Entamés hier, les travaux du premier forum économique Maroc-Russie (9 et 10 juin) se poursuivent aujourd’hui à Moscou sur le thème «Maroc, un partenaire stratégique pour la Russie». La rencontre, organisée conjointement par la CGEM et le ministère des Affaires étrangères, est marquée par la participation de plusieurs ministres et hommes d’affaires des deux côtés.
À travers ce forum, les deux parties entendent relancer leur partenariat économique en explorant de nouvelles pistes de coopération. Car, jusque-là, les deux pays n’ont pas encore exploité le plein potentiel qu’offrent leurs économies respectives, même si les échanges commerciaux entre le Maroc et la Fédération de Russie ont connu une nette progression durant les 10 dernières années. Ils ont en effet dépassé les 1,7 milliard de dollars en 2013. Le Maroc est le premier partenaire commercial de la Fédération de Russie au niveau africain et arabe.
Mais malgré cette prééminence, le Royaume souhaite aller plus loin. Pour lui, l’enjeu consiste plutôt à développer l’offre exportable vers ce pays, car la balance commerciale penche en faveur de la partie russe. C’est probablement la raison pour laquelle l’Asmex (Association marocaine des exportateurs) est fortement représentée dans cet important rendez-vous. Son président, Hassan Sentissi El Idrissi, en sa qualité de président du Conseil d’affaires Maroc-Russie, conduit en effet une forte délégation d’hommes d’affaires marocains désireux d'explorer de nouvelles opportunités commerciales avec leurs homologues russes et d’étudier les leviers de croissance qu’offrent les deux pays. «Après le forum Maroc-Russie tenu en décembre dernier au Maroc à l'initiative de l'Asmex, cette rencontre s'inscrit dans la continuité de notre stratégie de développement du partenariat bilatéral. Elle vise à présenter les potentialités du Maroc en termes d’opportunités d’affaires et d’investissements, permettre aux participants marocains d’échanger avec leurs homologues russes», déclare M. Sentissi.
«Ce forum d’affaires est une occasion pour nous pour poursuivre le dialogue avec nos homologues russes sur les différents aspects concernant l’accès à ce marché, les échanges bilatéraux et leur rééquilibrage», souligne pour sa part Ahmed Derrab, secrétaire général de l’Association des producteurs d’agrumes du Maroc (ASPAM).
Les secteurs de l’énergie et des mines, de l’agriculture, de l’industrie, des équipements et des infrastructures seront également parmi les principaux secteurs explorés lors de ce Forum. À cela s’ajoute bien sûr le tourisme qui sera représenté par une multitude d’acteurs publics et privés. À cet égard, le Maroc ne cache pas ses ambitions. Il souhaite attirer 800.000 touristes russes à horizon 2020. «L’objectif est certes ambitieux, mais nous avons les moyens pour l'atteindre, notamment à travers deux leviers majeurs, à savoir l'accélération du développement de l’offre balnéaire, très prisée par les touristes russes, et le renforcement des liaisons aériennes avec la Russie», explique le ministre du Tourisme, Lahcen Haddad. Mais au-delà du secteur du tourisme, M. Haddad estime qu’il s’agit d’une opportunité de premier choix pour les deux parties pour renforcer davantage leurs relations économiques et explorer les pistes de futurs partenariats. D'autant que
«ce forum est organisé à un moment crucial sur le plan des relations géostratégiques, compte tenu de la dynamique insufflée par Sa Majesté le Roi à la diplomatie économique marocaine ainsi que la place dont elle jouit au niveau international».
Questions à Lahcen Haddad, ministre du Tourisme
«Notre ambition est d'atteindre 800.000 touristes russes à l'horizon 2020»
Quelle place occupe le marché russe dans la stratégie du ministère du Tourisme ?
La conquête des marchés émergents, particulièrement le marché russe, est une des priorités fixées par la Vision 2020. C’est dans cette optique que nous avons mis en place plusieurs mesures qui commencent à porter leurs fruits. En effet, le Maroc a accueilli en 2013 plus de 47.000 touristes russes, soit une progression de 59% par rapport à 2012. Ces premiers résultats sont très encourageants, mais nous devons toutefois poursuivre les efforts consentis pour mieux pénétrer ce marché à très fort potentiel. Il est à rappeler que plus de 15 millions de Russes voyagent chaque année à l’étranger et dépensent en moyenne l’équivalent de 1.300 DH/jour et par personne.
Notre ambition est d'atteindre 800.000 touristes russes à horizon 2020.
L’objectif est certes ambitieux, mais nous avons les moyens pour l'atteindre, notamment à travers deux leviers majeurs, à savoir l'accélération du développement de l’offre balnéaire, très recherchée par les touristes russes, et le renforcement des liaisons aériennes avec la Russie. Pour ce deuxième aspect, l’année 2014 est une année cruciale pour nous, particulièrement en ce qui concerne la contractualisation avec les tours opérateurs russes.
Quels sont les secteurs qui pourraient intéresser les investisseurs russes au Maroc ?
Le Maroc offre d’innombrables opportunités d’investissement aussi bien dans le secteur du tourisme que dans l’industrie, les nouvelles technologies, l’agroalimentaire, le transport, etc.
De plus, grâce notamment à sa capacité de résilience face à la crise qui a sévi en Europe ainsi que par son positionnement stratégique par rapport à l’Afrique, le Maroc offre les conditions idoines pour attirer les investisseurs russes. Par ailleurs, les efforts consentis par le gouvernement pour accompagner les investissements et améliorer le climat des affaires sont également un atout de taille.
Le Maroc s’ouvre de plus en plus sur de nouveaux marchés. Comment expliquez-vous cette nouvelle orientation ?
L’Europe est et restera un partenaire important du Maroc. Cet état de fait n’est aucunement antinomique avec la volonté qu’à notre pays de diversifier ses partenaires et de s’ouvrir sur de nouveaux horizons.
D’ailleurs, cela ne date pas d’aujourd’hui. Sous l’impulsion de Sa Majesté, le Maroc a noué des relations stratégiques avec les différents continents, bien évidemment l’Afrique, en passant par le dialogue stratégique avec les États-Unis d’Amérique, les relations privilégiées avec les pays arabes et du Golfe, l’ouverture vers l’Asie et l’Amérique latine, etc. Ce sont là autant de manifestations de la politique d’ouverture et de dialogue prônée par le Maroc, qui lui permet de nouer des partenariats stratégiques avec l’ensemble des partenaires.
