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La maîtrise de l’anglais, désormais obligatoire pour les futurs enseignants

Contrairement aux informations diffusées par certains médias, la circulaire du ministère de l'Enseignement supérieur concernant la maîtrise de la langue anglaise ne concerne pas les étudiants, mais uniquement les enseignants chercheurs qui seront recrutés à partir de 2015.

La maîtrise de l’anglais, désormais  obligatoire pour les futurs enseignants
La langue anglaise devient impérative, à plus forte raison dans le domaine de la recherche.

Dans environ deux mois, le profil des enseignants chercheurs dans certaines matières scientifiques va changer. En effet, dans le cadre des activités du ministère de l’Enseignement supérieur pour la valorisation des filières scientifiques, les candidats pour ce poste seront tenus, à partir de janvier 2015, de maîtriser la langue anglaise qui est devenue la langue d'enseignement des sciences par excellence. Une circulaire dans ce sens avait été adressée, il y a quelques semaines, aux départements et universités concernés. «La décision de rendre obligatoire la maitrise de la langue anglaise dans les universités ne peut qu’être bénéfique.

L'hégémonie de la langue anglaise s'affirme de jour en jour, y compris chez une certaine classe sociale marocaine. De plus, la langue anglaise est devenue essentielle dans le monde scientifique moderne. En effet, cette langue occupe maintenant la première position au monde, en raison de la domination économique et culturelle des États-Unis. Aujourd’hui, le fait de pouvoir communiquer en anglais a créé un sentiment d'appartenance à une véritable communauté mondiale. Il faut se rendre à l'évidence ; s’il n’y a pas de langue commune, il n’y aura pas de réseau mondial de la recherche», indique Mohssine Benzakour, enseignant universitaire et psychosociologue.

Après l’annonce de la publication de ladite circulaire, certains médias ont mal interprété cette dernière et ont diffusé de fausses informations prétendant que les enseignants ainsi que les étudiants inscrits dans certaines matières scientifiques devront maitriser l’anglais à partir de janvier prochain. Cette confusion a rapidement semé la panique sur les bancs de l’université. «On ne peut être en désaccord avec le fait que la maîtrise de la langue anglaise est primordiale, mais annoncer une telle décision de cette manière est inadmissible», fustige Oumaïma, étudiante à la Faculté des sciences et techniques de Settat. Et d’ajouter : «Aujourd'hui, les universités enseignent les matières scientifiques en français, chose qui pose déjà un problème et crée un choc pour l'étudiant, qui a passé toutes les années précédentes à les étudier en arabe, d'une part, et pour sa non-maîtrise de cette langue, d'autre part. Une langue qu'il a pourtant vue depuis le primaire, du coup comment va-t-il réagir face à une langue dont il ne connaît même pas les bases, pour laquelle il n'a même pas eu les formations indispensables ? Si le passage arabe-français crée déjà un blocage chez l'étudiant, une telle obligation aura des conséquences encore plus négatives sur l'étudiant et sur le professeur lui-même, n’ayant pas eu, l'un comme l'autre, la formation nécessaire, ce qui aura un impact sur le parcours universitaire en général».

Les étudiants ne sont pas les seuls à penser qu’un changement soudain de langue peut avoir un impact négatif sur l’enseignement à l’université. «Un tel changement, brusque et soudain, pourrait avoir des conséquences négatives sur la scolarité et les résultats des étudiants. Nous avons vécu, depuis la décision de l'arabisation des matières scientifiques, à un déclin de nos universités. Le niveau de nos étudiants ne fait que se rétrograder.
Certes, le rôle de la langue dans l'épanouissement et le développement scientifique de l'étudiant n'est plus à prouver, mais la question qui se pose est : est-ce qu'en quelques semaines seulement nos étudiants pourront assimiler la littérature scientifique écrite en anglais, sachant que leur cursus jusqu'au baccalauréat est en arabe ? La loi du changement impose logiquement l'installation d'un processus, son suivi et son adaptation selon l'évolution des résultats obtenus», affirme M. Benzakour. Heureusement qu’il ne s’agit que d’un malentendu et que seuls les candidats pour le poste d’enseignant chercheur sont concernés par cette décision. 


Questions à Lahcen Daoudi

ministre de l'Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la formation des cadres

«Nous sommes en train de préparer l’université pour que d’ici 10 ans nous ayons un enseignement universitaire de qualité»

À partir de janvier 2015, les enseignants chercheurs qui seront recrutés devront maîtriser la langue anglaise, pourquoi une telle décision ?
Je tiens tout d’abord à préciser que la décision concerne le recrutement des enseignants chercheurs à partir de janvier 2015 et non pas les étudiants et leurs enseignants. Quand on veut recruter un enseignant universitaire dans des spécialités déterminées, il doit maitriser l’anglais, parce que c’est la langue de la science par excellence. Un enseignant en médecine ou en sciences techniques qui ne maitrise pas la langue anglaise est «out» de la science. Donc en premier lieu, ça ne concerne que les enseignants. Mais nous avons demandé aux écoles d'ingénieurs et aux Facultés de médecine s’ils peuvent assurer une matière ou deux en anglais, pour que la transition se fasse de façon progressive, et cela en fonction des possibilités. Mais petit à petit, nous y arriverons. Nous sommes en train de préparer l’université pour que d’ici 10 ans nous puissions avoir un enseignement universitaire de qualité. La décision d’aujourd’hui ne donnera ses fruits que dans dix ans. Et j’insiste encore une fois : cette décision ne concerne ni de loin ni de près les étudiants. Si ces derniers étaient capables de maitriser l’anglais, cela aurait été merveilleux, mais nous sommes conscients qu’un changement brusque poserait beaucoup de problèmes.

Quelles sont exactement les matières concernées par la circulaire ?
Les disciplines concernées par cette circulaire sont la médecine, les filières scientifiques et techniques et l’économie. Nous avons donné aux facultés la latitude d’élargir cette liste s’il y a d’autres champs où l’anglais s’impose.

Est-ce que le ministère a pris des mesures pour préparer le terrain à cette décision ?
Nous sommes en train de travailler sur cela petit à petit. Ce qu'il est prévu de faire, c’est que chaque étudiant dans ces disciplines devra publier au moins un article en anglais. Mais nous ne pouvons pas tout faire en même temps. Il faut aller doucement, mais sûrement et commencer par faire ce qui est possible et faisable. Il est facile de prendre des décisions, mais quand on ne peut pas les appliquer cela ne sert à rien.

Quelles seront les prochaines décisions qui rentrent dans le cadre de l’amélioration de l’enseignement universitaire scientifique ?
Nous sommes en train de créer de grands pôles technologiques à travers le Maroc, comme le pôle technologique Hassan II à Rabat et le pôle technologique Mohammed VI à Casablanca qui réuniront les grandes écoles d’ingénieur. Nous irons également vers la fusion des EST (École supérieure de technologie), FST (Faculté des sciences et techniques) et INSA (Institut national des sciences appliquées) en polytechnique. Nous nous dirigeons vers une restructuration du paysage universitaire marocain et une restructuration au niveau pédagogique, une révision de l’évolution de l’enseignant, la révision des bourses et des cités universitaires, de la recherche scientifique… nous nous attaquerons à tous les volets. Mais il faut comprendre qu’il y a énormément de choses à faire, mais on ne peut pas tout faire en même temps.

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