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«Le Maroc est vu par l’Italie comme un pays modèle dans la région»

L’Italie, qui s’apprête à assurer la présidence tournante de l’Union européenne, tend à développer des relations stratégiques et renforcées avec le Maroc. L’affirmation est de l’ambassadeur d’Italie à Rabat, Roberto Natali. Dans un entretien accordé au «Matin», le diplomate italien dresse l’état des lieux des relations entre les deux pays, précisant, chiffres à l’appui, que les échanges économiques restent encore en deçà des attentes.

«Le Maroc est vu par l’Italie comme  un pays modèle dans la région»
Roberto Natali. Ph. Kartouch

Le Matin : L’Italie s’apprête à assurer la présidence de l’Union européenne dans un contexte délicat. Quels sont les principaux défis à relever ?
Roberto Natali : À partir du 1er juillet, l’Italie va assurer la présidence de l’Union européenne après la présidence grecque. Les principaux défis ont trait, en premier lieu, aux voies susceptibles de relancer l’économie de l’Europe. Par ailleurs, une attention particulière sera accordée à la Méditerranée, qui sera au centre de l’action de la présidence italienne de l’UE, comme il a été souligné à Lisbonne par madame Mogherini, la ministre italienne des Affaires étrangères, à l’occasion du Sommet 5+5.

Les relations économiques entre le Maroc et l’Italie font ressortir un déficit commercial au détriment du Maroc. Comment peut-on booster les échanges économiques bilatéraux ?
Les échanges bilatéraux sont, en effet, en faveur de l’Italie. Ainsi, de grands efforts sont à déployer pour promouvoir la coopération économique entre nos deux pays, notamment à travers l’organisation des forums d’affaires. Selon les données diffusées par l’Institut étatique italien de statistiques, le solde de la balance commerciale entre l’Italie et le Maroc pour l’année 2013 s’établit positivement en faveur de l’Italie et s’élève à 873,8 millions d’euros. Ce solde représente une augmentation de 12% par rapport à celui de l’année précédente (779,8 millions d’euros en 2012). Pendant cette même période, les échanges commerciaux entre l’Italie et le Maroc s’élèvent à 2,18 milliards d’euros, dont 1,53 milliard correspondent aux exportations vers le Maroc et 0,65 milliard d’euros représentent des importations italiennes.
Les échanges commerciaux entre les deux pays ont augmenté par rapport à l’année précédente. Il est opportun de noter qu’ils n’ont pas atteint leur niveau d'avant la crise, soit 2,29 milliards d’euros en 2008. Les exportations italiennes vers le Maroc, en augmentation de 12% en 2013, se composent de plusieurs catégories de produits et machines : machines et appareils divers (307,3 millions d’euros), produits du raffinage du pétrole (197,8 millions d’euros), moteurs, générateurs et transformateurs électriques (80,7 millions d’euros), produits chimiques (79,3 millions d’euros), tissus (77,3 millions d’euros), véhicules (54,9 millions d’euros) et articles en matière plastique (52 millions d’euros).
Par ailleurs, les principaux produits importés du Maroc en Italie en 2013 sont les poissons, crustacés et mollusques (141,3 millions d’euros), les vêtements (85,7 millions d’euros), les véhicules (74,5 millions d’euros) et les appareils de câblage (72,7 millions d’euros). On note la présence de plus en plus importante des entreprises italiennes aux grandes manifestations au Maroc, comme le SIAM de Meknès. L’agriculture est un secteur très important. L’Italie exporte 35% des tracteurs utilisés au Maroc.

Quels sont les secteurs d’activité des entreprises italiennes présentes au Maroc ?
Plus de deux cents entreprises italiennes sont implantées au Maroc. À titre d’exemple, ST Microlectronics à Bouskoura (secteur micro-électronique), Italcementi (ciments du Maroc), Cristalstrass (lampadaires en verre de Murano). D’autres opèrent en pièces de rechange pour l’industrie automobile, dans l’agroalimentaire, les transports maritime et de passagers et dans la logistique. Beaucoup d’autres sont très intéressées par le secteur des énergies renouvelables.

Quid de la coopération italienne pour le développement au Maroc ?
L’Italie est présente au Maroc depuis les années soixante à travers les projets de la coopération au développement, notamment au niveau du secteur hydrique, celui de la santé, des routes rurales, du microcrédit destiné à la création d’emploi. Notre coopération est très importante aussi en matière de formation en archéologie menée en collaboration avec l’Université italienne de Siena.

Comment prévoyez-vous de dynamiser l’échange des visites officielles bilatérales qui n’est pas encore à la hauteur des aspirations ?
En premier lieu, j’aimerais souligner que le Maroc est vu par l’Italie comme un pays modèle et stable dans la région. Il a, en effet, pu mener des réformes considérables au cours des dernières années. Après mon arrivée au Maroc, nous avons mis en place un plan pour relancer les visites bilatérales. C’est ainsi qu’en février, le président du Sénat italien, Pietro Grasso, s’est rendu au Maroc.
En mars, le 30e Groupe Naval de la marine militaire italienne, un contingent composé du porte-avions «Cavour», d’un vaisseau amiral de la flotte italienne, du pétrolier-ravitailleur «Etna» et de la frégate «Bergamini», a fait escale pendant une semaine au port de Casablanca. S’en est suivie, en avril, une autre visite du ministre de la Justice, Andréa Orlando, qui a signé avec son homologue marocain Mustapha Ramid, un accord additionnel à la convention de coopération judiciaire et l’exécution des jugements et l'extradition des criminels, conclue entre les deux parties le 12 février 1971, outre un accord relatif au transfert des personnes condamnées. Il est clair qu’il faut promouvoir davantage les échanges des visites. L’Italie tend vers des relations stratégiques et renforcées avec le Maroc.

Quel regard portez-vous sur la communauté marocaine établie en Italie, notamment en cette période de crise ?
Il s’agit d’un point important qui lie les deux pays. Nous considérons que la communauté marocaine établie en Italie – qui est de l’ordre de 600.000 personnes – est une richesse pour le pays, non seulement sur le plan économique, mais parce qu'elle permet une meilleure connaissance des deux peuples. Il faut dire que les Marocains en Italie s’intègrent bien et représentent la première communauté non européenne. À cause de la crise, la communauté marocaine a vécu quelques difficultés. Certains immigrés marocains ont dû même revenir au Maroc.

La barrière de la langue se dresse devant les enfants des immigrés en Italie qui reviennent au Maroc. Que fait-on à ce niveau-là pour les accompagner ?
Nous avons une école italienne à Casablanca dont la grande majorité des élèves sont Marocains. Par ailleurs, beaucoup d’entreprises italiennes au Maroc pourront avoir besoin des personnes qui parlent l’italien et l’arabe. Il faut accompagner les immigrés qui sont de retour au Maroc à ce niveau-là en leur facilitant le contact avec le marché du travail. Les efforts sont déployés pour les immigrés aussi bien au Maroc qu’en Italie à travers la mise en place de certains programmes. Il s’agit, en particulier, de cours de formation professionnelle et de stages proposés aux citoyens marocains qui souhaitent immigrer en Italie. Ces cours sont organisés dans plusieurs régions du Maroc, en partenariat entre le ministère italien des Politiques agricoles et le ministère marocain de l’Agriculture.
Depuis plus d’un an déjà, le ministère italien de l’Intérieur finance des cours de langue italienne et des coutumes en faveur des citoyens marocains qui s’apprêtent à rejoindre l’Italie dans le cadre de la procédure du regroupement familial. Il est également à signaler que l’ambassade travaille sur un projet qui consiste à renforcer la présence de l’apprentissage de la langue italienne dans dix villes au Maroc. Mon idée est de ne pas rester concentré sur Rabat et Casablanca, mais de lancer des initiatives dans les régions.

Récemment, le Sénat italien a voté une motion sur le Sahara marocain. Le vice-ministre italien des Affaires étrangères, Lapo Pistelli, a signalé qu’il s’agissait d’un acte du Sénat et non pas du gouvernement, tout en précisant que l’Exécutif italien s’est toujours aligné sur les positions de l’Union européenne. Qu’en dites-vous ?
Je confirme les propos du vice-ministre italien des Affaires étrangères, Lapo Pistelli. Les parlementaires sont libres d’exprimer leurs opinions. Mais, la ligne du gouvernement italien a toujours été celle de l’amitié avec le Maroc. Le gouvernement italien s’aligne sur les positions de l’Union européenne et des Nations unies. On comprend que le dossier est très important pour le Maroc.
L’Italie, comme vous le savez, a aussi des officiers dans la Minurso et souhaite une solution rapide et positive à ce problème qui dure depuis longtemps. 

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