subra, quand il s’agit d’analyser les rivalités portant sur des aspects conflictuels tels que l’interdiction des OGM, la reconnaissance de la diversité culturelle, le droit à une sécurité sociale...

Pourquoi consacrons-nous le deuxième numéro aux aspects de géopolitique interne ? Pour au moins deux raisons. La première est que la géopolitique interne et la géopolitique externe d’un pays sont indissociables dans la mesure où un pays ne peut jouer sa propre partition au niveau régional et parfois mondial que s’il arrive à atténuer les rivalités internes. La deuxième est relative à la compréhension, à travers les cas de certains pays, de la dynamique de la géopolitique interne et des facteurs dont elle dépend en donnant au lecteur les clefs d’analyse de celle-ci.​

La vague de ce que l’on a qualifié dans les médias de «printemps arabe» et qui a touché plusieurs pays de la région MENA a révélé que l’on ne peut aspirer à jouer un rôle qui va au-delà de ses frontières quand on est fragile à l’intérieur. Le cas de l’Égypte est très significatif à cet égard. Un pays considéré comme l’un des éléments de stabilisation dans toute une région marquée par ses conflits et ses tensions latents ou actifs s’est retrouvé en train de gérer ses propres problèmes de stabilité. Il faut dire que cet exemple illustre bien le cas d’un État qui a commis la grave erreur de consacrer l’essentiel de ses efforts à sa géopolitique externe et a négligé pendant des décennies sa géopolitique interne. Le pouvoir algérien est en train de commettre la même erreur.
Dans le monde de la géopolitique, donc, les volets intérieur et extérieur sont indissociables. On verra, au fil des pages, que la solidité interne est un prérequis pour tout État cherchant à jouer un rôle qui va au-delà de ses frontières. Et par extension, on pourrait dire que tout pouvoir qui cherche à puiser sa légitimité en interne sur des conflits provoqués en externe ou sur un ennemi virtuel qu’il se crée pour la consommation intérieure, ce pouvoir fait une grave erreur de jugement géopolitique qui finira par se retourner contre lui…

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