Sabah, de son vrai nom Jeannette Gergi Feghali, s'est éteinte à l'aube dans son lit, à l'hôtel Comfort dans la banlieue de Beyrouth où elle résidait, a annoncé son imprésario, Joseph Gharib. «Une partie de la belle histoire du Liban disparaît» avec elle, a regretté l'ancien député et ministre libanais Sleimane Frangié. Les funérailles se dérouleront dimanche prochain dans la capitale et seront à la hauteur de son statut d'icône nationale, a assuré le ministre de l'Information, Ramzi Jreij.
Surnommée par ses fans «Chahroura» (merle chanteur) ou Sabouha (diminutif de Sabah), la diva sera ensuite enterrée à Bdedoun, le village chrétien à l'est de Beyrouth ou elle vit le jour en 1927. Elle se lance très jeune dans la chanson, dès 1940, entamant ainsi une longue carrière avec plus de 3.000 chansons et une cinquantaine d'albums. Elle chante notamment des airs traditionnels libanais produits en grande partie par les Frères Rahbani ou les compositeurs égyptiens Baligh Hamdi et Mohamed Abdelwahab. Elle se produit dans les plus grandes salles du monde, comme l'Olympia à Paris ou l'Albert Hall à Londres. Sabah mène parallèlement une carrière fructueuse au cinéma, essentiellement en Égypte, où elle tourne dans près de 100 films en compagnie de vedettes masculines égyptiennes comme Rouchdi Abaza, Salah Zoulfiqar, Abdelhalim Hafez et Farid Chawki.
Blonde platine, les lèvres d'un rouge flamboyant, elle est aussi célèbre dans le monde arabe pour présenter des concerts et participer à des émissions à la télévision à un âge avancé. «L'artiste qui veut se maintenir au sommet ne se repose jamais», déclarait-elle au quotidien libanais «L'Orient-Le Jour» en 2001. «J'ai été très courageuse dans ma vie. J'ai tout décidé moi-même et je n'en fais qu'à ma tête. On ne vit qu'une seule fois».
Mariée neuf fois !
Reconnue pour sa voix expressive et chaude, cette icône de la chanson folklorique possédait également les nationalités libanaise, jordanienne, égyptienne et américaine. Sa vie sentimentale agitée a également beaucoup fait parler d'elle puisque Sabah s'est mariée neuf fois avec des hommes libanais ou égyptiens. Elle a notamment épousé en 1946 Najib Shammas avec qui elle a eu un enfant, devenu médecin aux États-Unis, Anwar Mansy avec qui elle a passé quatre ans et eu sa fille Houeida, le compositeur Baligh Hamdi, l'animateur égyptien Ahmed Farragh et l'acteur égyptien Rouchdi Abaza. «La plupart de mes mariages ont duré 5 ans. Au bout de la cinquième année, je deviens folle ! Ces hommes ont tous voulu gérer ma vie et ma carrière. En contrepartie, ils ne m'offraient rien», a-t-elle déclaré à «L'Orient-Le Jour». Son dernier mari est Fadi Kuntar, surnommé Fadi Loubnane, avec qui elle a réalisé le film «Sabouha la vie» en 1990.
Sabah, qui refusait de vieillir, a continué dans ses dernières années à enregistrer des vidéo-clips et à participer à de grandes émissions de télévision.
À l'annonce de son décès, des artistes libanais ont remplacé leur photo de profil sur Twitter par des images de la jeune Sabah. «Sabah est partie, mais elle vit dans nos cœurs», s'est écrié la star de la pop Nancy Ajram.