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«La lettre de démission de Rachid Ouali Alami ressemble à des larmes de crocodile»

Le MAS traverse l’une des pires crises de son histoire. Classé 14e lors du dernier exercice, le club fassi a échappé de peu à la relégation. Dans cet entretien, Abdelhak El Marrakchi, ancien dirigeant du club, revient
sur les vrais problèmes du MAS.

«La lettre de démission de Rachid Ouali Alami  ressemble à des larmes de crocodile»
Abdelhak El Marrakchi,

Le Matin : En tant qu’ancien dirigeant du MAS, comment voyez-vous aujourd’hui la situation du club ?
Abdelhak El Marrakchi : La situation de l’équipe est catastrophique. Le club ne dispose pas d’infrastructures sportives pour s’entraîner. Le stade Saâdiyine qui abrite l’école du club et son centre de formation sont dans un piteux état depuis les années 80. Le club a le droit de s’entraîner une seule fois par semaine au Grand Stade de Fès moyennant 1.200 DH. La wilaya de Fès avait offert un terrain de quatre hectares au club pour construire un centre de formation et une école en partenariat avec la wilaya de Fès, le conseil de la ville et le ministère de la Jeunesse et des sports, mais le président Marouane Bennani a refusé de recevoir la parcelle de terre sous prétexte que le club veut acheter le terrain et créer son centre de formation et son école sans l’aide d’aucune partie. J’ai assisté à la réunion qui a traité ce sujet entre l’ancien wali de la région, Gharabi, l’ensemble des acteurs de la ville de Fès et Marouane Bennani qui n’a pas voulu entendre raison. Comment un club qui croule sous environ 12 millions de DH de dettes peut-il prétendre acheter un terrain ? Le club a donc laissé passer une grande opportunité de se doter d’un vrai centre de formation et d’une école.

Ce n’est pas uniquement la faute à Marouane Bennani si le club est dans cette situation ?
Le problème du MAS et celui du sport marocain en général est avant tout un problème de la loi de l’adhérent concocté pour permettre à certains dirigeants de rester continuellement à la tête des clubs. Concernant le MAS, ça fait trois ans que le club n’a pas ouvert les adhésions. D’après mon humble expérience, le nombre d’adhérents au club a beaucoup régressé. Il est passé de 250 à 40 actuellement. La majorité de ces adhérents sont de Casablanca.

Rachid Ouali Alami a décidé de quitter le club, que pensez-vous de ce retrait ?
Rachid Ouali Alami n’a pas le charisme pour diriger le MAS. Sa lettre de démission envoyée aux dirigeants et aux supporters ressemble plutôt à des larmes de crocodile. C’est une manœuvre pour faire croire aux gens qu’il a effectué un travail colossal à la tête du club et que ce dernier perdra beaucoup avec son départ. Je le connaissais depuis qu’il était un simple joueur de volleyball. Il a été adhérent depuis 1995. C’est Ahmed Mernissi qui a proposé d’octroyer plus de prérogatives à Rachid Ouali Alami lors d’une réunion tenue juste après le match nul face au KACM lors de la phase aller du championnat. Cette réunion à laquelle ont pris part plusieurs figures emblématiques du club comme l’ancien président Khalid Benouhoud, Ahmed Mernissi, Haj Abdou Belkhayat, Anas Lahlou, Mohamed Sadouk, Reda Zaïm, moi-même, a été présidée par le wali de la région. Lors de cette réunion, le wali nous a demandé d’unir nos efforts pour aider le club qui traverse une grande crise. Nous nous sommes mis d’accord pour aider le club financièrement même de manière symbolique à condition de garder Tarek Skitioui comme entraîneur, d'ouvrir la porte des adhésions à l’ensemble des composantes du club et de baisser le montant de l’adhésion de 5.000 à 2.000 DH. Ce deal n’a pas été respecté puisque la première décision prise par Ouali Alami était de se séparer de l’enfant du club, Tarek Sektioui, pour faire venir Charles Roseley qui avait rétrogradé le club en deuxième division lors de la saison 2004-2005. Il n’a pas non plus ouvert la porte des adhésions comme prévu. Autrement dit, il a vidé notre accord de sa substance. Du coup, nous avons décidé de ne pas octroyer d’aide au club. En plus de ça, Alami a cédé plusieurs cadres de l’équipe comme Ahmed Ajdou et El Aiyati et il a engagé des joueurs qui n’ont aucune valeur ajoutée. Il a, en outre, échoué à faire venir un sponsor au club et il a été incapable de reconduire les accords de partenariat avec les conseils de la ville, de la région et le conseil préfectoral qui verse annuellement 11 millions de DH au club. Résultat, le club s’est classé 14e du championnat national Pro Élite 1. Il a échappé de justesse à la relégation.

Y a-t-il du nouveau concernant la plainte déposée pour auditer les comptes du club ?
Je n’ai pas déposé cette plainte par plaisir. Je l’ai faite parce que le trésorier n’a pas assisté aux deux assemblées générales du club 2010-2011 et 2011-2012, et il ne nous a pas envoyé le rapport financier 15 jours avant l’assemblée générale. Sept membres du comité ont alors démissionné et j’ai demandé au tribunal de mandater un expert-comptable pour auditer les finances du club. On est des bénévoles dans la gestion, on ne peut pas se permettre que les gens commencent à raconter des choses et on a voulu mettre la lumière sur ce dossier. Le tribunal a mandaté l’expert Abderrahim Tada. Ce dernier a établi un procès-verbal que nous avons signé moi et Marouane Bennani. Les trois trésoriers durant la période qui sera auditée ne l’ont pas signé.

Comment se fait-il que le club n’ait pas fixé la date de son assemblée générale ?
Si Marouane Bennani pense vraiment à l’intérêt du club, il devra fixer au plus vite la date de l’assemblée générale. Bennani a acquis une notoriété comme d’autres avant lui grâce au MAS. Il a, certes, donné au club, mais ce dernier lui a rendu l’ascenseur.

Comment voyez-vous l’avenir du MAS ?
L’avenir du club s’annonce obscur. Il a besoin plus que jamais de gens capables de prendre la responsabilité. Celui qui prétend se présenter à la présidence du club doit connaître son histoire, ses problèmes depuis 1994, date de sa première descente en deuxième division. Plusieurs personnes qui avaient contribué à cette descente lors de cette année-là vivotent toujours autour de l’équipe. Ils sont connus de tous. Pour sortir de cette crise, il faut tenir un séminaire qui regroupera toutes les composantes du club. Il faut un débat de vérité pour cerner les vrais problèmes du club sans langue de bois. Sans cela, le MAS pataugera toujours dans ces problèmes.

Pourquoi le MAS a-t-il rapidement chuté après avoir atteint les sommets ?
À mon sens, le déclin rapide du club est dû à la démission de plusieurs membres du comité, des administratifs, du staff technique et le départ de plusieurs joueurs cadre. Il faut savoir que plus de 20 dirigeants ont quitté le navire depuis que Bennani est à la tête du club, 23 joueurs libérés et huit entraîneurs se sont succédé à la tête de l’équipe. Cette instabilité a conduit le club droit au mur. 

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