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Élections présidentielles algériennes : sombres perspectives

Par Jawad Kerdoudi
Président de l’IMRI (Institut marocain des relations internationales)

Élections présidentielles algériennes : sombres perspectives
Une manifestation de la société civile à Alger brandissant le slogan «Barakat» (ça suffit), et l’appel au boycott des élections.

Dimanche 23 mars 2014 a débuté la campagne pour les élections présidentielles algériennes qui auront lieu le 17 avril prochain. Outre le Président sortant Abdelaziz Bouteflika, cinq candidats se présentent Ali Benflis (FLN), Louisa Hanoune (Parti des Travailleurs), Moussa Taouti (Front national algérien), Ali Fauzi Rebbaïne (Parti AHD) et Abdelaziz Belaïd (Front Moustakbal).

Ces élections vont se dérouler dans une ambiance malsaine du fait de la quatrième candidature du Président Bouteflika âgé de 77 ans qui est dans un état de santé très fragile. Ces élections risquent également si Bouteflika est réélu de ne pas permettre l’alternance au pouvoir. Ce manque d’alternance a été dénoncé par l’ancien Président algérien Lamine Zeroual qui a critiqué dans une lettre ouverte du 20 mars 2014 l’amendement de l’article 74 de la Constitution de 2008 qui prévoyait de limiter la présidence à deux mandats. Déjà l’opposition à la candidature du Président Bouteflika a fait l’objet de manifestations de la société civile brandissant le slogan «Barakat» (ça suffit), et l’appel au boycott de ces élections par cinq partis politiques dont le Mouvement de la société pour la paix (MSP) et le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RDC). Ces élections vont également se dérouler dans une ambiance de lutte des différents clans pour le pouvoir. Dès l’indépendance, l’armée a pesé de tout son poids sur la vie politique algérienne. C’est elle qui avait choisi Ben Bella en 1962, avant de le renverser trois ans plus tard au profit du colonel Houari Boumediene. C’est encore l’armée algérienne qui a placé à la tête de l’État en 1979 le colonel Chadli Benjedid après le décès de Boumediene.

Elle est de nouveau intervenue en janvier 1992 en poussant Benjedid à la démission et en interrompant le processus électoral, alors que la victoire du Front islamique du salut (FIS) aux législatives semblait inéluctable. Elle fit appel à ce moment à Mohamed Boudiaf, un des artisans de la guerre de libération qui fût assassiné en 1992. Elle imposa en 1994 le général Lamine Zeroual comme Chef de l’État avant de le faire élire en novembre 1995 Président de la République. En 1999, l’armée algérienne choisit Bouteflika vingt ans après l’avoir écarté.

Il faut reconnaître que le Président Bouteflika a tenté de réduire le rôle de l’armée dans la vie politique algérienne, à tel point que le Chef d’État-major Mohamed Lamari s’opposa à sa réélection en 2004. Malgré tous ses efforts, le Président Bouteflika n’a pas réussi à dépouiller complètement l’institution militaire algérienne de son statut de rouage essentiel du système de gouvernance en Algérie. Car outre l’État-major de l’armée, le Département du Renseignement et de la sécurité (DRS) dirigé actuellement par le général Mohamed Mediane a toujours joué un rôle dans la politique algérienne. Pour les élections présidentielles de 2014, le DRS n’avait pas été favorable à la candidature de Bouteflika. D’où l’attaque sans précédent le 3 février dernier d'Annas Saadani, secrétaire général du FLN qui a dénoncé «l’influence considérable des services secrets sur la vie politique et le fonctionnement des institutions en Algérie».

Il apparaît qu’en définitive un arrangement a pu avoir lieu avec le DRS, par la nomination au poste de directeur de Cabinet du Président d'Ahmed Ouyahia considéré comme un proche du général Mohamed Médiane.
À noter également que le patronat algérien, réuni au sein du Forum des chefs d’entreprises (FCE), lors de son assemblée générale, a voté, sous la pression des hommes d’affaires proches de Said Bouteflika (frère du Président), à main levée, et non à bulletin secret, le soutien au Président sortant.

Au vu de ces analyses, et à moins d’un événement extraordinaire, Abdelaziz Bouteflika sera réélu à la présidence algérienne le 17 avril prochain. Il devra faire face à des défis énormes. Sur le plan politique, les luttes intestines entre clans vont continuer, car la santé défaillante du Président pourrait donner lieu à de nouvelles élections présidentielles avant l’échéance normale en 2019. Entre-temps, les problèmes structurels de l’Algérie qui ont besoin d’un gouvernement fort ont peu de chances d’être réglés.
On peut citer à titre d’exemple la croissance faible, le chômage très élevé des jeunes, la dépendance quasi totale vis-à-vis des hydrocarbures, et les troubles sociaux tant au Mzab que dans les Aurès (colère des Chaouis). En tant que pays voisin, on ne peut que déplorer cette situation.
On aurait souhaité au peuple frère algérien un pays en paix, stable et prospère, travaillant côte à côte avec le Maroc pour l’édification du Grand Maghreb. 

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