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Le textile-habillement à la croisée des chemins

Fleuron de l’industrie nationale depuis les années 1980, le secteur du textile-habillement peine aujourd’hui à retrouver son lustre d’antan. Crise de 2008, baisse de la demande étrangère, faiblesse du taux d’intégration et de la valeur ajoutée, manque d’investissements... autant de facteurs qui ont contribué à l’essoufflement de l’activité. Mis sous perfusion depuis 2009, le secteur tente de se renouveler. L’électrochoc viendra-t-il des écosystèmes du plan d’accélération industrielle ?

Le textile-habillement à la croisée des chemins
Selon un ancien président de l’Amith, le secteur est plombé par l’amont.b PH. DR

«Le textile n’est plus un secteur porteur». C’est en ces termes que l’ex-ministre de l’Industrie et du commerce de Benkirane I, Abdelkader Amara, avait qualifié le textile-habillement marocain. Avant le lancement en avril 2014 de la nouvelle vision pour l’industrie, portée par le gouvernement Benkirane II, le ministère de tutelle, qui rechignait à l’époque à signer un nouveau contrat programme avec l’Amith (Association marocaine des industries du textile-habillement), considérait que le secteur n’arrivait pas à prouver sa compétitivité. Ce qui est en partie vrai : après avoir connu un taux de croissance annuel moyen de la valeur ajoutée de 17% durant la décennie 1980 et une croissance soutenue de 8% durant la décennie 1990, l’industrie nationale du textile habillement s’est inscrite dans un cycle baissier. Son poids dans la valeur ajoutée globale du pays est passé de 4,5 à 2,7% entre 2000 et 2013. De même, le nombre d’entreprises et d’emplois dans la filière a connu une chute de 32 et 17% respectivement durant la dernière décennie.

Pour Benkirane I, il n’était donc plus question de maintenir le secteur sous perfusion à coups d’incitations (comme cela a été le cas en 2009). Aujourd’hui, une nouvelle logique semble s’installer du côté du gouvernement comme de celui des professionnels. En avril 2014, une convention-cadre État-Amith a été signée dans la droite ligne du plan d’accélération industrielle 2014-2020. Elle prévoit la création et l’animation de sept écosystèmes relatifs à l’industrie du textile-habillement.

80% des intrants sont importés

Le déclin du secteur textile s’explique par un ensemble de fragilités structurelles. Ces dernières vont de la faible intégration du secteur à la forte concentration des exportations sur le marché européen, en passant par la faiblesse de l’innovation et des moyens de financement spécifiques. À cela s’ajoutent le manque de qualification et de compétences techniques ainsi que le développement des activités de sous-traitance au détriment de celles générant une forte valeur ajoutée. Les activités de sous-traitance contribuent, en effet, pour plus de 70% du chiffre global du secteur qui dépend d’un nombre très limité de donneurs d’ordres, notamment français et espagnols, essentiellement Inditex avec ses 100 millions de pièces annuelles sur un total de 600 millions.
Selon un ancien président de l’Amith, le secteur est plombé par l’amont (filature, tissage, teinture). Celui-ci est quasi inexistant dans la mesure où les industriels importent la quasi-totalité de leurs intrants. Et ce, alors qu’il est possible de les fabriquer localement. Le problème majeur est que l’industrie locale reste peu compétitive par rapport aux produits asiatiques ou aux importations de certains pays européens. Selon les estimations des professionnels, le secteur national importe pour 80% de ses besoins en intrants.

Dans son étude pour une montée en puissance du secteur à l’horizon 2025, l’Amith estime qu’il faut «opérer une rupture» avec les stratégies précédentes pour «saisir les opportunités et favoriser l’émergence d’une offre locale de substitution». Ceci passera selon l’association par le renforcement des filières habillement et textile de maison et la création d’un pôle textile à usage technique (TUT). Les produits de ce segment sont demandés notamment par les industries de l’automobile, du secteur médical et les géotextiles (des tissus en matériaux synthétiques, destinés aux travaux de bâtiment, de génie civil et d’agriculture). Le positionnement du Maroc est en effet encore timide sur les TUT et le textile de maison. Les professionnels ambitionnent aussi d’en finir avec la «sur-focalisation» de l’industrie marocaine sur le modèle de sous-traitance, qui demeure de faible valeur ajoutée à l’export. 


Exportations : La part du textile-habillement divisée par deux en dix ans !

En 2013, le secteur a participé pour 17,3% à la progression des exportations. Toutefois, sa part dans le total des expéditions a perdu 2,7 points en 2013, selon le rapport 2013 de l’Office des changes. L’année dernière, la filière a réalisé 31,9 milliards de DH à l’export. Niveau en baisse de 3,3% par rapport à 2012. Mais en croissance de 8,4% comparé à 2008.
Par segment, les exportations d’articles de bonneteries ont baissé de 59,7% entre 2008 et 2013. Contrairement aux vêtements confectionnés, dont la part dans les expéditions à l’export a plus que doublé en cinq ans. Le segment a réalisé 19,02 milliards de DH de chiffre d’affaires à l’export l’année dernière, alors qu’il n’enregistrait que 6,66 milliards de DH en 2008. Les segments des articles de bonneteries et des vêtements confectionnés interviennent à eux seuls pour 14,2% dans le total des exportations marocaines en 2013. Toutefois, leur part a reculé de plus de la moitié depuis 2004 où elle atteignait encore 30,1%.

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