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L'Europe sous le choc après le triomphe des europhobes

L'Europe était lundi sous le choc après le séisme politique provoqué par le triomphe du Front national en France et des europhobes de l'Ukip en Grande-Bretagne qui témoignent du rejet de l'Europe de Bruxelles et des élites nationales au pouvoir.

L'Europe sous le choc après le triomphe des europhobes
Les conservateurs du Parti populaire européen (PPE) sont en tête avec 212 sièges sur 751, contre 186 pour les socialistes. Ph. AFP

En dépit de cette forte poussée de l'extrême droite et des eurosceptiques sur le vieux Continent, la droite conservatrice garde le plus grand nombre d'élus au Parlement des 28. Tirant les premières leçons de ce vote historique, le Premier ministre français, Manuel Valls, a réclamé lundi matin une «réorientation» de l'Union européenne. «Je suis convaincu que l'Europe peut être réorientée pour soutenir davantage la croissance et l'emploi, ce qu'elle ne fait pas depuis des années», a-t-il dit. Les europhobes de l'Ukip sont arrivés largement en tête au Royaume-Uni avec un score historique de 29% et ont obtenu 23 des 74 sièges de députés européens du pays. «Vous n'avez pas fini d'entendre parler de nous», a lancé, triomphant, son chef de file Nigel Farage, à un an des législatives.

En France, profitant de l'impopularité record des socialistes au pouvoir, le Front national de Marine Le Pen est devenu le premier parti avec un score historique de 24,96%. Il décrocherait 24 sièges sur les 74 accordés à la France, un des pays fondateurs de l'UE, selon un décompte de l'AFP. Le FN devance largement l'opposition de droite UMP (20,8%), alors que le Parti socialiste subit une nouvelle déroute avec moins de 14% des suffrages. Mme Le Pen a immédiatement appelé le Président François Hollande à «organiser des nouvelles élections». «Séisme politique», titre lundi le Frankfurter Allgemeine Zeitung. Le quotidien allemand des affaires fait sa une, comme la quasi-totalité des médias germaniques et de la presse européenne, sur le triomphe du Front national. Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, s'est dit «inquiet» de la victoire du FN. Interrogé pour savoir s'il s'agissait d'un «parti raciste», il a répondu : «Oui, et je pense que nous devrions être inquiets face à de tels développements dans le reste de l'Europe».

Selon des résultats communiqués par le Parlement européen, et qui restaient toujours provisoires lundi en début de matinée, les conservateurs du Parti populaire européen (PPE) sont en tête avec 212 sièges sur 751, contre 186 pour les socialistes. Les Libéraux obtiendraient 70 eurodéputés, suivis par les Verts (55). Les quatre partis pro-européens passent de 612 à 523 sièges.

Quant aux différents partis europhobes, qui ne constituent pas un bloc homogène, ils compteraient au total plus de 140 députés. En Allemagne, qui envoie le plus fort contingent d'élus au Parlement européen (96), les conservateurs (CDU/CSU) de la chancelière Angela Merkel sont arrivés en tête, d'après des sondages de sortie des urnes.

Même des néonazis

Mais, pour la première fois de son histoire, le parti néo-nazi allemand NPD va faire son entrée au Parlement européen. Crédité de quelque 300.000 voix et d'un score de 1%, le NPD obtient un élu. Le nouveau parti anti-euro AFD, qui plaide pour une dissolution de la monnaie unique, fera lui aussi son entrée au Parlement avec un score d'environ 7%. En Autriche, le parti d'extrême droite FPÖ, qui espère constituer un groupe avec le FN, progresserait nettement et arriverait en troisième position, avec près de 20% des suffrages, en hausse de plus de cinq points par rapport à 2009. Au Danemark, c'est le Parti populaire, formation anti-immigration, qui est arrivé en tête avec près de 27% des voix et 4 des 13 sièges du pays.

Un petit parti europhobe polonais, le Congrès de la nouvelle droite (KNP), a obtenu 7,2% des voix et pourrait envoyer quatre députés au Parlement européen. En Hongrie, le scrutin a été largement dominé par le parti conservateur Fidesz du dirigeant Viktor Orban, mais l'extrême droite ultra nationaliste du Jobbik arrivait en deuxième position avec près de 15% et trois sièges. La forte poussée de l'extrême droite en Europe se traduit aussi par l'entrée du parti néonazi grec Aube dorée au Parlement. Crédité de 9 à 10% des voix, il pourrait envoyer trois élus à Strasbourg.

En Grèce, l'euroscepticisme se traduit en revanche par l'arrivée en tête du parti de la gauche Syriza d'Alexis Tsipras, qui obtiendrait six sièges, contre cinq à Nouvelle démocratie (droite), le parti au pouvoir. En Espagne, les deux grands partis traditionnels, le Parti populaire de droite et le Parti socialiste ont connu une débâcle au profit de petites formations comme Podemos, né de la mouvance des indignés, qui obtient cinq sièges. Mais en Italie, le populiste Beppe Grillo a été largement devancé par le Parti démocrate, la formation de centre gauche du Chef du gouvernement Matteo Renzi, qui a obtenu 41,5% des suffrages, selon les données des 3/4 des bureaux. La gauche l'a aussi emporté en Roumanie et au Portugal.

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