Artiste-peintre au style qui s’insurge contre les étiquettes et les stéréotypes, Karim Bennani est un passionné qui a dédié soixante années de sa vie à la création plastique. Après des années loin de la ville où il a vu le jour, il revient à Fès, pour y présenter l’exposition «Une existence dans la fécondité» qui représente une rétrospective de son œuvre depuis 1950. Avec à son actif, plus de 2 000 œuvres d’art, entre peintures et sculptures, Karim Bennani est en effet, l’un des artistes-plasticiens marocains les plus prolifiques.
Cette exposition qu’abrite, jusqu’au 28 février, la Galerie Mohamed Kacimi, invite à la découverte de l’univers pictural unique de cet artiste dont la créativité épouse l’originalité. Sa passion pour l’art et la création l’ont toujours poussé à expérimenter de nouvelles techniques picturales et à plonger dans des aventures artistiques inédites, sans limites et sans complexes, en se fiant seulement à son instinct et à son cœur. «Je peins pour moi-même et pour être aimé. Peu importe que mes toiles se vendent ou non, cela m’est égal, car l’art est consubstantiel à mon être. J’y puise mon équilibre et j’y retrouve mon “moi” dans sa totalité», précise Karim Bennani.
Le public a, ainsi, l’occasion lors de cette exposition, de voyager avec l’artiste, depuis ses premières œuvres figuratives, en passant par ses gestations et expérimentations artistiques multiples, jusqu’à sa phase formelle et lyrique actuelle, onirique et mystérieuse.
Après des débuts qui portent sur les formes et rythmes du visage traités d’une manière anecdotique dans des couleurs vives, Karim Bennani s’oriente ensuite, vers la calligraphie arabe qui transparaît à travers un ensemble de lignes articulées d’une manière gestuelle. Viennent s’y ajouter des astéroïdes qui envahissent parfois toute la toile et qui semblent issus des étoiles de l’art traditionnel musulman. Il s’investit dans la réalisation de fresques murales, de tapis muraux, dans les reliefs en bois. Son expression plastique est dépouillée et totalement abstraite, toute en courbes dans un chromatisme intense ou dans un mono-chromatisme, principalement le blanc.
Le goût initial de Karim Bennani pour l’informel et la richesse des matières, longtemps contrarié par la quête de la pureté des lignes, trouve son équilibre dans les symbioses récentes où l’ordre et le chaos s’exaltent mutuellement, s’effleurent, s’interpénètrent. L’artiste opère un véritable effort de synthèse, celui du moment. Il reste fidèle à la courbe première et témoigne d’une signifiante vigueur expressive.
Comptant parmi les fondateurs de la peinture moderne au Maroc, Karim Bennani a créé, en 2006, la Fondation Karim Bennani pour les arts et la culture à Rabat. Il est également expert assermenté près des tribunaux et membre actif du Conseil international des musées.
