Le spécialiste national du rail, l’Office national des chemins de fer (ONCF), va investir plus de 8,5 milliards en 2015. Quelque 5,5 milliards de cette enveloppe seront injectés dans la réalisation de la ligne à grande vitesse, LGV. Le reste ira au financement du programme général de l’Office. Dans le détail, il s’agit, selon les services de Rabie Khlie, de la poursuite des travaux de réalisation des projets d’augmentation de la capacité de la ligne ferroviaire Casablanca-Kénitra et de la mise à niveau de celle de Settat-Marrakech pour un montant de 1,4 milliard de dirhams. L’entreprise affirme son intention de mettre à niveau l’année prochaine les lignes Fès-Oujda et Sidi Kacem-Tanger pour pas moins de 306 millions de dirhams.
À ces chantiers, il faut ajouter le parachèvement du programme des installations de sécurité et sous-stations et la sécurisation des passages non sécurisés (381 millions de DH), et la poursuite des travaux de réhabilitation et de rénovation de divers matériels roulants, dont les locomotives, les rames automotrices, les voitures à voyageurs climatisées et divers wagons (371 millions de DH). Rappelons que le contrat-programme État-ONCF pour la période 2010-2015 prévoit un investissement de 32,8 milliards de dirhams, dont 12,8 milliards pour la mise à niveau de l’appareil de production et pas moins de 20 milliards pour la réalisation du projet de LGV. Les investissements réalisés à fin 2013 par l’établissement pèsent plus de 4,925 milliards de dirhams, dont 2,622 milliards affectés à la LGV et 2,303 milliards au programme général. Notons que sur des prévisions de 7,923 milliards en 2014, les réalisations à fin juin dernier frôlent 1,8 milliard, selon le rapport sur les établissements et entreprises publics accompagnant le projet de loi de Finances 2015.
Dans le fret et la logistique, l’Office compte renforcer son positionnement en poursuivant la réorganisation de son pôle fret et logistique à travers la mise en place de gares spécialisées dans la logistique et la séparation du pôle fret de l’activité voyageurs. Son ambition : devenir l’un des champions nationaux dans ce secteur. D’ailleurs, l’établissement prévoit des projets en synergie avec la Société nationale du transport et de la logistique (SNTL) pour le développement de cette activité.
En 2015, le spécialiste du rail compte booster son trafic fret en le faisant passer de 8 à 18 millions de tonnes. Il entend confirmer son positionnement dans la logistique des conteneurs en tablant sur le transport de plus de 100.000 conteneurs par rail et le traitement de quelque 300.000 dans les ports secs. Pour atteindre ces objectifs, l’ONCF affirme s’appuyer sur 4 leviers. D’abord accélérer le développement des plans logistiques sectoriels, notamment pour les céréales et les hydrocarbures. Ensuite, capter rapidement le potentiel de trafic des nouvelles dessertes de Tanger Med et Nador. Puis, accroître la part du trafic ferroviaire dans les ports de Casablanca, Jorf Lasfar et Safi. Enfin, construire et exploiter un réseau de terminaux à conteneurs multimodaux (ports secs) et développer à leur proximité des zones d’activités logistiques. Il faut dire que les performances 2013 confirment la tendance haussière de l’activité fret et logistique enregistrée depuis quatre années. Concrètement, le chiffre d’affaires global de l’activité fret de l’Office ressort à 2,150 milliards de dirhams, en progression de 2% par rapport à l’année précédente. Les volumes transportés ont atteint plus de 36,2 millions de tonnes, soit un niveau comparable à celui de l’année précédente. Ce qui conforte le management dans sa nouvelle stratégie logistique, c’est la montée en charge du trafic de voitures à l’export du port de Tanger-Med, le démarrage du trafic des argiles et du trafic des hydrocarbures au départ du port de Tanger-Med et les essais concluants du trafic des céréales au départ du port de Nador.
Logistique automobile, le nouveau métier de l’ONCF
Le trafic de voitures fait beaucoup saliver l’ONCF, d’autant plus que cette activité commence à valoir son pesant d’or dans ses performances. En effet, l’Office a transporté plus de 95.000 voitures en 2013, contre 55.600 en 2012. Ce volume, en nette progression, a généré pour l’ONCF un chiffre d’affaires de 17,6 millions de dirhams, contre 12,9 millions une année auparavant. Notons que les prévisions de la direction générale tablent cette année sur le maintien de cette tendance puisque les volumes prévisionnels affichés sont fortement prometteurs : plus de 120.000 voitures à l’export et pas moins de 20.000 à l’import. Le trafic d’argile commence à prendre de l’importance puisque les wagons de l’ONCF transportent aujourd’hui plus de 1.200 tonnes par jour.
Ce nouveau marché qui a démarré en avril 2013 a généré pour l’Office un chiffre d’affaires de 11 millions de dirhams pour un volume transporté de plus de 178.000 tonnes en 2013. Selon les services de Rabie Khlie, le trafic d’argile recèle un potentiel annuel de pas moins de 300.000 tonnes, soit un chiffre d’affaires additionnel de 20 millions de dirhams. Notons que suite à la réussite de l’opération de transfert modal de ce marché de la route vers le mode ferroviaire, l’ONCF est actuellement en négociations avec le client Super Cérame pour assurer par rail en fret de retour le transport d’argile atomisé en vrac, sur le même axe de transport de base, et pénétrer le marché des produits finis, à savoir les carreaux céramiques.
Le transport des hydrocarbures figure également parmi les secteurs à fort potentiel pour l’Office. D’ailleurs, l’ONCF dispose d’un plan logistique spécial pour consolider son positionnement sur ce marché. Ce plan a connu la réalisation de plusieurs opérations de taille, notamment la mise en exploitation d’un nouveau projet, à savoir la plateforme pétrolière HTT au port de Tanger Med (expéditions en trains complets de fuel spécial sur la turbine à gaz de la centrale thermique de Kénitra et de gasoil sur le dépôt Afriquia à Meknès). D’autres projets sont également dans le pipe. Il s’agit notamment des plateformes pétrolières d’Afriquia à Sidi Bou Othmane et à Ras El Ma, ainsi que du renforcement de la capacité de chargement des wagons dans celle de Jorf Lasfar.
