L’épidémie d'Ebola ne fait pas uniquement des victimes parmi les malades, mais aussi chez les membres d'une délégation guinéenne d'information et de prévention contre le virus. Cette délégation a été accueillie «à coups de pierre et de bâton», a raconté à l’AFP un de ses membres. «Les manifestants soupçonnaient l'équipe d'être venue les tuer parce que, selon eux, Ebola n'est qu'une invention des Blancs pour tuer les Noirs».
Les corps des victimes ont été retrouvés jeudi dernier, certains portant «des coups de machette», a indiqué le ministre guinéen de la Communication, Alhoussein Kaké Makanéra, cité par l’AFP. «C'est vraiment triste et c'est dur à croire, mais ils ont été tués froidement par les villageois de Womé», a ajouté le porte-parole du gouvernement, Albert Damantang Camara. Le gouverneur de Womé, Lancéi Condé, a dénoncé «des gens tapis dans l'ombre qui manipulent les populations». La lutte contre Ebola s'était déjà heurtée à des réactions de déni, parfois violentes, des populations, mais c'est la première fois qu'elles aboutissent à des morts.
Confinement intégral en Sierra Leone
La Sierra Leone, un des trois pays africains frappés de plein fouet par Ebola, a entamé dans la nuit de jeudi à vendredi un confinement d'une ampleur inédite de sa population pendant trois jours, avec une campagne de porte-à-porte géante visant ses six millions d'habitants. Pourtant, plusieurs autres mesures spectaculaires comme des couvre-feux, des mises en quarantaine de quartiers et des fermetures de frontières ont déjà été prises par les pays touchés (ou leurs voisins), sans arriver à freiner la progression de l'épidémie. Le confinement de la population a été qualifié de «mesure» hautement irréaliste» par un ancien responsable de Médecins sans frontières qui estime que la Sierra Leone n'aura «pas les moyens de visiter l'ensemble des foyers en trois jours». Face à cette situation, avec 2.630 morts et 5.300 malades, le Conseil de sécurité de l'ONU, qui s’est réuni pour la première fois afin d’aborder une question sanitaire, qualifie cette épidémie de «menace pour la paix et la sécurité internationales». Les Nations unies ont besoin de près d'un milliard de dollars sur six mois pour juguler l'épidémie. L'ONU appelle à une aide d'urgence: le nombre de cas double toutes les trois semaines. Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté une résolution unanime pour mobiliser contre la progression foudroyante de l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest.