Le Matin Emploi : Selon votre expérience, quelles sont les différentes sources d’un atmosphère toxique en entreprise ?
Fatim-Zahra Mziouad Bennis Layadi : Quand nous parlons de climat toxique, nous parlons de personnes toxiques, collaborateurs, chefs ou subordonnés. C’est l’environnement qui lie les différentes relations de ce climat de travail.
La première source toxique à mon avis est le manque de respect des limites de chacun dans cet environnement, respect des valeurs de chacun, des compétences de chacun et également des limites de chacun. Plus clairement, le harcèlement moral, les rumeurs et les bruits de couloirs, le non-dit, le sabotage, la discrimination, le manque d’équité, et surtout un top management absent.
Quel est l’impact d’un entourage toxique sur la motivation du salarié en entreprise ?
Le climat de travail veut dire l’ambiance de travail. Si celle-ci est malsaine et toxique, l’impact est immédiat et effectif sur la performance de l’équipe.
Si nous parlons de motivation, nous parlons d’énergie, d’émotions positives qui réveillent en nous l’envie de travailler, pour rencontrer du monde, traiter avec nos clients, interagir avec nos collègues, etc.
Si le collaborateur n’éprouve ni joie, ni plaisir, ni désir, ni passion, où est l’énergie ici ? Elle n’y est pas. Où est la motivation ? Elle n’y est pas non plus.Nos collaborateurs ont besoin de managers qui leur offrent un climat sain pour leur performance économique collective et individuelle.
Quels sont les principaux bienfaits du coaching dans ce sens ?
Le coaching est sans doute un des meilleurs moyens qui peuvent aider la personne à se recentrer sur elle-même si elle vit dans un climat toxique. Le coaching l’accompagne pour trouver les solutions qui lui conviennent, en fonction de ses propres ressources, pour choisir à s’adapter ou pas à cet environnement. Si on est manager, le coach nous permet d’avoir une vision externe, neutre et sans influence pour accompagner les collaborateurs à assainir ce climat par l’action sur soi. Ce changement personnel aura un impact sur les autres collaborateurs et les motivera.
Le coaching permet également de voir les choses autrement, d’être empathique, de prendre du recul pour une position donnée, mais surtout de réaliser sa part de responsabilité et d’avoir les moyens d’agir au lieu de subir.
Le coaching nous permet de sortir du rôle de la victime pour prendre son destin en main.
Tout est question de choix personnel et c’est le coaching qui nous donne les moyens de percevoir la vie de la sorte.
De manière plus concrète, en tant que coach, quelles sont les méthodes à utiliser pour aider la personne à gérer le stress causé par le climat toxique ?
Je vous propose un outil très intéressant de Robert Dilts : il s’agit des niveaux logiques schématisés dans une pyramide qui est traversée par les objectifs (qui apportent la motivation, le sens : qu’est-ce que je veux ?) et les émotions (porteuses ou négatives : qu’est-ce que je ressens ?)
Les niveaux sont les suivants du bas vers le haut de la pyramide :
• Environnement
• Comportement
• Capacités
• Croyances et valeurs
• Identité
En effet, pour agir sur un environnement, il faut impérativement agir sur soi et changer d’abord pour induire le changement de l’autre.
Concrètement, commencer par comprendre son environnement, pour faire le choix d’abord d’accepter de s’y adapter ou l’abandonner et le fuir.
Le comprendre, c’est définir le cadre, c’est analyser là où je suis, avec qui je vis, à quels propos, quels sont les enjeux de la situation. Pour notre cas : je définis les personnes toxiques, leurs actions que je ne supporte pas, les raisons pour lesquelles ces personnes agissent ainsi, etc.
Bien entendu pour agir, il faut savoir ce que je dois faire, néaumoins, il faut en être capable !!
Alors, pour acquérir ces compétences, je dois connaitre mes valeurs, mes convictions et mes croyances essentielles.
Elles sont liées à mon identité et génèrent des besoins dont la satisfaction conditionne mon bonheur.
Ceci donne de la légitimité à mes actions et conditionne mes capacités.Dans notre contexte : une personne qui fait le choix de faire face à un sabotage professionnel, elle doit réagir.
Pour ce faire, il faut avoir la force de le faire, il faut qu’elle croie en elle, en ses compétences, il faut qu’elle soit persévérante, forte, pleine de volonté, avec une bonne estime de soi et surtout qu’elle sache qui elle est réellement. Exemple : femme battante, gagnante, etc. Sa conviction et sa connaissance de son identité lui permettront de changer la situation par son propre changement et son choix d’être actrice de sa vie au lieu de la subir.
