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La ménopause précoce augmente les risques d’insuffisance cardiaque

Selon une étude suédoise, la ménopause précoce, survenant chez la femme parfois avant 40 ans, augmenterait le risque de défaillance cardiaque de 40%. Un risque notamment accru avec le tabagisme.

La ménopause précoce augmente les risques d’insuffisance cardiaque
Bouffées de chaleur et sécheresse cutanée sont les premiers symptômes de la ménopause.

Les chercheurs de l'Institut suédois de Karolinska ont suivi 22.256 femmes ménopausées. Sur la durée du suivi qui était de 13 ans, 2.532 hospitalisations et décès pour cause cardiaque ont été recensés. Le risque de défaillance cardiaque est ainsi estimé à 40%. Un pourcentage plus élevé que chez les femmes qui vivent leur ménopause à l'âge habituel, entre 50 et 54 ans. L’âge moyen de la ménopause étant 51 ans. Par ailleurs, cette étude a relevé que ce risque d’insuffisance cardiaque diminuait de 2% pour chaque année non ménopausée dès 40 ans. «Les fumeuses connaissent la ménopause en moyenne un an plus tôt que les non-fumeuses et ont un risque encore plus élevé d’insuffisance cardiaque», précisent les auteurs de cette étude qui confirment une interaction significative entre l'âge de la ménopause naturelle (51 ans environ) et le tabagisme. Ce risque élevé vaut également pour les femmes qui ne fument plus aujourd'hui, mais qui ont fumé par le passé, surtout si elles sont ménopausées entre 46 et 49 ans. La ménopause précoce apparaît en effet comme une période de vulnérabilité cardiaque et les chercheurs souhaitent maintenant regarder si insuffisance ovarienne et cardiaque ont des facteurs communs, autres que le tabagisme.

Pour éviter ces désagréments dans le futur, il est toujours possible pour la femme non ménopausée aujourd’hui d’adopter un mode de vie correct. Les médecins conseillent bien évidemment d’arrêter de fumer, mais aussi de pratiquer une activité sportive, d’opter pour une alimentation équilibrée, de perdre du poids ou de maintenir un poids de santé. À noter que des recherches antérieures avaient démontré que la ménopause précoce augmentait aussi le risque de problèmes de santé tels que la crise cardiaque, les accidents vasculaires cérébraux, l'arthrite et l'ostéoporose. «En effet, la ménopause précoce augmente tous ces risques, notamment l’ostéoporose et le risque accru de fractures pathologiques, en plus du risque d’atrophie vulvo-vaginale et des problèmes urinaires. Pour terminer sur une note positive, une femme ayant eu une ménopause précoce est plus protégée contre ce cancer que celle qui fait une ménopause tardive», explique le professeur Chafik Chraibi, chef du service de gynécologie obstétrique à la maternité des orangers du CHU de Rabat.

Pour rappel, «la ménopause précoce survient avant l’âge de 40 ans et présente les mêmes symptômes qu’une ménopause classique si ce n’est la sévérité croissante de ces symptômes tels que les bouffées de chaleur, la sécheresse de la peau, problème urinaire, aménorrhée, ostéoporose et bien sûr la stérilité en raison d’une insuffisance prolongée en œstrogènes», conclut finalement le professeur Chraïbi. 


Explications : Touria Skalli, gynécologue

«La ménopause précoce survient avant l’âge de 40 ans»

Qu’est-ce que la ménopause précoce ?
La ménopause précoce ou Insuffisance ovarienne prématurée (IOP) est l’arrêt prématuré du cycle ovarien chez une femme. La ménopause est une phase naturelle et physiologique au cours de la vie d’une femme. L’âge moyen de la ménopause normale étant la cinquantaine, on parle de ménopause précoce quand celle-ci survient avant l’âge de 40 ans.

Quelle est sa prévalence au Maroc ?
La fréquence de l’IOP reste faible : elle concerne 1% des femmes et touche 0,1% des femmes de moins de 30 ans.

Est-elle différente d'une ménopause classique ?
Elle n’est pas différente de la ménopause classique et peut s’accompagner parfois, mais pas toujours, de bouffées de chaleur ou de suées nocturnes. L’arrêt des cycles menstruels chez une femme au-delà de 40 ans est plus ou moins attendu, et ne nécessite pas d’explorations particulières. Par contre, lorsque cette ménopause survient plus tôt dans la vie de la femme, les examens biologiques sont d’un grand secours. C’est l’arrêt définitif de la capacité d’enfanter qui pose souvent problème.

Quels sont les facteurs de risque de la ménopause précoce ?
Dans certaines situations telles que les chimiothérapies, les radiothérapies, on parle de ménopause iatrogène, c’est un effet secondaire classique, mais réversible parfois après la fin des traitements. Les causes chromosomiques de ménopause précoce sont très rares.Parfois, l’IOP survient à la suite d’un choc affectif. Les ovaires peuvent également s’arrêter de fonctionner en cas d’anorexie mentale. Enfin, le tabagisme altère également la fonction ovarienne. Cependant dans 80% des cas, aucune cause n’est retrouvée ! De même, on ne peut pas prédire à une jeune femme l’âge auquel surviendra la ménopause, précoce ou non. Sauf lorsque nous sommes devant un traitement de cancer, nous savons que 1 fille sur 6 traitées pour un cancer dans l'enfance aura une IOP.

Quelles répercussions sur la vie de la patiente ?
Même si elle touche peu de femmes, les conséquences de la ménopause précoce peuvent être importantes tant aux niveaux physique que psychique. En dehors de la perte définitive de la capacité de procréation, l’arrêt du fonctionnement hormonal de l’ovaire entraine une baisse très importante des œstrogènes, hormones très puissantes. Elles ont des effets tant au niveau du cerveau, que de l’os ou du système cardiovasculaire. Une jeune femme qui fait une ménopause précoce va alors perdre les avantages régulateurs des œstrogènes.

La ménopause précoce a-t-elle d'autres incidences sur la santé ?
Les risques cardiovasculaires (infarctus, accident vasculaire cérébral, athérosclérose...) sont augmentés, car les œstrogènes ont un effet protecteur sur le cœur et les vaisseaux sanguins, la baisse prématurée et brutale de ces hormones augmente donc ces risques. La jeune femme aura donc intérêt à suivre un traitement hormonal de substitution pendant quelques années.

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