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«Une grande première». C’est ainsi qu’a été présentée la rencontre-débat organisée mardi dernier à Casablanca sur le thème «Investir en France», dans le cadre du Forum de partenariat France-Maroc. «Aucune réunion de ce genre n’a en effet, à ma connaissance, été organisée dans le passé. La tenue, en terre marocaine, d’un séminaire sur les opportunités d’investissement en France est donc, en elle-même, un événement», a souligné le premier intervenant à cette occasion, Charles Fries, ambassadeur de France au Maroc. Ainsi, la donne a changé, puisqu’on ne parle plus seulement des investissements français au Maroc, mais aussi de ceux des entreprises marocaines dans l’Hexagone. Serge Bocher, directeur général de l’Agence française pour les investissements internationaux (AFII, l’équivalent de l’Agence marocaine pour le développement industriel, AMDI) nous a livré, à ce propos, des chiffres éloquents. En effet, il a souligné que les investissements marocains créateurs d’emploi en France sont importants. Il s’agit de plus de 200 entreprises marocaines implantées en France, employant plus de 2.500 salariés. Ces chiffres concernent l’année 2013. «Entre 2010 et 2013, sept projets d’investissement marocains créateurs d’emploi se sont dirigés vers la France et ont créé ou maintenu près de 400 emplois», souligne-t-il en s’appuyant sur les données de 2014 de son Agence. Les chiffres livrés à cette occasion par Hicham Brahmi, de l’Office des changes, montrent que la répartition des investissements de portefeuille marocains en France sont passés de 618,6 en 2009 à 1.379,5 millions de dirhams en 2012 (les chiffres provisoires pour l’année 2013 ne dépassent pas 526,7 MDH). Ce chiffre avait été plus important en 2011 avec 2.678,9 MDH.
À ce sujet, le patronat marocain estime que l’axe Maroc-France est stratégique. «La tenue pour la première fois d’un séminaire sur le thème “investir en France” montre que le moment est venu d’élargir le champ des collaborations, d’explorer de nouvelles voies et bien sûr d’accélérer le rythme des colocalisations que nous avons appelées de nos vœux», a souligné la présidente de la CGEM, Meriem Bensalah-Chaqroun dans une allocution dont lecture a été donnée par Nabila Freidji, présidente de la commission dynamique régionale à la CGEM.
De son côté, la France, qui accueille déjà des investisseurs du monde entier avec, en 2013, près de 700 décisions d’investissement étranger créant ou sauvegardant près de 30.000 emplois (issues de 44 pays, dont le Maroc), souhaite voir davantage d’industriels marocains s’installer sur son sol. «C’est l’une des priorités de la diplomatie économique impulsée par le ministre des Affaires étrangères et du développement international, Laurent Fabius», affirme Charles Fries. L’ambassadeur français estime que le Maroc a considérablement progressé sur le plan économique ces dernières années. «Le Maroc dispose aujourd’hui de capitaux susceptibles d’être investis à l’étranger. Il se déploie aussi en Afrique bien sûr, avec des succès remarquables en matière de services financiers, de télécommunications, de promotion immobilière, de pharmacie, d’engrais. Les entreprises françaises prennent d’ailleurs toute leur place dans cette évolution, au point que ce thème fait l’objet d’une conférence spécifique dans le cadre de ce Forum», a-t-il rappelé. Évoquant les entreprises marocaines qui se sont installées en France, Mohamed El Kettani, président d’Attijariwafa bank, a affirmé que cela fait partie du Business Model de sa banque. Installée dans l’Hexagone depuis 2006, AWB a développée un réseau de 70 agences en Europe, dont 41 en France. Au cours de ces quatre dernières années, souligne Mohamed El Kettani, Attijariwafa bank a fait des investissements massifs dans cette région, quelque 40 millions d’euros dans les SI, le marketing et les ressources humaines. La Banque compte ainsi un effectif en Europe de 380 personnes, dont 245 en France.
En tant que vice-président du Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM), M. Kettani a insisté sur le rôle du secteur bancaire marocain comme vecteur agissant de la colocalisation Nord-Sud, mais aussi, Sud-Nord. «Le projet Renault Tanger Med a permis à Renault de développer ses ventes à bas coûts en Europe tout en s’appuyant sur un faisceau d’équipementiers et de sous-traitants locaux implantés dans la zone industrielle de Tanger. Ces investissements ont été intégralement financés par des banques marocaines». Dans ce cadre, le haut responsable a mis l’accent sur l’importance de la colocalisation qui devrait, selon lui, être appréhendée également dans le sens Maroc-France et dans une direction commune vers l’Afrique subsaharienne.
