Le choc prévu cet après-midi au mythique stade du Maracaña nous rappelle inévitablement celui du Mondial 1982, avec une demi-finale inédite opposant l’Allemagne à la France.
Un match qui changera à jamais le cours de la vie d’un joueur français, Patrick Battiston, bien que son apparition dans la rencontre n’ait duré que sept minutes. Le temps de remplacer Bernard Genghini à la 50e minute, le temps d'être lancé par Michel Platini, de tenter un lob du gauche et d'être percuté violemment par Harald Schumacher sorti à sa rencontre les deux poings en avant. Après la 57e minute, Battiston reste allongé, sans réaction, pendant trois longues minutes dans la surface allemande. Longtemps taiseux sur cette agression, Battiston, 57 ans aujourd’hui et directeur du Centre de formation de Bordeaux, s'est remémoré cette soirée sévillane à l’occasion du remake brésilien : «Une fissure d'une vertèbre cervicale et des fractures aux dents, voilà ce qui me reste encore aujourd'hui de cette agression. Je me souviens de son attitude lorsque j'étais sur le banc. Je voyais son comportement, on l'avait vu lors d'accrochages avec Dominique Rocheteau ou Didier Six, je le trouvais bien énervé, bien excité. Je l'avais dit aux autres joueurs sur le banc. C'est surtout le comportement à la suite de ce qui m'est arrivé sur le terrain qui m’a interpellé : l'arbitrage curieux du Néerlandais Charles Corver qui ne sifflait plus des fautes pourtant évidentes quand l'Allemagne était menée.»
Battiston se rappelle également -non sans émotion- une discussion, presque complice entre Charles Corver et Schumacher, indigne de la situation et qui a révolté la France entière. Pas un brin rancunier, l’ancien international français pardonnera le portier allemand quelques jours après l’incident, et l’a même rencontré ensuite : «On s'était revu à l'initiative du manageur de Schumacher qui avait souhaité me rencontrer… Il m'avait dit qu'il n'était pas bien, que les gens étaient agressifs envers lui suite à son attitude. Il se sentait peut-être coupable. On s'est encore croisé deux ou trois fois, sur des terrains, dans des tribunes à Munich ou quand on a joué France-Allemagne en 1984». Un flash-back qui ajoutera certainement du piment au duel d’aujourd’hui, bien qu’on imagine mal Manuel Neuer s’en prendre à un joueur de Deschamps.
