Le Matin : Tout le monde connaît Walid Regragui, le latéral volant de l'épopée de la CAN 2004, mais très peu connaissent Walid Regragui le technicien. Dites-nous-en plus sur cette reconversion.
Walid Regragui : Déjà quand j’étais joueur, j’avais une vocation à diriger le jeu. Quand j’étais à Ajaccio, j’ai pris des cours pour obtenir une équivalence C, puis B de l’UEFA. Après à Grenoble, j’ai préféré raccrocher les crampons, même si j’avais des offres d’autres clubs pour jouer encore. Je suis alors allé en région parisienne, pour avoir une licence F, reconnue par l’État. À Clairefontaine, j’ai décroché la licence A, avant de rentrer au Maroc, pour obtenir une licence A de la CAF, avec la direction technique nationale.
En quoi l'expérience au sein du staff de Rachid Taoussi vous a-t-elle été profitable ?
Pour acquérir de l’expérience, j’ai fait plusieurs stages dans de grands clubs, comme le Paris SG ou l’AS Roma, et puis aussi avec des clubs de la région parisienne. Mais mon expérience au sein du staff de l’équipe nationale aux côtés de Rachid Taoussi et Rachid Benmahmoud, m’a été très profitable. Ils m’ont beaucoup aidé à m’épanouir et arriver très vite dans le haut niveau.
Pourquoi avoir choisi d'entraîner au Maroc, et plus précisément au Fath Rabat ?
D’abord parce que je me suis senti prêt à relever le défi. Ensuite, j’ai choisi le Maroc pour être numéro 1 dans un grand club marocain. J’ai l’occasion de rendre un peu ce que mon pays m’a donné. Le FUS est un grand club et les dirigeants me donnent tout ce dont j’ai besoin, puis je peux travailler tranquillement. Tout ceci m’a motivé pour venir travailler ici, dans mon pays.
Le contexte de travail d'un entraîneur en Botola est très particulier. Si on exclut quelques clubs (le FUS et le MAT), la majorité limoge les techniciens, à la vue du moindre orage. Que pensez-vous de cette situation ?
C’est vrai que c’est regrettable. Nous sommes un pays méditerranéen, nous vivons le football avec beaucoup de passion. Ce qui génère beaucoup de pression sur les dirigeants de clubs, qui se séparent de l’entraîneur quand ça ne va pas. Un entraîneur a besoin de temps pour imposer son jeu, mais il est en général remercié en raison des résultats négatifs qui ne dépendent pas toujours de lui. J’espère et je pense que les mentalités vont évoluer dans le futur.
Quels sont les objectifs tracés par les dirigeants du club ? Et quels sont vos objectifs personnels au sein des R'batis ?
L’objectif principal est d’opérer dans la continuité. Le FUS a toujours terminé dans le haut du classement ces dernières saisons et mon rôle maintenant est de le maintenir dans cette position. Le club a une politique de rajeunissement pérenne et que je compte maintenir. À terme, l’équipe arrivera à remporter des titres, parce que tout le club est concentré et travaille dans le même sens. Quant à moi, mon objectif est de remporter des titres avec le FUS, tout en instaurant une philosophie, un style de jeu… Un «label FUS».
Le mercato est en pleine ébullition. Quels sont les renforcements que vous avez opérés cet été ?
Je ne désire pas chambouler l’effectif, qui est en place depuis quelques saisons déjà. Nous avons intégré 6 joueurs des Espoirs, qui sont nés après 1995. Nous avons fait revenir Adam Ennaffati, international olympique, qui était formé au club. En tout, ils sont 14 joueurs formés au FUS, qui sont dans l’effectif professionnel. Nous avons également recruté Mustapha Kondé, Mehdi El Bassel, Youssef Sekour et Nabil Baha.
Certains commencent déjà à parler de Nabil Baha en disant qu’il ne peut pas s’adapter au contexte de la «Botola». Que répondez-vous à ces allégations ?
Des joueurs comme Nabil Baha sont de grands professionnels. Ils peuvent s’adapter à n’importe quel contexte. Baha a joué en Espagne, en France, en Hongrie… Nous sommes en train de former un groupe soudé, avec 23 ou 24 joueurs confirmés, avec 5 ou 6 espoirs, capables de donner leur apport au groupe au besoin.
